Des canards enfermés dans des cages étroites, blessés par le sol en métal, évoluant sur une couche de 15 cm d’excréments dans le bâtiment qui rend l’air irrespirable… telle est la scène qu’ont filmée les militants de l’association L214 dans un élevage de canards à Lichos (Pyrénées-Atlantiques).
Des canards encore vivants au milieu de cadavres et d’excréments
La préfecture des Pyrénées-Atlantiques a prononcé l’interdiction immédiate d’exploiter le bâtiment mis en cause par l’association L214 au sein d’un élevage de canards situé sur la commune de Lichos, jusqu’à sa remise aux normes.
Les canards qui y étaient détenus ont été mis à l’abri ailleurs sur l’exploitation. Insuffisant, estime l’association L214, qui espérait la fermeture totale de cet établissement… et estime inacceptable « de laisser ces oiseaux entre les mains des responsables de cette situation désastreuse et de laisser ces derniers poursuivre leur activité »
Le 19 août 2020, les militants de l’association L214 se sont en effets introduits dans cet élevage de canards, dont le couvoir fournit des élevages à l’indication géographique protégée (IGP) « Canard à foie gras du Sud-Ouest », pour y filmer les conditions épouvantables dans lesquelles les animaux étaient détenus.
Attention, ces images sont difficiles
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« Dans des cages défoncées, aux côtés de cadavres de canards en décomposition, des canards en souffrance extrême tentent de survivre. Le sol de l’élevage est recouvert d’une épaisse couche de déjections. Rats, asticots et insectes se multiplient », avaient-ils constaté.
En plus, selon les militants, le flot d’excréments se déversait à l’extérieur, risquant de polluer le Saison, un cours d’eau classé Natura 2000.
Une enquête a été ouverte pour « délit envers les animaux en captivité »
Les services de l’État ont été très rapides à réagir. Dès la publication de l’enquête, le 19 août 2020, le ministère de l’Agriculture a demandé à la préfecture de diligenter une enquête complète de l’état de l’exploitation.
Une première visite, effectuée par des agents de la préfecture le jour même, a permis de confirmer quelques-uns des manquements à la réglementation. Et dès le lendemain matin, un vétérinaire a visité l’exploitation pour « examiner l’état des animaux et prendre les mesures de sauvegarde nécessaires ». Une procédure judiciaire a par ailleurs été ouverte pour des « délits envers les animaux en captivité ».
Une équipe de la police de l’eau et des agents de l’Office français de la biodiversité se sont quant à eux attelés à la levée de doute quant au risque de pollution. Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a assuré suivre la situation de près.
Ces révélations ne sont pas les premières que l’association L214 fait dans un élevage de canards. En décembre 2019, elle avait déjà fait éclater l’affaire du couvoir de La Peyrouse, qui laissait agoniser des milliers de canetons femelles dans les poubelles, pratique absolument interdite.
« Ces graves situations, coup sur coup, laissent penser que les carences des contrôles dans ce secteur sont importantes », estime l’association, qui a porté plainte contre cet élevage pour cruauté envers des animaux et abandon.
(1/3) Dès que j’ai eu connaissance de la situation dans l’élevage en Pyrénées-Atlantiques, j’ai immédiatement diligenté une enquête, complétée par une visite vétérinaire. Une mise en demeure de l’exploitation va être prononcée pouvant conduire à la suspension. pic.twitter.com/BypWyLJDPR
— Julien Denormandie (@J_Denormandie) August 19, 2020
Pour Julien Denormandie, l’objectif des contrôles est justement de protéger les animaux, mais aussi faire en sorte que « ces dérives inacceptables, mais isolées et individuelles, ne jettent pas le discrédit sur toute une profession à laquelle j’assure mon soutien et ma confiance ».
Il rappelle cependant que « seules les autorités compétentes sont habilitées par le droit à effectuer des contrôles au sein de propriétés et exploitation privées » : un message pour tous les lanceurs d’alerte et les associations… Pourtant, c’est bien grâce à eux qu’on se rend désormais compte que les services de l’État ne remplissent pas leur mission en matière de maltraitance animale dans certains élevages. Selon L214, c’est « probablement parce que, concernant la condition animale, l’objectif fixé par les services de l’État est d’inspecter les élevages 1 fois tous les… 100 ans ! »
Pour en savoir plus et signer la pétition pour la fermeture de cet élevage, c’est ici
Illustration bannière : 82 millions de canetons naissent en couvoir chaque année. Les canettes sont éliminées et les canards sont gavés (37 millions par an) © Bildagentur Zoonar GmbH
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