La biodiversité ordinaire ne l’est pas toujours tant que ça quand on y regarde de près. Parfois, ce que l’on croit connaître d’une espèce n’est issu que de vagues a priori, et il suffit de se demander ce que l’on sait pour se rendre compte que l’on ne sait rien… ou si peu. Parlons donc biodiversité ordinaire pour éviter qu’elle ne décline à son tour avec le macareux moine.
Généralités sur le macareux moine
Du haut de ses couleurs dignes d’un grand peintre, le macareux moine (Fratercula arctica) est un oiseau marin de haute mer qui a une espérance de vie de 15 à 20 ans.
Étrangement, ce n’est pas un oiseau réputé pour la qualité de son vol mais plus pour sa capacité à survivre en mer, pouvant jeûner plusieurs jours quand il traverse des tempêtes.
Ne pondant qu’un seul oeuf, le couple dépose celui-ci dans un terrier pouvant descendre jusqu’à plus d’un mètre de profondeur, dans un nid composé d’algues, de plumes et d’herbes pour rendre le tout douillet.
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Particularités du macareux moine
Le macareux moine est une espèce grégaire (qui vit en groupe) durant 4 mois, au moment de la reproduction. Il forme alors des colonies pouvant aller jusqu’à 2 millions de couples comme par exemple en Islande.
Mais le reste du temps cet oiseau est un animal pélagique au sens premier du terme : il ne vit qu’en mer. Toute sa morphologie est faite pour ce mode de vie, notamment des plumes particulièrement étanches qui lui assurent une belle flottabilité.
Chassant également en mer, le macareux moine se lance sous l’eau où il attrape principalement de petits poissons en tous genres qu’il mange directement sous l’eau, sauf quand il chasse pour nourrir son seul et unique oisillon, issu d’un accouplement qui a eu lieu… en mer lui aussi !
Statut actuel de l’espèce
Sur la liste rouge de l’Union Internationale de la Conservation de la Nature (UICN) et classé comme « vulnérable », cette même organisation le classe « en danger » sur le territoire européen. En France, le macareux moine est classé « en danger critique d’extinction » sur la Liste rouge des oiseaux nicheurs.
Les menaces qui planent sur le macareux moine
En France il ne reste plus que 240 à 280 couples nicheurs là où il y en avait plus de 10.000 en 1950. En France comme ailleurs, les macareux moines font face aux mêmes menaces.
La pollution lumineuse
Les macareux moines sont des oiseaux que la lumière influence tout particulièrement quand ils sont jeunes au sortir du nid, un peu à l’image du crabe tourteau dans la famille crustacés.
À peine sortis du terrier les jeunes se dirigent instinctivement vers la côte et les habitations où ils ne trouveront que la mort… Seuls ceux qui vont s’orienter vers le large où la lumière des étoiles et de la lune se réverbère sur l’eau survivront.
La pollution aux hydrocarbures
Les différentes marées noires ont fait un tort colossal à ces oiseaux qui ont pour habitude de se poser sur l’eau pour se reposer avec les conséquences que l’on imagine.
Il en va malheureusement de même avec les dégazages qui ont les mêmes conséquences sur ces oiseaux dont l’étanchéité des plumes est essentielle à la survie.
La surpêche
Comme pour tous les animaux, une fois qu’une partie de la chaîne alimentaire est déstabilisée, les difficultés commencent. Pour le macareux moine, la surpêche a ainsi largement diminué sa capacité à trouver de la nourriture surtout en période d’élevage des jeunes où il doit trouver de quoi nourrir sa progéniture.
Les filets de pêche dérivants
On aurait envie de dire que tout est dans le titre… Des filets fantômes, perdus ou abandonnés parce que trop dégradés sont des pièges mortels pour les macareux moines qui s’y enchevêtrent et ne peuvent plus en sortir d’eux-mêmes.
Conditions climatiques
Les macareux moines sont très sensibles aux conditions climatiques pour ce qui est de leur reproduction, la date de ponte s’établissant par exemple en fonction des températures.
Les conditions climatiques planétaires évoluant désormais dramatiquement, la question de l’impact du phénomène sur les populations de macareux est entière car on sait d’ores et déjà qu’ils y sont sensibles.
Comment aider le macareux moine
Comme pour toute la biodiversité, ordinaire ou non, participer à son observation, transmettre ces connaissances notamment aux jeunes publics et soutenir les associations de protection de la faune sauvage et tous les organismes qui oeuvrent, sont des gestes essentiels.
Dans le cas précis du macareux moine, il s’agit surtout de vous tourner vers la LPO (Ligue de Protection des oiseaux) qui est littéralement né de la protection de cet oiseau en 1912. Pour la LPO, la protection de cet oiseau est un fondamental, au point qu’ils en ont utilisé l’image dans leur logo.
La connaissance est une des clefs de la sauvegarde des espèces mais c’est une clef à partager car, moins nous serons nombreux à être ignares, moins nous laisserons passer des choses qui peuvent détruire des espèces et des écosystèmes entiers.
Evidemment pas un mot sur la prédation des adultes par les goélands marins proliférant et toujours protégés (sauf en ville) ou la prédation des nids par les rats