L’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (Ifremer) a publié un communiqué dans lequel des chercheurs affirment que les hydrates de méthane présents dans la mer Noire sont en train de fondre. Plusieurs milliards de m3 de méthane pourraient être libérés : une prochaine catastrophe climatique ?
La teneur en sels de la mer Noire évolue
Située entre l’Europe et le Caucase, la mer Noire est reliée à la mer Méditerranée par un seul endroit, le détroit du Bosphore. Si bien que lorsqu’on observe une carte, on a l’impression qu’il s’agit d’un lac… Et ce n’est pas faux : elle fut longtemps un lac d’eau douce qui s’est resalinisé il y a 9.000 ans, au moment où elle s’est opérée la liaison avec la Méditerranée.
Sa teneur en sel est alors passée de 2 grammes par litre à environ 22 grammes par litre. Si elle est stable depuis 2.500 ans, la salinité de la mer Noire continue d’évoluer et cela n’est pas sans conséquences.
Les hydrates de méthane fondent à cause de la salinisation
Selon un article publié le 9 janvier dans Nature Communications, les hydrates de méthane, des molécules de gaz enfermées dans une cage d’eau, présentes en mer Noire, « sont en train de fondre à cause de la diffusion du sel dans les sédiments », lit-on dans un communiqué de l’Ifremer. Problème : leur déstabilisation pourrait entraîner la libération de « grandes quantités de méthane dans la colonne d’eau et potentiellement dans l’atmosphère ».
Les scientifiques estiment qu’entre 40 et 200 milliards de m3 de méthane pourraient être libérés. Un phénomène naturel qui aurait de grosses répercussions sur le climat. En effet, le méthane est un gaz à fort effet de serre. Une mauvaise nouvelle, à l’heure où la lutte contre le réchauffement climatique a déjà été engagée…
Conséquences possibles : gaz à effet de serre, glissements de terrain sous-marins et tsunami
La fonte des hydrates de méthane pourrait aussi provoquer d’importants glissements de terrain sous-marins. Ces derniers seraient capables d’entraîner un risque de tsunami. Des catastrophes naturelles en cascades…
Pour Vincent Riboulot, chercheur en géosciences marines à l’Ifremer, « l’impact des changements de salinité était connu en laboratoire, mais n’avait jamais été démontré sur site ». Par conséquent, la mer Noire « peut être considérée comme le premier chantier naturel permettant de surveiller en direct l’effet de la variation de salinité sur les hydrates de méthane », estime l’Ifremer.