Vers une concurrence entre le « consommer bio » et le « consommer local » ?
Pour Elisabeth Pastore-Reiss, du cabinet Ethicity, le consommateur ferait un arbitrage en fonction des produits et de ses aspirations « il y a une vraie concurrence concernant les fruits et légumes car proximité signifie « plus de fraîcheur » pour les consommateurs. Mais pour des produits tels que le lait, les yaourts ou les oeufs l’argument bio me semble plus fort. Quant aux volailles, la concurrence vient plutôt d’autres labels, tel le « label rouge », que du local ».
Certains voient dans le « consommer local » une potentielle «menace» économique pour le développement du marché bio. Mais l’impact des produits issus des circuits courts sur la consommation de produits bio est encore limité.
Leur chiffre d’affaires avoisinerait les 2,5 milliards d’euros, sans possibilité d’expansion rapide en raison des contraintes d’approvisionnement des grandes villes. En revanche, celui du bio était estimé à 4 milliards d’euros en 2011.
Cependant, le baromètre de l’Agence bio précise que parmi les éléments qui inciteraient le consommateur à aller vers des produits bio, avoir accès à des produits bio régionaux ou locaux serait largement plébiscité par les sondés (88 %). En attendant, le bio industriel est en plein essor malgré les ambiguïtés et les fausses promesses de son modèle.
Le mouvement local constitue donc une véritable opportunité de développement pour le bio.
Pour autant, il semblerait qu’à ce jour, il n’y ait pas de réelle concurrence entre le « consommer bio » et le « consommer local ». Ainsi, il est seulement question de savoir équilibrer sa consommation, de façon à privilégier les aliments locaux lorsque cela est possible.
Consommer local, pas toujours possible
Certains produits bio ne sont pas disponibles à côté de chez nous : c’est le cas pour certains produits comme les bananes, le cacao ou encore le café, qui ne poussent pas sur l’hexagone et sur lesquels on ne peut hélas pas faire l’impasse sur l’importation.
Qui plus est, il y a un frein structurel important au développement du « bio made in France » : seulement 4 % des surfaces cultivables sont bio en France. Il est donc impossible de répondre à toutes les demandes d’approvisionnement.
35,3 % des produits bio consommés en France en 2010 par exemple, ont été importés.
– Parfois, les fruits bio importés sont moins chers mais il faut savoir que les normes de production biologique européennes sont moins restrictives que les normes françaises, notamment sur l’usage des produits phytosanitaires.
Mais au-delà des produits exotiques qui ne peuvent être produits par l’hexagone, on constate que 49 % des importations correspondent à des denrées que la France elle-même est capable de produire. Mais n’ayant pas les volumes conjoncturels nécessaires, elle est obligée d’importer. Cette tendance cherche déjà à être inversée et des filières tentent de se développer.
La FNAB (Fédération Nationale d’Agriculture Biologique) par exemple, a lancé une campagne destinée à soutenir le secteur stratégique de la restauration collective sur la thématique « bio et local, c’est l’idéal ».
Alain Delangle, membre du bureau de la FNAB affirme que « Tous les maires veulent faire leur agenda 21 et dire qu’ils s’approvisionnent en local. Avec les échéances politiques, ils veulent des résultats rapides et comme il y a moins de producteurs en bio qu’en conventionnel c’est une vraie concurrence pour nous alors que nous avons besoin de ce secteur pour structurer les filières bio et développer les surfaces en France ».
De fait, le bio se développe pile dans l’aspiration croissante à redonner de la place, à revaloriser les territoires comme horizon économique naturel.
Tout est question de bon sens et il ne faut pas tomber dans la facilité des idées reçues et penser que l’importation lointaine d’un produit bio annule forcément son intérêt écologique. Non, car en effet, l’impact d’un produit sur l’environnement dépend de son mode de culture. Ainsi, selon une étude menée conjointement par l’Ademe et Bio Intelligence service, la culture sous serre chauffée consomme 10 à 110 fois plus d’énergie que la culture à ciel ouvert. L’exemple des fleurs importées le montre clairement.
Encore du chemin à parcourir
La France espère atteindre 20 % de surfaces en bio d’ici à 2020. En attendant, il faut faire preuve de patience et tenir compte de la pénurie de matières premières « bio » en France et en Europe.
Même si les surfaces cultivées et le nombre de fermes bio sont en forte croissance, il n’en reste pas moins que la demande est encore largement supérieure à l’offre. Il faut donc encore compter sur les importations.
L’objectif d’une production bio 100 % locale est encore au stade de ses balbutiements et reste l’idéal à atteindre pour le futur !
Paroles de locavores BIO
Suivez vos convictions, à vous de choisir…si vous voulez devenir locavore comme Raphaëlle, Claude et Adeline.
Raphaëlle, 27 ans
« Je privilégie le local pour plusieurs raisons : limiter le transport des denrées que je consomme, afin de lutter contre les gaz à effet de serre et les bouleversements climatiques et pour préserver l’agriculture locale, en favorisant la création d’emploi dans ma région.
En plus, cela permet de tisser des liens avec les producteurs locaux, de mieux comprendre leur métier et d’avoir une meilleure garantie sur les produits car on sait dans quelles conditions ils sont élaborés. Enfin, c’est mieux que les grandes surfaces car on a de meilleurs produits, à un prix abordable, avec plus de convivialité et moins de stress en prime ! »
Claude, 59 ans
« Depuis une dizaine d’année, j’ai changé ma façon de manger. J’ai choisi de privilégier une alimentation plus saine et d’aller à la rencontre des producteurs autour de chez moi. Pour la viande, les légumes, le fromage, le miel etc.
C’est parfois plus compliqué et plus chronophage que de remplir son chariot en supermarché mais le jeu en vaut la chandelle ! Mes produits, pour la plupart, sont certifiés bio et leur goût n’a rien à voir avec ceux des grandes surfaces. »
Adeline, 23 ans
« Pour moi, ce n’est pas facile de consommer bio et local. Le plus souvent, quand je veux manger bio, je vais chez biocoop. Cela me permet de gérer mon budget et de gagner du temps. Mais parfois, quand je le peux, je vais faire un tour dans l’arrière-pays et je m’arrête acheter du miel biologique à des petits producteurs locaux ».
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Sur l’impact des produits bio :
- Idée reçue : les produits bio sont forcément écologiques
- L’impact écologique du transport aérien
- Les statistiques alimentation avec le Planetoscope
- Savoir utiliser les mycorhizes pour votre jardin…
- 5 bonnes raisons d’acheter local
- Fiches pratiques : manger de saison chaque mois
- Annuaire des AMAP
- La fin des magasins bio traditionnels ?
« Qui plus est, il y a un frein structurel important au développement du « bio made in France » : seulement 4% des surfaces cultivables sont bio en France. Il est donc impossible de répondre à toutes les demandes d’approvisionnement. »
Cette phrase est bizarre. Si tous les consommateurs privilégiaient vraiment le local, au contraire les surfaces bio française auraient tendance à augmenter. Ce serait donc un potentiel d’accroissement pour le bio français. A mon avis, le problème est aussi financier : le bio local est souvent plus cher que le bio lointain. Il suffit de voir les produits bio en vrac (moins cher) : haricots blancs et rouges d’amérique du sud (on en fait dans le sud-ouest!), sarrasin chinois (bretagne!), pois cassés canadiens…. Et bien sûr l’autre problème est que l’acheteur, même motivé, a rarement le temps de se farcir toutes les étiquettes, où la provenance est écrite en très, très, très petit, même sur les marques bio les plus réputées…. :-S
Bonjour
En tant que vraie productrice bio,je pense que nous ne pouvons pas nous développer si le bio-industriel se fait passer pour ce qu’il n’est pas.
Je suis en grève de production depuis 2012 car je vois que l’augmentation des installations agricoles bio se traduit par la paupérisation des vrais producteurs bio qui cultivent réellement comme l’imaginent les Français en achetant du bio dans les supermarchés.Nous servons de vitrine pour les pratiques et les industriels servent de mercuriale pour les prix.Impossible pour moi de tenir à moins d’être maso ou de trouver des consommateurs qui comprennent mon travail.
J’ai (avec mon mari et 3 consommateurs)monté le réseau AMAP Midi Pyrénées en 2003 mais les consom’acteurs deviennent des consommateurs qui ne viennent même plus voir sur place ce que l’on fait et comparent systématiquement nos prix avec ceux des supermarchés aux prix promo.A 45 ans,je vais tenter de faire une école d’infirmière car pas de travail en campagne et une ferme isolée sur les bras.Je fais tjrs partie des statistiques agri bio mais je ne produis presque plus rien (10 ha de céréales sur 28 ha)arrêt des 100 paniers de légumes, arrêt et don de mes porcs noirs.
Au RSA activité nous avons les mêmes revenus qu\’avant quand on bossait 70h par semaine,alors…bon courage aux nouveaux installés!
Elodie Wurtz
Quel témoignage !
Cela me rappelle les 30 dernières années où les agriculteurs qui avaient de petites surfaces se sont peu à peu éteints… leurs enfants ont fuit les fermes où la vie et les revenus n’étaient pas réjouissants…
La grande distribution étouffera tout le monde si on n’ouvre pas les yeux.
Dommage pour les consommateurs des 100 paniers, ils mangeront peut être plus cher et moins bien assurément.
Bonne suite à vous.
Une consommatrice de bio produit par une asso de réinsertion en Bigorre.
Les kiwis poussent très bien dans le sud de la France ,et son excellents
Aller « faire son marché » en plein air toute l’année ,je le fais depuis
50 ans! et vraiment on voit bien l’installation du bio,alors un peu de
bon sens et vous verrez que cela ne coûte pas plus cher,car tout est consommable,BEAUCOUP moins de déchets et que de découvertes humaine et
gustative .Bref que du bonheur de faire ce choix.