Ces particules microplastiques, invisibles mais omniprésentes, représentent une menace sérieuse pour les écosystèmes marins et, par extension, pour la santé planétaire.
Le krill, point d’entrée des microplastiques dans notre chaîne alimentaire
Dans les eaux glacées de l’Antarctique, un lieu que l’on croyait à l’abri des atteintes humaines, une menace invisible se cache : les microplastiques. Paulo Tigreros, un biologiste marin colombien, conduit une expédition dans le détroit de Gerlache pour étudier ce phénomène. L’utilisation d’un filet spécial permet de retenir ces particules infimes mais dangereuses. Ce qui est préoccupant, c’est que ces microplastiques sont non seulement omniprésents dans les océans, mais maintenant aussi dans la neige antarctique, comme l’a révélé une étude de 2019 de l’Université de Canterbury. Plus de 430 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde, et leur fragmentation conduit à la formation de ces particules nocives.
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L’impact de cette contamination est profond. Le krill, une petite créature cruciale dans la chaîne alimentaire antarctique, confond souvent le microplastique avec sa nourriture. Cela signifie que les microplastiques peuvent entrer dans le système digestif des baleines qui se nourrissent de krill, affectant potentiellement leur santé et leur capacité à nager. Les chercheurs, dont Jorge Tadeo Lozano de l’Université de Bogotá, soulignent que l’Antarctique, loin d’être isolé, reflète les problèmes environnementaux mondiaux. Les particules pourraient atteindre ce continent par les courants marins, l’atmosphère, ou même via les excréments des animaux marins.
Les microplastiques, une menace pour la calotte glaciaire antarctique
Ce que révèle l’équipe de Paulo Tigreros dépasse largement les frontières de l’Antarctique. Les microplastiques pourraient aggraver la situation de la calotte glaciaire antarctique, déjà affaiblie par le réchauffement climatique. Ils réduisent la réflectivité de la glace, altèrent sa structure et stimulent l’activité microbienne, rappelle l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA).
La fonte des glaciers, qui contiennent 90 % de l’eau douce de la planète, pourrait élever le niveau de la mer de 60 mètres. L’étude en cours pourrait éclairer les stratégies de conservation et sensibiliser sur l’importance de réduire la pollution plastique, non seulement pour préserver des écosystèmes lointains comme l’Antarctique, mais aussi pour notre survie plus globalement.
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