« Pour éviter d’être malade, il ne faut pas manger moins de sucre, ou plus de fibres, ou moins de gras… Il faut manger vrai, à savoir de la vraie nourriture, des aliments naturels, peu transformés ! » assène le docteur Anthony Fardet, chargé de recherche en alimentation préventive et holistique. Dans son dernier livre, « mangeons vrai » il met les aliments ultra-transformés au banc des accusés.
Mangeons vrai : les aliments ultra-transformés au banc des accusés
Anthony Fardet est l’un des spécialistes mondiaux de cette nouvelle approche de la nutrition, qui prône le respect de l’aliment, de l’animal et de la planète. Son livre, sorti récemment aux Éditions Thierry Souccar, développe une thèse qui va à l’encontre des recommandations nutritionnelles actuelles : « On ne pourra pas lutter efficacement contre les maladies chroniques de civilisation – on devrait dire d’industrialisation -, en s’intéressant uniquement à la composition nutritionnelle des aliments. Cette approche, qui considère les aliments comme une simple addition de nutriments (lipides, fibres, minéraux, vitamines…) nous induit en erreur : elle conduit à réduire le potentiel santé d’un aliment à un ou deux de ses nutriments ; comme si tout le potentiel santé d’une orange était dû à la vitamine C ou celui du lait au calcium. C’est absurde ! »
Un aliment est un tout
Selon lui, c’est le degré de transformation qui doit d’abord être pris en compte. Car « l’aliment est plus que la somme de ses nutriments : c’est un tout. »
Cet ensemble de nutriments, qui agissent en synergie dans l’organisme, est modifié par l’intervention de l’homme, via les quantités ingérées, mais aussi via la transformation. Or, pour Anthony Fardet, c’est bien simple : plus un aliment s’approche de son apparence originelle, plus il est correct du point de vue dététique. « Un fruit consommé entier est plus bénéfique pour la santé qu’en compote ou en jus » explique-t-il, s’insurgeant contre « l’approche réductionniste actuelle qui ne considère l’aliment que comme une somme de calories et de nutriments sans liens entre eux ». Voilà pourquoi, selon lui, les aliments ultra-transformés (au demeurant, peu rassasiants) sont les principaux responsables de nos problèmes de santé.
Mais comment les reconnaître ?
C’est assez simple : il s’agit de « formulations industrielles de cinq ingrédients ou plus » : sel, sucre, graisses, caséines, lactose, gluten, protéines hydrolysées, maltodextrine, amidons, additifs…
Cinq ingrédients… ou plus
Les coupables se trouvent dans les rayons de nos supermarchés, un peu partout, et jusqu’à 93 % dans certains rayons : petit-déjeuner, produits frais, goûter… Et même, ce qui peut paraître plus surprenant, diététique !
Pour les besoins du livre, des journalistes de LaNutrition.fr ont en effet évalué la part des aliments ultra-transformés dans ces rayons.
Au rayon petit-déjeuner
Sur 424 produits répertoriés (hors pâte à tartiner, confitures et miels), 27 seulement sont peu ou moyennement transformés. Quant aux pains de mie, bourrés d’acides gras, conservateurs, stabilisants, huile de colza, huile de palme, agent de traitement de la farine… ils entrent tous dans la catégorie des produits ultra-transformés. Idem pour la grande majorité des céréales proposés pour les adultes ou les enfants, ainsi que pour les biscuits de petit déjeuner.
Au rayon diététique
Sur 137 produits répertoriés (hors compléments alimentaires), seuls 26 sont peu ou moyennement transformés. Les produits sans gluten, notamment, se révèlent chargés d’additifs (36 sur 40 sont ultra-transformés) : émulsifiants, épaississants, sont plus nombreux que dans les produits équivalents à base de blé, car ils sont chargés de compenser justement l’absence de gluten et d’améliorer la texture du produit final.
Quant aux barres minceur, 17 sur 17 analysées étaient un modèle d’ultra-transformation : protéines de lait, de lactosérum, de blé, lait en poudre, émulsifiants, édulcorants, agents de charge…
Trois règles d’or pour manger vrai
Selon Anthony Fardet, il est urgent de revenir aux fondamentaux en mangeant vrai, pour gagner des années d’espérance de vie en bonne santé… Mais aussi pour préserver la biodiversité (animale, végétale) et l’environnement.
Pour y parvenir, il donne trois règles d’or d’une alimentation saine, intégrant la « chasse » aux produits ultra-transformés :
- Au minimum 85 % de produits végétaux, au maximum 15 % de produits animaux .
- Limiter les produits ultra-transformés à 330 kcal /jour maximum pour un adulte .
- Diversifier son alimentation et manger bio, local, de saison.
Et pour mieux suivre la règle numéro 2, l’auteur présente dans son livre la classification internationale NOVA, qui comporte 4 groupes :
- Groupe 1 : Les aliments bruts ou peu transformés (fruits et légumes frais ou congelés, céréales entières, …)
- Groupe 2 : Les ingrédients culinaires (huiles végétales, vinaigres, sels…)
- Groupe 3 : Les aliments transformés (fruits au sirop, légumes en conserve, fromages, pain, frites …)
- Groupe 4 : Les aliments ultra-transformés (margarines, saucisses, chips, pains de mie, yaourts aux fruits, céréales du petit déjeuner, cordon bleu prêt à consommer, nuggets…)
Vous l’aurez compris, l’idéal est de privilégier le groupe 1…et de transformer les aliments bruts soi-même, en utilisant (modérément) les produits du groupe 2. Soyez raisonnable avec les aliments du groupe 3… Et évitez au plus possible ceux du 4 !
Une bonne astuce donnée par l’auteur : avant d’acheter un produit, comptez le nombre d’ingrédients présents sur l’étiquette (y compris les additifs). Au-delà de 5, il s’agit d’un produit ultra-transformé… souvent présenté dans un emballage très coloré et très attractif. Ne tombez pas dans le piège !
Mangeons vrai ! Halte aux aliments ultra-transformés. Éditions Thierry Souccar. 19,90 euros