C’est une drôle de piste que des chercheurs de deux universités canadiennes ont choisi de suivre pour lutter contre la dépression et l’anxiété…
Des récepteurs de sérotonine dans notre système gastro-intestinal
Parfois, la recherche suit des chemins que la logique n’aurait pas d’emblée incité à suivre. En tout cas si l’on en croit l’objet actuel des travaux de chercheurs de l’université de Toronto et de celle de Calgary. Selon eux, la transplantation fécale pourrait se révéler efficace dans le traitement de la dépression et de l’anxiété(1).
En effet, alors que l’on tient pour acquis le fait qu’il s’agit de maladies du cerveau, ces chercheurs ont remarqué que l’on possède en fait plus de récepteurs de sérotonine dans notre système gastro-intestinal que dans notre cerveau.
L’équipe du département de psychiatrie de l’Université de Calgary a décidé pour sa part de remplacer le Prozac et autres antidépresseurs par des gélules à base de matière fécale humaine, et ce afin de traiter certains troubles psychologiques. D’où l’idée de miser sur l’ingestion de pilules composées de matière fécale, les selles étant traitées, conditionnées et insérées dans des capsules pouvant être avalées. Les chercheurs de Toronto explorent pour leur part l’administration du traitement par coloscopie.
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Alors que de nombreuses bactéries produisent les mêmes neurotransmetteurs que celles présentes dans le cerveau, les traitements habituels à base de sérotonine, de dopamine et d’acide gamma-aminobutyrique cherchent à les atteindre. Mais ils ne suffisent pas en cas de dépression, de troubles anxieux ou de maladies mentales.
Dans le cadre de l’étude de Toronto comme dans celle de Calgary, les sujets ont été répartis de façon aléatoire pour véritablement recevoir le traitement expérimental ou un simple placebo.
Comment les scientifiques ont-ils eu l’idée de suivre cette piste ? En s’apercevant que des souris auxquelles avaient été transplantées des matières fécales humaines d’individus souffrant d’autisme, de dépression ou d’anxiété, avaient en fait développé les symptômes de ces différentes affections. Preuve qu’il existait une relation de cause à effet.
Ces deux études canadiennes entendent prouver, comme avec les souris, comment les bactéries gastro-intestinales d’une personne saine peuvent en fait influer sur l’humeur d’une autre personne.
Illustration bannière : Femme souffrant de dépression – © best_nj
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