Martinet noir ou « Apus apus », signifie « sans pied » pour la simple et bonne raison qu’il est tellement peu au sol que non seulement il y est totalement inadapté, mais qu’en plus ses pattes se sont littéralement atrophiées. Découvrons ensemble une espèce souvent confondue avec les hirondelles mais qui a bien sa place bien à elle.
Le martinet noir, un oiseau strictement aérien !
Avec 25 cm de long et environ 45 cm d’envergure, le martinet noir se distingue en cela des hirondelles qui sont bien plus petites et qui n’ont pas les ailes aussi arquées.
Le martinet noir a une longévité de 6 à 10 ans avec un record à 21 ans, durée de vie pendant laquelle il se nourrira d’à peu près tous les insectes en vol.
Originellement cavernicole, il est devenu un citadin à part entière et ne fréquente plus que les milieux urbanisés où il ne construit pas de nid mais cherche un endroit adéquat pour nidifier : anfractuosités et trous divers à plus de cinq mètres de hauteur seront du pain béni pour lui.
Particularités du martinet noir
Cet oiseau est taillé pour le vol. Sa capacité à voler entre les bâtiments en évitant même les voitures sans souci est tout bonnement spectaculaire dans la mesure où il est en plus capable de faire des pointes à 200 km/h !
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Non content de maîtriser tous les types de vols à des vitesses bien différentes, le martinet noir est aussi capable de freinages improbables. Observer cet oiseau en vol c’est se faire peur pour lui. Ses freinages à l’arrivée du nid sont en cela emblématiques de sa capacité à décélérer à toute vitesse pour se poser là où on aurait été persuadé qu’il allait foncer dans le mur.
Le martinet noir est tellement fait pour le vol que le sol lui est souvent fatal. Ses ailes disproportionnées par rapport à son corps et ses pattes atrophiées rendent en effet très compliqué, voire impossible, un redécollage !
Les jeunes qui s’envolent pour la première fois ne se reposeront sur un lieu de nidification adéquat qu’une fois arrivé à leur maturité à savoir 2 à 4 ans plus tard !
Pour finir, et c’est certainement là le plus fascinant chez cet animal, le martinet noir dort en vol… Et oui, c’est à la fois logique s’il ne se pose pas, mais stupéfiant techniquement. Les martinets noirs montent ainsi en altitude tous les soirs, atteignant les 2.000 m, et se laissent planer toute la nuit pour dormir.
Statut actuel de l’espèce
Le martinet noir est classé en « préoccupation mineure » par l’Union Internationale de la Conservation de la Nature (UICN) mais il y a effectivement préoccupation sur l’espèce avec des déclins localisés importants et des menaces de plus en plus sérieuses.
Les menaces qui planent sur la palourde
Disparition des sites de nidification
Si on met de côté le fait que les nouveaux bâtiments n’offrent quasiment jamais de possibilités de nids pour les martinets noirs, le plus gros problème réside dans la rénovation du bâti.
En effet, la présence avérée ou non de cette espèce n’est pour ainsi dire jamais prise en compte. On peut gager que même les nouvelles aides à la rénovation thermique ne sont pas conditionnées au fait de laisser la possibilité pour ces animaux de venir nicher…
La perte de lieux potentiels de nidification pour les martinets noirs est pourtant la plus conséquente des menaces qui pèsent sur l’espèce.
L’utilisation de pesticides
Encore et toujours les pesticides… à se demander comment il est seulement possible que l’on en utilise encore autant ! Les pesticides ont en effet deux incidences sur les populations de cette espèce.
La première est la diminution du nombre d’insectes et donc de la disponibilité en nourriture ce qui est un vrai problème lors de la période de nourrissage des jeunes qui demandent d’avoir une quantité suffisante en insectes.
La deuxième réside dans les pesticides ainsi ingérés par les oiseaux lors de la consommation d’insectes qui ont, par exemple, polliniser juste avant des plantes recouvertes de produits chimiques.
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Le réchauffement climatique
Les incidences sur les stocks disponibles d’insectes et autres problèmes complexes dus au réchauffement climatique ne sont pas étudiés en relief des menaces qui planent sur les martinets noirs.
On sait cependant que les grosses dépressions océaniques peuvent être mortelles pour des colonies entières de ces oiseaux qui, en migration, risquent de se retrouver pris dans une tempête trop longue. L’épuisement à devoir traverser des dépressions trop fortes ou à répétition est ainsi à prendre en compte à l’avenir et si les effectifs doivent diminuer.
Comment aider le martinet noir
Comme pour toute biodiversité, ordinaire ou non, participer à son observation, transmettre ses connaissances notamment aux jeunes publics et soutenir les associations de protection de la faune sauvage et tous les organismes qui oeuvrent à la préservation des écosystèmes sont essentiels.
Le martinet noir peut faire face à plusieurs menaces, comme on a pu le voir, mais peut aussi se retrouver en situation délicate comme après avoir percuté une surface vitrée ou en étant déshydraté en plein été.
Dans tous les cas n’hésitez pas à contacter des associations spécialisées comme SOS Martinets ou la Ligue de Protection des Oiseaux qui ont à la fois de programmes en cours et qui sont bien au fait des problèmes que peut rencontrer l’espèce, même localement.