Avec plus d’une cinquantaine de monnaies complémentaires en circulation aujourd’hui en France et le projet d’une monnaie régionale en Normandie en 2018, ces dispositifs ont le vent en poupe. Ils bénéficient, depuis juillet 2014, d’une reconnaissance légale via la loi relative à l’Économie Sociale et Solidaire.
Commet définir les monnaies complémentaires ? Selon le rapport Magnen-Fourel de 2015 ce sont, à la différence des SEL, « des dispositifs d’échange locaux de biens, de services et de savoirs, organisés autour d’une monnaie spécifique permettant à la fois d’évaluer et de régler des échanges« . Qu’elles soient territoriales (monnaies ancrées à un espace particulier de circulation) ou thématiques (monnaies dont l’émission et la circulation sont rattachées à un objectif), ces monnaies gérées par des structures extérieures au circuit bancaire traditionnel poursuivent une grande diversité de buts : redynamiser l’économie locale, recréer du lien social, favoriser la consommation responsable ou encore réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Quelques exemples de monnaies complémentaires
Première monnaie locale de France (3.000 adhérents particuliers, 500 commerces et entreprises, plus de 150 associations), l’Eusko est la monnaie du Pays Basque. Le réseau de prestataires partage des valeurs communes telles que le soutien au développement local, la promotion de la culture basque, un engagement en faveur de pratiques plus écologique, etc.
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EcoSyst’M est de son côté un système de covoiturage de proximité adossé à une monnaie complémentaire en développement dans plusieurs intercommunalités françaises : pour des trajets de courte à moyenne distance le covoituré rétribue le covoitureur avec des fichets kilométriques. Ces fichets peuvent être échangés en monnaie locale acceptée dans divers commerces de proximité. Cet exemple montre comment une monnaie complémentaire peut répondre à un enjeu lié à la transition écologique : la mobilité durable dans les territoires ruraux.
Les monnaies complémentaires au service de la transition écologique
Ces deux exemples montrent le potentiel des monnaies complémentaires pour accélérer la transition écologique, bien que les impacts environnementaux soient encore difficilement mesurables.
La note de La Fabrique Ecologique issues des travaux du groupe de travail présidé par Thomas Binet, Président de Vertigo Lab propose trois actions pour développer ces monnaies et multiplier leurs effets :
- Accroître la confiance dans les monnaies complémentaires environnementales en développant des méthodologies d’évaluation des impacts environnementaux afin de renforcer leur crédibilité et de convaincre de leur intérêt ; et mettre en place un collège d’experts agissant comme un label pour aider les acteurs institutionnels à s’engager dans ces projets.
- Construire de nouvelles boucles d’échanges sur les territoires, intégrant une grande diversité d’acteurs et de prestataires, dont les PME, en couplant notamment monnaies complémentaires environnementales et pôles territoriaux de coopération économique. La construction de ces boucles d’échanges passera également par la levée de certains verrous pesant sur les monnaies complémentaires.
- Inciter les collectivités locales à contribuer au développement des monnaies complémentaires environnementales (MCE) par la mobilisation de différents leviers : en fournissant une garantie sur les fonds de réserve, en généralisant le paiement des services publics en MCE, en versant des subventions et des aides sociales en MCE et en autorisant le paiement d’impôts locaux en MCE.
En mobilisant l’ensemble des acteurs publics et privés, les monnaies complémentaires environnementales peuvent, couplées aux outils de politiques publiques existants, devenir un véritable accélérateur de la transition écologique.