L’explosion du marché noir des grands singes d’Afrique : entre indifférence et impuissance

L’Afrique, berceau de l’humanité, se voit dépouillée de ses plus nobles enfants. Leurs cris s’évanouissent dans les forêts tandis qu’ils sont enlevés à leur habitat naturel pour devenir des objets de commerce. Les grands singes d’Afrique font face à une menace alarmante : le commerce illégal de ces créatures fascinantes est en plein essor.

Rédigé par Stéphanie Haerts, le 20 May 2023, à 18 h 15 min
L’explosion du marché noir des grands singes d’Afrique : entre indifférence et impuissance
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Imaginez des êtres qui partagent avec nous plus de 98 % de leur ADN, capturés, emballés et vendus au plus offrant. Ces êtres sont les grands singes d’Afrique, et ils sont la proie d’un marché noir qui prolifère dans l’indifférence quasi générale. Un gorillon peut être vendu jusqu’à 500.000 euros – un chiffre qui met en évidence l’ampleur de la crise.

Un marché souterrain en plein essor

Le commerce illégal des grands singes d’Afrique s’intensifie, notamment en Chine, au Moyen-Orient et au Pakistan, où la demande est en constante hausse. Selon un nouveau rapport de la Global Initiative Against Transnational Organized Crime, ces créatures sont de plus en plus convoitées par les zoos et les particuliers, souvent pour être utilisées comme animaux de compagnie. Ce problème a largement échappé à l’attention de la plupart des organisations dédiées à la protection de ces espèces.

La multiplication des annonces de vente de bébés singes sur WhatsApp et les réseaux sociaux a été dévoilée par Daniel Stiles, enquêteur indépendant et auteur du rapport. Le prix des primates a quadruplé en l’espace de 10 ans. Cette augmentation déconcertante donne une idée de l’ampleur de ce marché souterrain. Les pays où se déroule ce commerce illicite doivent être encouragés et soutenus dans leurs efforts pour éradiquer cette pratique.  Comme le souligne Daniel Stiles dans le National Geographic, « Si la communauté internationale ne commence pas à prendre sérieusement la question du trafic des grands singes, celui-ci continuera de se développer et de menacer la survie de nos cousins les plus proches ».

Des sanctuaires débordés et un manque d’action

L’augmentation du commerce illégal des grands singes n’a pas seulement un impact sur la faune, elle a également des répercussions sur les structures qui se battent pour la protection de ces animaux. Les sanctuaires agréés par la Pan African Sanctuary Alliance (PASA) accueillent un nombre croissant de jeunes grands singes, signe indéniable de l’escalade de la demande. Cependant, ces refuges sont souvent à leur capacité maximale et souffrent d’un manque cruel de financement.
La bureaucratie et l’inaction des organisations internationales peuvent également être mises en cause. Comme l’explique Doug Cress, ancien directeur du Partenariat pour la survie des grands singes (GRASP) dans le National Geographic : « J’en avais assez de me battre avec la bureaucratie ». Une déclaration qui souligne la complexité du problème et la nécessité d’une mobilisation internationale pour le combattre.

Vétérinaire à Chimfunshi Wildlife Orphanage, Thalita Calvi, porte un chimpanzé sauvé. @ pasa.org

Vers une solution internationale ?

La solution à ce commerce illégal réside dans une action concertée à l’échelle mondiale. Cependant, la lutte contre ce fléau se heurte à de nombreux obstacles, notamment l’indifférence des organismes internationaux. « Les décideurs politiques internationaux, les organisations de conservation et les gouvernements donateurs n’ont pas conscience de l’étendue stupéfiante du commerce illégal des grands singes d’Afrique », a déclaré Iris Ho de la Pan African Sanctuary Alliance, soulignant l’ampleur du problème. Il s’agit non seulement de mettre fin au trafic, mais aussi de travailler à la restauration des habitats naturels des grands singes et de fournir un soutien durable aux sanctuaires qui recueillent les animaux victimes de ce commerce. Les organismes de protection de la faune doivent s’engager à fond dans ce combat, soutenus par des politiques publiques fortes et une volonté réelle de la communauté internationale.

Cela implique également une sensibilisation accrue. La majorité des acheteurs, en effet, ignorent souvent l’ampleur des dégâts causés par ce commerce. Ils ne voient que l’animal de compagnie ou le spécimen de zoo, sans réaliser que chaque singe vendu représente des dizaines d’autres qui sont morts pendant la capture ou le transport. La sensibilisation doit atteindre ces personnes et les inciter à refuser de participer à ce commerce.

Enfin, il est impératif de renforcer les réglementations et leur application. Les organisations internationales comme la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) doivent travailler en collaboration avec les gouvernements locaux pour veiller à l’application des lois. Avec un effort concerté et une volonté partagée, le combat contre le commerce illégal des grands singes d’Afrique n’est pas une cause perdue. C’est une bataille que nous pouvons – et devons – gagner, pour le bien des singes et pour le bien de notre planète.

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Rédactrice dans la finance, l'économie depuis 2010 et l'environnement. Après un Master en Journalisme, Stéphanie écrit pour plusieurs sites dont Economie...

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