Mis sur le devant de la scène ces dernières années, le microbiote intestinal d’une personne atteinte de la maladie de Crohn n’est pas le même que celui d’un sujet sain. La transplantation fécale pourrait devenir une piste pour soigner les malades. À confirmer avec des essais de phase 3.
Quels traitements pour la maladie de Crohn ?
Maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI), la maladie de Crohn peut atteindre toute partie de l’appareil digestif (de la bouche à l’anus). Dans le monde, cette maladie est la plus prévalente en Europe et aux Etats-Unis. En France, plus de 120.000 personnes en sont atteintes mais l’on estime que le nombre de personnes qui souffrent de cette maladie pourrait être plus élevé car un nombre conséquent ignorent qu’elles en sont atteintes.
La maladie de Crohn est liée à une hyperactivité du système immunitaire digestif et se manifeste par une inflammation de la muqueuse intestinale. Elle survient en « poussées » qui peuvent s’avérer très douloureuses et handicapantes. Si l’on ne guérit pas de cette pathologie, il est possible de la soigner avec des médicaments et une chirurgie intestinale. Cependant, un autre traitement pourrait être proposé aux patients : la transplantation fécale.
Modifier le microbiote avec une transplantation fécale
Pour l’instant, il faut attendre même si l’espoir est permis. En effet, selon deux études réalisées par des équipes française et publiées dans le journal Gastroenterology pour l’une et Microbiome pour l’autre, la transplantation fécale pourrait être une piste de traitement sérieuse. Sorti de l’ombre notamment grâce au best-seller allemand Le charme discret de l’intestin, le microbiote intestinal joue un rôle prépondérant dans la maladie de Crohn dans la mesure où il est anormal comparé à un microbiote de sujet sain.
Selon le professeur Sokol, professeur de gastro-entérologie à l’hôpital Saint-Antoine (Paris), chercheur à l’Inserm et à I’NRAE qui a dirigé les deux études, « on s’est rendu compte du rôle causal du microbiote chez les modèles animaux en modifiant le microbiote et en constatant les effets sur l’inflammation intestinale. De même, le microbiote d’une personne souffrant de maladie inflammatoire de l’intestin, lorsqu’il est transplanté chez la souris, favorise l’inflammation » rapporte Futura Santé.
Pas de traitement miracle
La transplantation fécale et donc de microbiote, serait un traitement possible pour la maladie de Crohn même s’il n’est pas, comme l’espèrent les patients, « miraculeux ». Le professeur Sokol a constaté en effet que sur les neufs patients qui ont été transplantés, deux n’ont pas été colonisés par le microbiote du donneur. « Leur état inflammatoire était-il un peu plus préoccupant que celui des autres participants et cela a-t-il joué un rôle ? Leur microbiote était-il moins résilient et plus persistant que celui des autres patients ? » s’interroge-t-il. À noter qu’aucun patient n’a subi d’effets secondaires importants en raison de leur transplantation fécale.
Les recherches ayant été interrompues en raison de la pandémie de Covid-19, il va falloir attendre les essais contrôlés randomisés de phase 3 pour savoir si la transplantation fécale est un remède vraiment efficace. Si tel était le cas, ce serait une belle avancée dans le traitement de la maladie de Crohn.