Les manchots Adélie sont des animaux que les hausses de températures impactent directement, non seulement parce que leur milieu de vie est majoritairement constitué de glace, mais aussi parce que les températures ambiantes et les précipitations peuvent leur rendre la vie très dure.
Des colonies entières décimées par deux fois ! Qu’est-il arrivé aux manchots Adélie ?
Une étude archéologique de l’université de sciences et technologie de Chine à Hefei, publiée fin août, a permis de mettre en lumière le passé des manchots de l’Antarctique. C’est en étudiant 14 carcasses de manchots momifiés conservés dans la glace et en croisant les informations avec l’analyse des sédiments sur place, que les chercheurs ont pu déterminer plus clairement les causes de leur mort(1).
Le manchot Adélie n’est pas une espèce en danger (classée en « préoccupation mineure ») avec 250 colonies actuellement connues. Une « supercolonie » a même été découverte en début d’année qui compte environ 1.5 millions d’individus !
Previously Unknown « Supercolony » of Adelie Penguins Discovered in Antarctica from Woods Hole Oceanographic Inst. on Vimeo.
Une raison pour ne pas anticiper sa protection ? Certainement pas…
Et les résultats sont étonnants ! Il s’avère que ces manchots sont morts massivement par colonies entières, et ce à deux moments différents de l’Histoire. Le premier il y a environ 750 ans et le second il y a 200 ans.
Une histoire sans fin ?
Si l‘étude des manchots n’est pas chose aisée et demande beaucoup de doigté pour ne pas faire de dégâts, celle de momies de manchots Adélie (Pygoscelis adeliae) est moins risquée.
C’est ainsi que l’on a découvert que ce sont plusieurs phénomènes climatiques qui les ont fait disparaître avec à la fois de forts épisodes pluvieux et de forts épisodes neigeux.
L’étude des manchots d’Adélie : retour vers le futur
Du fait du réchauffement climatique, les conditions météorologiques en Antarctique se rapprochent de plus en plus de celles qui ont eu cours il y a 750 et 200 ans avec de fortes précipitations et des « anomalies climatiques extrêmes ».
Ces phénomènes climatiques rendent particulièrement difficile l’élevage des petits et augmentent fortement leur taux de mortalité. Une colonie de 3.4000 couples de manchots suivis lors des pluies et chutes de neige incessantes de la saison de reproduction 2013-2014 l’a prouvé avec un taux de mortalité des jeunes qui a atteint les 100 %.
Ce vendredi 2 novembre marque le dernier jour des négociations de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) qui se tient à Hobart en Australie. Cette 27e conférence n’aboutira certainement pas (une fois de plus au grand dam des associations de protection de l’environnement et de l’opinion publique(2)) sur une avancée quelconque vers la création de nouvelles zones protégées : Russes et Chinois y font obstacle afin de poursuivre l’exploitation du krill dans les eaux australes(3)…
Il y a donc fort à parier que (d’ici peu) les manchots Adélie qui ont déjà connu de sévères pertes par le passé, et ce au point de parler d’hécatombe, risquent de devoir de nouveau faire face à la même menace.
Illustration bannière : Les manchots d’Adélie ne sont pas (encore) menacés – © robert mcgillivray
- https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1029/2018JG004550 et https://www.livescience.com/63525-penguin-mummies-antarctica.html
- https://www.greenpeace.fr/deux-millions-de-voix-protection-de-lantarctique/
- https://abonnes.lemonde.fr/biodiversite/article/2018/11/01/dans-l-antarctique-plus-question-de-nouvelles-aires-protegees_5377661_1652692.html