La France est déjà le deuxième pays au monde en matière de surface maritime lui appartenant, avec plus de 10 millions de kilomètres carrés. Si cette surface maritime représente un enjeu économique colossal, notamment avec l’exploitation à venir des ressources naturelles des grands fonds, elle représente surtout une responsabilité environnementale, notamment envers les cétacés, des animaux que les touristes sont friands de rencontrer !
L’exemple et les conséquences de nager avec des dauphins
Le dauphin est un animal opportuniste. Ce comportement, qui le voit souvent suivre les bateaux de pêche pour profiter, au même titre que les mouettes par exemple, des restes de la pêche, l’a d’une certaine manière rapproché des humains.
Mais c’est là une vision purement culturelle de notre part. Le dauphin ne fait qu’évoluer dans son milieu naturel comme tous les autres cétacés. Ce n’est que parce que nous le voyons plus souvent, que nous le côtoyons plus régulièrement, que nous avons le sentiment (faux) qu’il s’est rapproché de nous en tant qu’individu.
Si la chose est vraie et étudiée pour tous les cétacés, elle est d’autant plus vraie pour le grand dauphin que l’on reconnait aisément pour son « sourire » qui n’en est pas un mais qui parle à l’imaginaire collectif. La grande sociabilité des cétacés est également un point qui nous a fait penser qu’ils étaient nos semblables.
De l’éco-tourisme qui n’en a que le nom
Dans un monde de consommation tel que le nôtre il n’est pas pensable de proposer de traverser le globe pour nager avec les cétacés et ne pas en voir une fois sur place. De cette problématique économique a découlé un réel effort, conscient ou non, de rapprocher les cétacés sauvages des humains.
Les pratiques de conditionnement de ces animaux sont multiples et peuvent aller du nourrissage pendant plusieurs années à l’effarouchement de leurs prédateurs ou encore au harcèlement jusqu’à ce qu’ils acceptent d’être touchés(3).
Il s’agit donc d’être vigilent car se rapprocher de la nature pour mieux en découvrir ses merveilles ne devrait se faire à son détriment. Si tel est le cas, on ne peut parler que de tourisme de masse et non d’éco-tourisme même si certains s’acharnent à vouloir donner ce nom à ce genre d’activités.
Quels risques pour les cétacés ?
Le plus gros risque pour ces animaux est avant tout social. La fréquentation d’humains dans des proportions irraisonnables (certains sites voient jusqu’à 200 plongeurs par jour en Polynésie française) a un impact lourd sur l’organisation sociale de ces espèces.
Des troubles du comportement apparaissent régulièrement avec des formes d’addiction des animaux, mais aussi des problèmes de consanguinité inédits pour ces espèces ou des attitudes agressives entre spécimens afin de gagner les faveurs des humains.
Il faut également rajouter à cela une vulnérabilité accrue au braconnage, les animaux n’ayant plus peur des humains, une plus grande transmission de maladies et plus de collisions avec les navires notamment pour les grands cétacés qui ne les craignent plus non plus.
Lire aussi : Nager avec les dauphins : une pratique dangereuse
Nager avec les dauphins ou les cétacés, quels risquent pour les touristes ?
L’approche d’animaux sauvages, quels qu’ils soient, a ses règles. Notamment celle de laisser une distance aux animaux pour que, s’ils s’effrayent pour une raison ou pour une autre, ils puissent fuir aisément. La pratique qui se répand de plus en plus que de vouloir prendre des « selfies » avec les animaux est en totale contradiction avec cette règle élémentaire.
Les touristes, ne prenant pas du tout en compte le comportement du cétacé peuvent ainsi sembler agressif à leurs yeux, émettre des signaux de domination ou même d’activité sexuelle ce qui donne lieu à des réactions parfois virulentes de la part des animaux.
Les cas de morsures, de coups de nageoires, de bateaux secoués ou de personnes tirées à plusieurs mètres sous l’eau existent bel et bien(4).
Enfin, et ce n’est pas à prendre à la légère, il existe également des zoonoses (maladies transmises d’animaux à des humains).
Écotourisme et cétacés : comprendre et accepter
Le monde sauvage est fascinant et il est vraiment compréhensible de vouloir approcher des animaux comme les rorquals, les baleines bleues ou autres globicéphales ne serait-ce que pour mieux saisir l’importance de la protection de ces espèces fabuleuses de beauté et d’intelligence.
Lire aussi : INSOLITE – Nager avec des dauphins virtuels, une nouvelle thérapie ?
Il est cependant impossible d’imaginer que ces animaux puissent vivre avec les mêmes codes que les nôtres et inversement. Accepter de préserver leur mode de vie et leurs milieux de notre présence est le seul moyen de débuter une relation durable qui, elle, portera ses fruits.
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Baleines échouées : pourquoi tant de cétacés finissent en masse sur les plages ?
- Sur le danger du repos chez les dauphins voir notamment https://doi.org/10.1890/0012-9658(2002)083[0480:FAATSP]2.0.CO;2
- À titre d’exemple, cette étude sur le comportement violent d’un dauphin en captivité : https://doi.org/10.1111/j.1748-7692.1996.tb00308.x
- Sur le danger du repos chez les dauphins voir notamment https://doi.org/10.1890/0012-9658(2002)083[0480:FAATSP]2.0.CO;2
- À titre d’exemple, cette étude sur le comportement violent d’un dauphin en captivité : https://doi.org/10.1111/j.1748-7692.1996.tb00308.x