Les manchots de Magellan (Spheniscus magellanicus) sont une espèce sud-américaine de « pingouins » que l’on retrouve sur les côtes de la Patagonie et les îles Malouines. En Argentine, la réserve naturelle de Punta Tombo, située en Patagonie côté Atlantique, abrite l’une des plus grandes colonies continentales de manchots de Magellan de la planète, sur quelque 210 hectares de steppe. C’est là que le propriétaire d’un terrain a entrepris de construire une route privée sur un espace où ces animaux sont très nombreux à vivre, se reproduire et circuler, provoquant un véritable massacre parmi ces drôles d’oiseaux !
Massacre de manchots de Magellan – Une réserve naturelle en partie cédée à une famille
« L’irréparable a été commis. » C’est en ces termes que le ministère argentin de l’Environnement et du Développement durable avait qualifié, le 30 novembre 2021, la destruction par écrasement au bulldozer de « centaines de manchots de Magellan », de leurs oeufs et de leurs poussins, dans la réserve naturelle de Punta Tombo, dans la province de Chubut. Par la même occasion, le ministère promettrait de mener une enquête sur les faits.
Une semaine plus tard, l’ampleur du désastre est devenue plus claire : le 8 décembre 2021, le ministère argentin de la Science et des Technologies, qui avait été missionné, en concertation avec le Conseil national de la recherche scientifique et technique, pour estimer l’ampleur des dégâts, a estimé le nombre de manchots de Magellan écrasés à 300, auxquels s’ajoutent 140 de leurs oeufs.
Cette estimation a été réalisée dans le cadre d’une enquête menée après que le ministère de l’Environnement, conjointement avec la Province de Chubut, a porté plainte contre le propriétaire du terrain.
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Punta Tombo est certes une réserve naturelle, il n’empêche que ce terrain en question, qui se trouve en lisière, a été cédé à des particuliers dans les années 1970. La famille propriétaire du terrain n’a cependant pas su préserver la biodiversité ordinaire de cet écosystème unique. Il faut savoir que Punta Tombo se situe sur la côte, les manchots de Magellan, une espèce d’oiseaux très fidèles à leur nid d’une année sur l’autre, y vivent entre la terre et la mer et nichent à proximité de la mer.
Les propriétaires du terrain nient avoir massacré des manchots de Magellan
La famille propriétaire du terrain nie cependant avoir porté préjudice aux manchots de Magellan. Dans un entretien à Agencia Nova, Ricardo La Regina, fils de l’un des propriétaires du terrain, a déclaré : « Il n’y a pas un seul pingouin mort ici, pas plus que la normale au sein de la colonie. Ils meurent parce qu’ils se battent entre eux. En plus, c’est la saison où naissent des petits, et quand ils sont petits, ils sont vulnérables à différents facteurs. La première cause des décès est le manque de nourriture ».
Ayant inspecté le terrain, des agents de la Province de Chubut faisaient savoir, le 30 novembre 2021, que le propriétaire du terrain avait érigé une clôture électrifiée, connectée à un panneau photovoltaïque, qui empêchait la libre circulation de la faune. Or, les manchots de Magellan mènent un mode de vie nomade : ils migrent d’endroit en endroit, avec leurs petits, à la recherche de nourriture.
Selon la Province de Chubut, cette barrière artificielle aurait porté préjudice à près de 500 manchots de Magellan, qui ne peuvent pas aller retrouver leurs petits dans les nids, certains desquels ont pu mourir par manque de nourriture.
Un cumul d’actes de maltraitance pour cette espèce protégée en Argentine, même si elle est classée en « préoccupation mineure » sur la liste rouge de l’IUCN !
Illustration bannière : Manchots de Magellan dans leur nid en Argentine – © Jixin YU
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