Les Calanques, joyau naturel du littoral méditerranéen, ont longtemps été les témoins silencieux d’une industrialisation agressive. Après des décennies de pollution et d’inaction, la justice française vient de rendre une décision historique, imposant à l’État et à plusieurs acteurs privés de procéder à la dépollution complète de 29 hectares entre Mont Rose, Callelongue et la Madrague de Montredon. Ce verdict marque une avancée majeure pour la préservation de l’environnement et l’intégrité écologique de cette région emblématique.
Un lourd héritage industriel des Calanques de Marseille
Derrière l’image idyllique des eaux turquoise et des falaises calcaires, les Calanques portent les stigmates d’un passé industriel qui remonte au XIXᵉ siècle. Cette zone, alors peu habitée, a accueilli des usines produisant de la soude, du plomb, de l’acide tartrique et d’autres produits chimiques essentiels à l’économie locale. Ces activités, florissantes jusqu’au milieu du XXᵉ siècle, ont généré des résidus hautement toxiques, déposés directement sur les sols ou à proximité des littoraux.
L’usine Legré-Mante, fermée en 2009, en est le symbole le plus visible. Elle laisse derrière elle un terrain saturé de métaux lourds, de scories et de résidus dangereux qui continuent de contaminer les sols et les eaux. En dépit de multiples alertes, notamment des riverains et des associations locales, les mesures de dépollution se sont longtemps limitées à des actions ponctuelles et insuffisantes.
La décision judiciaire : l’État devra dépolluer
Saisi par des associations environnementales et des riverains exaspérés, le tribunal administratif de Marseille a enfin pris une position ferme le 16 décembre 2024. Le verdict impose :
- À l’État : de dépolluer intégralement les terrains d’ici 2028, sous peine de sanctions.
- Aux propriétaires privés : d’engager des travaux immédiats pour sécuriser les sites contaminés, notamment celui de la Madrague.
Le budget estimé pour ces travaux, actuellement fixé à 14 millions d’euros, semble toutefois en décalage avec l’ampleur des opérations nécessaires. Les experts estiment que les coûts pourraient largement dépasser cette enveloppe. Les substances toxiques, comme le plomb et l’arsenic, sont profondément incrustées dans les sols, parfois même utilisées dans la construction des infrastructures locales. Les solutions envisagées, allant du confinement des déchets sous du béton à leur extraction partielle, doivent répondre à des contraintes réglementaires strictes. En effet, la zone est classée Parc national et inscrite dans le réseau Natura 2000, protégeant une biodiversité riche et fragile.
Les travaux seront conduits en deux phases entre 2026 et 2027, avec un calendrier adapté pour limiter les impacts sur les écosystèmes locaux, notamment la reproduction des espèces. Cependant, des inquiétudes subsistent quant à l’efficacité des techniques de confinement face aux effets du changement climatique, comme l’érosion et la montée des eaux.
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