Cette étude doit aider les industriels à élaborer d’autres types d’insecticides, plus efficaces contre les moustiques.
mémoire des odeurs – L’apprentissage est fort présent chez les moustiques !
Bien que leur cerveau soit tout petit (200.000 neurones seulement), les moustiques sont en réalité très intelligents. Du moins lorsqu’il s’agit d’aborder leurs proies ou d’éviter les menaces, comme le montre une nouvelle étude de Seynabou Sougoufara de l’Institut de recherche pour le développement (France) et Hanna Yorkston-Dives de l’Université de Keele(1).
À l’issue d’une série d’expériences, les chercheurs ont conclu que, s’ils sont exposés à une faible dose (non-léthale) d’insecticide, les moustiques sont capables de comprendre que cette substance leur est préjudiciable. Ainsi, deux espèces parmi les moustiques les plus dangereux pour la santé humaine, Aedes aegypti et Culex quinquefasciatus, semblent capables de mémoriser les odeurs de cinq molécules insecticides couramment utilisées
À l’avenir, lorsqu’ils sentent cette même odeur, ils prennent le soin de s’en éloigner.
Peut-on en conclure que les insecticides à pulvérisation perdent de leur efficacité ? D’une part, face à une dose léthale (pulvérisation directement sur l’insecte, comme le conseillent sur les emballages les fabricants des insecticides), le moustique meurt immédiatement. D’autre part, si la dose d’exposition n’est pas léthale, le moustique s’éloignera de la zone où l’insecticide a été pulvérisé. Des personnes dans d’autres pièces ou à l’extérieur du logement subiront les piqûres de moustiques. Dans ce sens-là, on peut en affirmer que les insecticides anti-moustique ne sont pas totalement efficaces.
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La conception de nouveaux types d’insecticides s’avère nécessaire
La vraie question est néanmoins de savoir si ce réflexe acquis de s’éloigner de l’odeur de l’insecticide se transmet ou non de mère en fille moustique. Pour le savoir, des recherches supplémentaires doivent être menées.
L’autre moyen de lutte possible consisterait à modifier le mécanisme actif des insecticides. Les insecticides utilisés aujourd’hui s’attaquent en effet au système nerveux de l’insecte.
Or, comme on le voit dans cette étude, c’est également le système nerveux qui les en protège en ordonnant au moustique de s’éloigner de la substance qui est mortelle pour lui.
Ou bien, si la conception d’un autre mécanisme actif s’avère compliquée, on pourrait à l’avenir concevoir un insecticide avec un effet de retardement : la mort ne surviendrait pas subitement mais quelques dizaines de minutes après l’exposition. De cette manière, le lien cognitif entre l’odeur et le malaise serait rompu.
La protection contre les moustiques est un enjeu important dans les pays tropicaux. Les moustiques sont en effet de redoutables propagateurs de maladies (dengue, fièvre jaune, chikungunya, zika…).
Les cas de ces maladies dites « vectoriellles » représentent en effet 17 % de l’ensemble des cas de maladies contagieuses, et 80 % de la population mondiale est exposée au risque de contraction d’au moins une maladie vectorielle.
Illustration bannière : Aedes aegypti, un moustique dangereux pour la santé humaine, est capable de mémoriser les odeurs de cinq molécules insecticides couramment utilisées – © frank60
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