Ces moustiques génétiquement modifiés ont été élevés en laboratoire, les résultats obtenus revêtent ainsi un caractère théorique, des essais grandeur nature n’ayant pas été menés.
Une modification génétique pour neutraliser la perception de contrastes chez les moustiques
Pour trouver leurs proies (humains ou animaux), les moustiques s’appuient sur plusieurs indices : le CO2 émis avec la respiration, les indices visuels (contrastes), la chaleur corporelle et les odeurs corporelles. En s’appuyant sur ces connaissances, serait-il possible de mettre artificiellement « hors service » ce mécanisme naturel ?
Aujourd’hui, la science répond « oui ». En effet, dans les pays tropicaux les moustiques sont de redoutables propagateurs de maladies (dengue, fièvre jaune, chikungunya, zika…). Pouvoir contrôler leurs populations a donc un intérêt primordial pour la santé publique.
En effet, un moustique qui n’est plus capable de se nourrir ne va pas pouvoir se reproduire. Pour les empêcher de se nourrir, les chercheurs ont donc cherché des moyens de les empêcher de trouver leurs proies, à savoir des humains ou n’importe quel animal ayant du sang dans les veines. Et ils ont trouvé.
Il se trouve qu’il est possible de modifier deux gènes chez les moustiques, les empêchant d’utiliser leur vue pour repérer les proies, ont conclu Yinpeng Zhan de l’Université de Californie et Diego Alonso San Alberto de l’Université de Washington, dans un article publié dans la revue Current Biology en juillet 2021(1).
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La recherche d’une proie, un processus complexe chez les moustiques
Pour repérer les proies, les moustiques se font tout d’abord guider par leur odorat : le CO2 émis avec la respiration est un signe qui ne trompe pas. Une fois qu’ils ont senti le CO2, le reste de leurs sens s’activent. Ils sont ensuite guidés par leur vue, s’appuyant sur les contrastes. Puis, lorsqu’ils s’approchent de ce qui leur semble ressembler à un corps, ils se le confirment en s’appuyant à la fois sur leur perception de la chaleur (qui se dégage de tout corps vivant) et sur leur odorat (et donc l’odeur corporelle de la proie).
Pour vérifier leur hypothèse, les chercheurs ont placé dans une cage 50 moustiques ne s’étant pas nourris de sang pendant un certain temps et ayant donc faim. Dans cette cage il y avait deux cercles : un noir et un blanc. Une caméra a ensuite enregistré leurs trajectoires pendant 30 minutes. Puis, du CO2 a été injecté dans la cage, ce qui a aiguisé leurs instincts. Leurs trajectoires ont alors été enregistrés pendant 3 minutes supplémentaires.
Il se trouve que, même en étant stimulés par du CO2, les moustiques génétiquement modifiés étaient beaucoup moins attirés par le cercle noir. En situation de luminosité réduite (5 à 25 lux), l’attirance pour le cercle noir disparaissait même totalement.
Éradiquer les moustiques : la meilleure solution ?
Le mot fait peur même quand il s’agit de moustiques : si les moustiques disparaissaient, les conséquences sur les écosystèmes pourraient être importantes étant donné que certains animaux perdraient une source de nourriture importante (poissons, batraciens, lézards, oiseaux…). Il fut également se rappeler que sur 3.500 espèces de moustiques recensées, seules 200 piquent et pour moitié exclusivement des oiseaux…
Concernant les animaux GM, des essais sur le terrain devraient donc être menés de manière approfondie et transparente dans l’intérêt de la santé et de la sécurité environnementale.
Illustration bannière : Les « yeux » des moustiques – © Cornel Constantin
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Et les prédateurs des moustiques , ils seront condamner à disparaitre aussi ?
Et puis qui après ?
Il ne faut pas autoriser ces manipulations et cesser de jouer aux apprentis sorciers