Hausse de la mortalité routière en France : la vitesse en cause
Le 15 février dernier, l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) présentait des chiffres malheureux : selon ses estimations, 260 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en janvier 2022, contre 180 en janvier 2021. Une hausse de la mortalité routière qui se traduit donc par la mort de 88 personnes en plus par rapport à l’année dernière, soit une augmentation de + 44 %. À noter qu’en janvier 2021, le couvre-feu lié à la situation sanitaire impactait alors les déplacements des Français. Le mois de janvier 2020 a également vu une hausse de la mortalité routière par rapport à janvier 2019, année de référence : + 9 % (soit + 21 décès).
Autre chiffre inquiétant : la mortalité piétonne, en forte hausse en janvier 2022 par rapport à janvier 2021. 57 piétons ont perdu la vie en début d’année 2022, soit 29 de plus que l’année précédente au même moment. Sur les dix dernières années, la mortalité piétonne en janvier 2022 est la plus haute enregistrée. À noter aussi une hausse de la mortalité cycliste en janvier 2022 (+ 2 tués par rapport à janvier 2021). Si la mortalité routière est donc en augmentation en agglomération, c’est hors agglomération qu’elle connaît une forte hausse par rapport à janvier 2021, avec 147 décès, soit 54 tués supplémentaires.
Sur une année complète, 3.219 personnes ont perdu la vie dans un accident de la route en France métropolitaine et outre-mer. Un chiffre toutefois inférieur de 8 % par rapport à 2019, mais qui peine toutefois à descendre en dessous de 2.000, objectif que souhaitait atteindre en 2020 le gouvernement. Des morts dont la première cause est la vitesse sur les routes. Une vitesse qui est le facteur déclenchant de l’accident, mais aussi un facteur aggravant et entraînant, dans 31 % des cas, un (ou plusieurs) décès sur les routes. Les chiffres de la sécurité routière sont également sans équivoque : selon les statistiques, abaisser de 1 % la vitesse moyenne entraîne une baisse de 4 % des accidents mortels.
Malgré les campagnes de prévention routière, les automobilistes français peinent encore à respecter les limitations de vitesse. Une vitesse que l’État tente également de freiner en installant des radars sur les routes.
Les radars, une manne financière pour l’État ?
Pour lutter contre l’insécurité routière, l’État mise donc sur le déploiement de radars. Des dispositifs de plusieurs types, qui contrôlent la vitesse de différente manière. Les radars fixes sont réservés aux zones estimées dangereuses, telles que les passages à niveau, les grands axes routiers, ou encore les zones urbaines particulièrement denses. Il existe des radars fixes de vitesse, mais aussi dits de franchissement et d’autres, qualifiés de pédagogiques. Les radars de vitesse ont vocation à inciter les automobilistes à respecter les vitesses autorisées. Les radars de franchissement enregistrent la vitesse pour repérer les potentielles infractions au niveau d’un feu rouge ou clignotant. Enfin, les radars pédagogiques affichent simplement la vitesse, afin d’inciter les usagers à la modifier en fonction. Ils n’ont pas vocation à verbaliser, mais à faire de la pédagogie.
Les radars déplaçables sont des radars autonomes qui sont déployés sur des zones de danger, ou bien des chantiers, ou encore des itinéraires leurre. Ce type de radars fonctionne sur batterie et n’est pas destiné à rester à un même endroit.
Les radars mobiles sont la plupart du temps embarqués à bord d’un véhicule, dans une voiture radar. Ils permettent de contrôler la vitesse des usagers sur des portions de route difficilement contrôlable par des radars classiques. On distingue deux types de radars mobiles : les radars de vitesse embarqués et les voitures radars. Les premiers sont employés par les forces de l’ordre qui sont alors stationnées en bord de route, pour détecter les excès de vitesse de manière à les verbaliser. Les seconds sont intégrés à des voitures en circulation (privé et public). Le but de ce type de véhicules équipés de « radar mobile de nouvelle génération » (RMNG) est de détecter, sans flash visible et tout en roulant, les potentiels excès de vitesse commis.
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Les radars français sont donc variés et nombreux. La carte des radars de la sécurité routière indique pour l’heure le positionnement total de 3.345 radars sur les routes de France métropolitaine. Des radars qui s’avèrent être une manne financière pour l’État, d’autant plus depuis le déploiement plus récent des voitures radars privatisées. D’après une enquête de Capital, le déploiement de ce type de radars est en augmentation constante. Plus de 223 voitures radars étaient ainsi susceptibles de parcourir les routes du pays, contre 40 seulement en 2020. Une augmentation qui s’accompagne d’une hausse importante des recettes générées, à en croire les chiffres de la Ligue de Défense des Conducteurs transmis par communiqué. Chaque véhicule permettrait ainsi à l’État français d’empocher 194.000 euros par an. Un chiffre largement au-dessus de celui produit par les véhicules embarquant des radars et conduits par les forces de l’ordre. En 2019, les voitures radars (privé et public) ont ainsi dressé 1.334.276 contraventions. À titre de comparaison, une voiture avec radar conduite par les forces de l’ordre produit une recette estimée à 12.600 euros par an.
Au total, d’après Le Figaro, les radars routiers ont a priori rapporté entre 500 et 600 millions d’euros en 2019 et près de 730 millions d’euros en 2020. Des chiffres qui auraient dû être doublés d’après les estimations de l’État, si la crise des Gilets jaunes n’avait pas éclaté. En 2021, les radars auraient rapporté environ 700 millions d’euros et l’État tablerait pour 714 millions d’euros en 2022. À noter que si ces chiffres se comptent en centaines de millions d’euros, ils s’avèrent bien loin des objectifs initiaux et surtout, en constante baisse depuis 2017, année où les radars avaient généré 824,7 millions d’euros dans les caisses de l’État.
Le succès financier des radars vaut ainsi à ces derniers d’être qualifiés d’impôts masqués, voire vulgairement de « pompes à fric » par de nombreux automobilistes mécontents. Côté finances, le déploiement de radars rapporte donc beaucoup. Côté mortalité routière, ces derniers fonctionnent-ils aussi bien ?
Les radars ont-ils vraiment un impact sur la mortalité routière ?
Depuis leur installation en 2003, les radars ont-ils permis de réduire le nombre de morts sur les routes de l’Hexagone ? Selon les chiffres de la sécurité routière : oui. Le déploiement des radars en France a ainsi permis de réduire la vitesse moyenne des Français de 91 à 80 km/h. Ce qui a mécaniquement entraîné une baisse moyenne des accidents mortels à proximité des zones de radars. La sécurité routière affirme ainsi que les radars ont permis de sauver 23 000 vies, de l’annonce de leur déploiement en 2002 à 2012. Des chiffres dont il convient de se féliciter, mais il semblerait que l’effet dissuasif des radars s’essouffle peu à peu, puisque l’objectif annoncé de 2.000 décès sur les routes semble compliqué à atteindre.
Depuis le déploiement des radars, de nombreuses études se sont ainsi succédé pour tenter d’évaluer leur impact réel sur la mortalité routière. Des études aux conclusions contradictoires, sur fond de destructions de radars notamment durant la crise des Gilets jaunes qui a éclaté fin 2018. Les évaluations récentes sont également compliquées à produire en raison des restrictions sanitaires provoquées par le Covid et notamment des confinements et couvre-feux, impactant le nombre d’automobilistes sur les routes. Le télétravail est également de mise pour davantage de salariés depuis l’arrivée du Covid, des travailleurs qui prennent donc moins la route. Reste que depuis 5 ans, les recettes générées par les radars baissent et pour la sécurité routière, cela est à imputer avant tout à « un meilleur comportement des automobilistes » depuis le déploiement des radars.
Une sécurité routière qui semble d’ailleurs vouloir la suppression de la signalisation effective des radars. En effet, l’ancienne signalisation verticale des radars fixes est remplacée progressivement par des panneaux indiquant seulement la probabilité de croiser un radar ; et ce sur une distance de plusieurs kilomètres. De quoi faire sortir de ses gonds l’association 40 millions d’automobilistes, qui dénonce une tentative de la sécurité routière de piéger les usagers de la route en brouillant la signalisation des radars. « Il y aura donc dorénavant deux poids, deux mesures : d’un côté les usagers qui possèdent un assistant d’aide à la conduite et qui parviendront, la plupart du temps, à repérer le contrôle, et de l’autre les automobilistes qui n’en ont pas. Pour eux, le risque de se faire flasher pour quelques kilomètres-heure de trop sera décuplé... », souligne l’association.
Nous vous laissons le mot de la fin : pensez-vous qu’il faille plus de radars sur les routes de France pour baisser davantage la mortalité routière ?
A lire absolument
Quand les radars tiendront compte des conditions de circulations, fréquentation, état de la route, météo, horaire, alors là, je dirai oui !
Avant la marée chaussée contrôlait sans radar, elle appréciait, justement, la vitesse en fonction de l’environnement et des horaires. Maintenant, si vous confiez ça à un policier ou gendarme, il ne regardera que les résultats de son radar portable, sans tenir compte de rien d’autre que du chiffre qu’il rapportera à l’état.
Je cherche désespérément la pédagogie dans ces opérations de radars fixes. Je ne vois malheureusement que des tirelires de l’état de non droit.
si vous ne voulez pas subir les radars la solution est d’une simplicité étonnante pour vous: il suffit juste de RESPECTER le code de la route…!!!
LOLOL
Majorité « contre »! Etonnant, non!?
Les radars fixes ont démontré leurs limites: panneau avertissement avant, habitués qui ralentissent…
Inutiles de les multipliés, donc réponse logique…
Multiplier les radars mobiles, embarqués dans les véhicules – électriques – banalisés dans le flot de la circulation, c’est l’avenir!