Le 6 décembre 2024, une équipe de chercheurs israéliens a révélé une interaction fascinante entre les plantes et les insectes. Selon leurs travaux, certaines plantes émettent des sons inaudibles pour l’oreille humaine mais parfaitement perceptibles pour certains insectes, comme les mites. Ces sons influencent directement certaines décisions de ces insectes, notamment le choix du lieu de ponte.
Les mites : des insectes à l’écoute des plantes
L’idée que les plantes communiquent d’une manière ou d’une autre n’est pas nouvelle. Depuis des décennies, les biologistes savent qu’elles émettent des signaux chimiques, par exemple pour prévenir leurs congénères de l’arrivée de ravageurs. Cependant, la notion de communication acoustique entre plantes et autres organismes est relativement récente. Tout a commencé en 2023 avec une étude révélant que certaines plantes, comme les tomates ou le tabac, produisent des cliquetis lorsqu’elles sont soumises à un stress hydrique. Ces bruits, issus de la cavitation dans leur système vasculaire, étaient jusque-là considérés comme un simple sous-produit biologique, sans réelle portée fonctionnelle. Mais l’équipe dirigée par le Dr Lilach Hadany a voulu aller plus loin et comprendre si ces sons pouvaient avoir une signification écologique.
C’est dans ce contexte qu’une nouvelle étude, menée sur les mites Spodoptera littoralis, a vu le jour. Ces insectes, couramment appelés vers gris du coton, sont réputés pour leur capacité à détecter des sons ultrasoniques, une caractéristique partagée avec de nombreux insectes nocturnes. Ces capacités auditives servent généralement à échapper aux prédateurs, comme les chauves-souris, mais les chercheurs ont voulu savoir si elles pouvaient aussi jouer un rôle dans la reproduction.
Les mites fuient les plantes sonores
Le choix du lieu de ponte est une décision essentielle pour une mite femelle. En effet, ses oeufs écloront en larves qui devront se nourrir des plantes environnantes pour survivre. Ce choix ne laisse pas de place à l’erreur : une plante inadéquate peut condamner toute une génération. Les chercheurs ont donc recréé un environnement contrôlé pour tester l’impact des sons émis par les plantes sur cette prise de décision. Deux plantes apparemment identiques ont été placées dans un laboratoire : l’une totalement silencieuse et l’autre diffusant des enregistrements des fameux cliquetis émis par des plantes stressées. Le résultat a été sans appel : la plupart des mites ont évité la plante sonore, préférant pondre leurs oeufs sur la plante silencieuse.
Les implications de cette découverte sont vertigineuses. Si les mites peuvent interpréter ces sons, d’autres insectes pourraient également utiliser des mécanismes similaires pour interagir avec leur environnement. Les plantes, loin d’être passives, se révèlent être des actrices à part entière de leur écosystème, capables d’influencer des comportements aussi fondamentaux que la reproduction des insectes.
La recherche sur les plantes et leurs bruits ne fait que commencer
Cependant, cette interaction soulève de nombreuses questions. Pourquoi les plantes émettent-elles ces sons en premier lieu ? Est-ce un simple effet secondaire de leur physiologie ou une stratégie évolutive délibérée ? Selon Rya Seltzer, co-autrice de l’étude, il est possible que ces sons dissuadent certains ravageurs, offrant ainsi un avantage sélectif aux plantes capables de les produire. Mais cette hypothèse reste à vérifier. Par ailleurs, les mites se fient-elles uniquement aux sons, ou combinent-elles ces signaux avec d’autres indices, comme les odeurs ou la texture des feuilles ? Pour répondre à ces interrogations, les chercheurs prévoient de mener des études supplémentaires, notamment sur les interactions entre signaux acoustiques et chimiques.
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