Peut-on perdre son emploi faute de soutien-gorge ? Être interdit d’aller en cours au lycée pour la même raison ? Au Canada, le débat tourne au sujet de société.
Licenciée pour avoir refuser de porter un soutien-gorge : débat autour du No Bra
Le licenciement de Christina Schell, serveuse dans un club de golf d’Osoyoos, en Colombie-Britannique, au sud-ouest du Canada fait couler beaucoup d’encre. En effet, la jeune femme ne porte pas de soutien-gorge, ce que son employeur a vu comme un non-respect du code vestimentaire du club.
Mais un employeur a-t-il le droit de s’opposer au fait qu’une salariée ne porte pas de sous-vêtement ? Le tribunal devra donc trancher afin de définir si un employeur est en droit de contrôler jusqu’au choix des sous-vêtements de ses employées.
Dit autrement, certes, les femmes ont des seins, et a priori pas les hommes, mais exiger de celles-ci qu’elles portent un soutien-gorge peut être considéré comme sexiste, et ne pas en porter ne saurait constituer un motif de licenciement.
La question de l’hypersexualisation
Le code vestimentaire du club de golf au sein duquel travaillait la serveuse précisait bel et bien que « les femmes doivent porter soit un débardeur soit un soutien-gorge sous leur chemise de travail ». Mais un tel règlement est-il légal ?
La serveuse âgée de 25 ans, elle, ne trouve pas les soutiens-gorge confortables, et n’en porte plus depuis deux ans. Pour sa défense, le directeur du golf, qui l’a embauchée en mai dernier, explique que cette règle vise aussi à protéger les femmes d’éventuels mauvais comportements de la part des clients alcoolisés.
Un argument qui ne passe pas au Canada. « Cette règle est basée sur le genre, a estimé la serveuse, et c’est pourquoi c’est une question de droits humains. J’ai des mamelons, tout comme les hommes ».
Une audience doit désormais être fixée pour trancher sur ce sujet. Un sujet qui s’inscrit outre-Atlantique dans un débat plus large sur l’hypersexualisation, à savoir donner un caractère sexuel à un comportement n’en ayant en fait pas.
Un mouvement de bracott
En effet, au Canada, le mouvement No Bra (pas de soutien-gorge) prend de l’ampleur. Il appelle les femmes à ne plus porter de soutien-gorge pour plus de confort, mais aussi de liberté. En cause : le regard des hommes sur les seins des femmes.
En avril dernier, des lycéennes ont ainsi lancé un mouvement de boycott du soutien-gorge, surnommé « Bracott », contraction de « bra » et « boycott ». L’origine de ce mouvement : Lizzy Martinez, une lycéenne de Floride, expulsée de cours pour ne pas porter de soutien-gorge, ce qui pourrait « distraire » les garçons, selon la doyenne de l’établissement. Celle-ci lui avait demandé de mettre un débardeur sous son tee-shirt, et même des pansements sur ses tétons. Le message Twitter de cette adolescente au soir de cet incident avait été retweeté des dizaines de milliers de fois.
Toujours au Canada, une élève de Montréal n’a pas été acceptée en cours parce qu’elle ne portait pas de soutien-gorge et que sa poitrine était trop visible. En réaction, des lycéennes se rendent donc au lycée sans soutien-gorge et avec un tee-shirt à slogan.
« Bravo au fait que ces filles disent ‘Vous ne nous direz pas comment m’habiller’. Elles sont vraiment extraordinaires, elles posent de vraies questions », a déclaré pour sa part la ministre québécoise de la condition féminine, Hélène David.
Devoir se couvrir est-il une oppression masculine ? Que certaines choisissent par féminisme, pour le confort ou pour être sexy de se libérer d’un accessoire, un outrage aux bonnes moeurs ? Cette affaire et ce mouvement sont en tout cas l’occasion de rappeler qu’entre garçons et filles, tout devrait commencer par l’apprentissage du respect mutuel et de la bienveillance.
sans soutien-gorge, avec un 100 G comme taille, j’aimerais bien voir ça !