Les idées reçues, telles que des besoins nutritionnels réduits, la méconnaissance de la dénutrition ou la faible prise en compte de la déshydratation chez les personnes âgées ont des conséquences majeures sur leur santé. Plus encore pour cette catégorie de la population, il est essentiel d’adapter les apports alimentaires en fonction de chaque situation (physique, psychique, médicale, sociale, etc.).
Quel menu pour une personne âgée ?
Il est établi que le vieillissement modifie l’état nutritionnel. En effet, la proportion de personnes obèses tend à augmenter jusqu’à l’âge de 65 ans, en raison de facteurs hormonaux (dysfonctionnement de la régulation de l’appétit et de la satiété), physiques (sédentarité, dépenses énergétiques diminuées) ou encore, physiologiques (perte de masse musculaire, augmentation de masse grasse). En revanche, passé 70 ans, la perte de poids, fréquente et souvent inaperçue, est fortement associée à une surmortalité.
Stress émotionnel en arrière-fond
La perte d’autonomie latente ou avérée, celle d’un proche, une situation d’isolement social ou de précarité financière, des problèmes de santé ou une hospitalisation sont autant de circonstances fortement anxiogènes et souvent à l’origine d’une réduction des apports alimentaires.
Pourtant, la perte de poids, dès 3 kilos, devrait être le signal d’alarme d’une situation à prendre en charge. En effet, il est avéré aujourd’hui que la dénutrition favorise des situations pathologiques en cascade (chutes, fractures, infections, escarres, etc.), entraînant à leur tour de réelles souffrances psychologiques, sources d’anxiété, voire d’un état dépressif chronique.
Dénutrition, fonte musculaire et carences
Le vieillissement s’accompagne d’une diminution de la masse maigre musculaire avec, en parallèle, une augmentation de la masse grasse, souvent localisée autour de la ceinture abdominale. Ces modifications corporelles sont dues à un ralentissement de l’activité physique régulière, qui accélère la perte musculaire qui, à son tour, favorise le stockage des graisses.
La sarcopénie est cette réduction de la force et de la masse musculaire, un syndrome gériatrique qui devient sévère lorsqu’il y a une atteinte des performances physiques. La masse hydrique corporelle elle aussi diminue, du fait de la diminution de la masse maigre.
Attention à l’hydratation
Les entrées et sorties d’eau sont également davantage perturbées. Avec l’âge aussi, la sensation de soif s’amoindrit, les personnes âgées sont donc particulièrement sujettes à la déshydratation. Il est donc recommandé de boire au moins un litre à 1,5 litre quotidiennement, plus encore l’hiver, dans une résidence trop chauffée, et l’été, en période de fortes chaleurs.
La déminéralisation osseuse est aussi plus importante. Une solution peut être de consommer des bouillons d’os, de poules ou de légumes, particulièrement reminéralisants, toute l’année et de préférence en début ou en fin de repas.
Quels apports nutritionnels recommander ?
Pour prévenir la fonte musculaire, il est important de consommer des protéines, en alternant les sources animales et végétales, à raison de 1g/kg/jour. Les personnes âgées ont tout autant besoin de protéines que le reste de la population. Pourtant, les carences sont fréquentes.
Les glucides (céréales complètes ou semi-complètes, légumineuses, etc.) ont grand intérêt à être complexes plutôt que simples, en raison d’une moins grande tolérance à l’insuline, insulinorésistance due à l’accumulation de graisse abdominale. Les sucres complexes permettent une absorption plus lente et un apport en fibres indispensables pour prévenir une lenteur du transit intestinal en cause dans la constipation.
Il s’agit aussi ici de boire suffisamment et d’avoir une activité physique adaptée et régulière. Celle-ci permet, en outre, de stimuler la synthèse musculaire et de maintenir les capacités fonctionnelles.
Quant aux lipides, l’équilibre entre les différents acides gras est plus que jamais requis, en forçant sur les oméga-3, autrement dit, en mangeant régulièrement des petits poissons gras et en assaisonnant ses légumes avec des huiles végétales vierges qui en sont riches (colza, lin, cameline, chanvre, etc.). Attention, ces huiles étant fragiles, elles sont à conserver à l’abri de l’air, de la chaleur et de la lumière.
Éviter une déminéralisation
Les micro-nutriments sont, enfin, à ne surtout pas négliger, dans l’alimentation voire en complémentation et notamment la vitamine D (jusqu’à 1 500UI/j pour les plus de 70 ans).
Une plus faible exposition au soleil et une moins bonne capacité de synthèse cutanée peuvent entraîner des carences, qui favorisent une faiblesse musculaire, une déminéralisation, entraînant ostéomalacie ou ostéoporose, une immunité affaiblie et l’apparition précoce de sarcopénie.
Le magnésium et le zinc gagnent, eux-aussi, à être supplémentés. Concernant le calcium, préférer varier son alimentation plutôt que surconsommer des produits laitiers acidifiants et au calcium plutôt mal absorbé.