Ne relâchez pas votre poisson rouge dans une rivière !

Lassitude ou sentiment de culpabilité face à l’emprisonnement de Bubulle : vous pourriez être tentés, après quelques mois à regarder votre poisson rouge tourner en rond, de le relâcher dans les eaux vives d’une rivière. Mais lui redonner la joie de la liberté et des grands espaces n’est pas une si bonne idée !

Rédigé par Elise Racque, le 24 May 2021, à 18 h 26 min
Ne relâchez pas votre poisson rouge dans une rivière !
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En effet, le poisson rouge, ou Carassius auratus, aussi placide qu’il n’y paraît, cache bien son jeu : il représente un véritable danger pour l’écosystème de nos rivières. Non seulement relâcher son poisson est interdit par l’article 521-1 du Code pénal, mais en plus, cela peut nuire à l’environnement !

Le poisson rouge, un omnivore qui détruit l’écosystème

Le poisson rouge n’a pas d’estomac. Ses intestins filtrent directement la nourriture qu’il ingère. Résultat : il a tout le temps faim et cherche constamment de la nourriture. D’ailleurs, dans son bocal, il mange même ses propres excréments, sous vos yeux incrédules.
Mais une fois rendu à la rivière – ou pire dans un étang, une mare ou un lac, même loin de son bocal désormais oublié, s’il ne se fait pas dévorer rapidement, votre Bubulle va continuer le même petit manège en fouillant le sol. Ce faisant, il remue les sédiments, ce qui perturbe l’écosystème, et peut même déraciner certaines plantes.
De plus, les poissons rouges sont omnivores. Hors de l’aquarium, le cyprin doré, comme on l’appelle aussi, découvre tout un tas de choses à avaler : des plantes bien-sûr, mais aussi des oeufs de poissons et des larves d’amphibiens ou d’insectes.

relâcher poisson

Relâcher un poisson dans une rivière, c’est mettre les écosystèmes en danger ! © Kagai19927

Lire aussi : Pourquoi détenir un poisson rouge dans un bocal est inhumain

Une espèce invasive

Le poisson rouge se reproduit extrêmement vite. Et pour ne rien arranger, il n’hésite pas à s’accoupler avec d’autres espèces de poissons. Alors un poisson qui mange quelques oeufs, détruit quelques plantes et remue un peu le sol, passe encore, mais avec toute une armée de descendants, cela commence vraiment à poser problème !
De plus, comme ils viennent d’un milieu apprivoisé, les poissons rouges rejetés dans les rivières risquent de transmettre des maladies rares et des parasites contre lesquels les autres espèces ne sont pas préparées biologiquement, et qui leur sont donc souvent fatal.

Des monstres en puissance ?

En Australie, le problème prend des proportions énormes. Dans la Vasse River, au sud-ouest du pays, des pêcheurs ont capturé des poissons mesurant jusqu’à 40 centimètres et pouvant peser deux kilos.

Ce phénomène est dû aux conditions exceptionnelles du milieu où vivent ces poissons, et ne devrait pas se produire en Europe. Les cousins australiens de nos poissons rouges nagent en effet dans des eaux supérieures à 30°C ce qui accélère leur croissance. De plus, la Vasse River longe des terres agricoles, qui fournissent aux poissons des nutriments en abondance.

Même genre de problème dans un étang au Canada (Ontario)

Des nageurs longue distance

Face à la reproduction invasive des poissons rouges, des chercheurs australiens de l’Université Murdoch ont étudié leurs migrations et leur rythme de vie. Ils se sont concentrés sur 15 poissons, qui avaient été relâchés.
Selon les résultats de l’étude publiés en 2016 dans la revue Ecology of Freshwater Fish(1), ces poissons ont adopté un rythme saisonnier. Lorsqu’ils se reproduisent, ils se dirigent vers des eaux plus calmes qui se trouvent souvent à de très longues distances : l’un des poissons a même nagé 230 km en un an.

Ainsi, non seulement le Carassius auratus détruit son milieu et se reproduit de manière invasive, mais il est en plus capable de coloniser de nouvelles régions. Les chercheurs auteurs de l’étude tentent donc d’imaginer un moyen de limiter ces déplacements au maximum, pour pouvoir contrôler le développement de l’espèce.

relâcher poisson

Pas de bocal pour le poisson rouge : il lui faut au minimum 200 litres d’eau pour être heureux ! © satit_srihin

Mais pour limiter la prolifération des poissons rouges en eaux vives, le meilleur conseil est encore de les garder chez vous, dans un aquarium assez grand pour qu’il s’y sente bien (un poisson rouge dans un bocal équivaut à de la maltraitance). Si c’est impossible, voyez avec un aquarium ou une association de protection des animaux qui saura vous conseiller.

Article republié

Illustration bannière : Bubulle, le poisson rouge se fait la malle !- © Mikael Damkier
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Journaliste en formation, j’ai le sentiment de vivre une période charnière où l’information sur les modes de vie alternatifs et l’environnement prend...

5 commentaires Donnez votre avis
  1. j’ai observé pendant des décennies les biotopes où se trouvent des cyprins dorés, mare étangs, bras morts de rivière, nul part ils pullulent et déséquilibrent leur environnement si celui ci est équilibré. Il suffi de quelques prédateurs (perches, brochets, sandre, etc.) pour limiter leur nombre.
    Sauf peut-être dans certaines mares trop petites ou il se met à pulluler mais pas plus que les gardons et rotengles
    La morphologie de ce poisson ne lui permet pas d’être ce que vous dites, c’est à dire un ratisseur et destructeur des fonds, contrairement aux carpes qui elles, tout en étant endémiques, quand elles sont en surnombre, détruisent tout, de plus les pêcheurs, carpistes, polluent également nuit et jour quand il la pêche en bombardant les surfaces d’eau de produits pour l’amorcer, ces appâts tombent au fond et polluent en détruisant complètement l’environnement!
    Il suffi de regarder la morphologie de chaque et de comparer la bouche d’une carpe et celle d’un autre poisson, rouge et autres pour constater.
    Il vaut mieux observer dans la nature que consulter des fiches dans un bureau, en se demandant d’ailleurs, qui les aura rédigé et avec quels intérêts ?

  2. A l’attention du rédacteur,
    C’est bien de dire qu’il est nocif pour l’écosystème de relâcher un poisson rouge mais si ce n’est pas pour donner une alternative, autant se taire, car à cause que vous ne proposiez pas d’autre solutions que de l’enfermer dans un aquarium plus grand (ce qui n’est pas idéal et n’est de toute façon pas à la portée de tous et donc, à elle seule pas une solution fiable), de nombreuses personnes qui avaient l’intention de mettre fin à la maltraitance de leurs poissons vont se décourager et continuer de le faire à cause que votre blog au titre dirigé vers ces personnes ne fait que traiter les poissons rouges de monstres polluants.

    • Séverine Bascot

      En lisant l’article jusqu’au bout, on peut apprendre
      Mais pour limiter la prolifération des poissons rouges en eaux vives, le meilleur conseil est encore de les garder chez vous, dans un aquarium assez grand pour qu’il s’y sente bien (un poisson rouge dans un bocal équivaut à de la maltraitance). Si c’est impossible, voyez avec un aquarium ou une association de protection des animaux qui saura vous conseiller.

  3. Les poisson rouge on horreur des eaux des rivières, ils n’aime pas les courants, il est plutôt végétarien comme les autres carpes, mais son problème c’est qu’il est TRES VISIBLE et bien sur face à un brôchet il ne fera pas long feu, les sandres, black-bass et silures vont aussi le manger rapidement. Ce n’est vraiment pas bien, il ne vivra pas plus d’un jour ou deux. Strictement aucune chance qu’il se mète a proliférer.

    • Bonjour, d’après mes recherches, la rivière fait partie des milieux naturels du poisson rouge mais pas n’importe lesquelles.

      « Le poisson rouge se rencontre originellement dans les rivières, les étangs et les marais chinois, généralement dans les eaux stagnantes ou à débit lent.

      Il fréquente les milieux aquatiques dits ‘eutrophes’ (milieu riche en élément nutritif comme les algues), des eaux faibles en oxygénation. »

      J’en conclus que bien qu’il puisse être néfaste pour l’ecosystème (sans doutes dans les mauvaises rivières) il a bien sa place en rivière et il faut donc soit choisir une rivière adaptés et j’imagine qu’il ne causera pas de soucis écologiquement parlant puisque la nature à été faite comme tel, soit il est bel et bien néfaste mais si ma source est juste, c’est là qu’est sa place et on ne peux donc rien y faire (à part choisir un de ses 2 autres lieux de vie).

      Quoi qu’il en soit, j’invite tous ceux qui ont des poissons rouges en aquarium à les remettre dans la nature, que ce soit dans une rivière adaptée, un étang ou un marais chinois, ce sera toujours mieux que de le laisser dans sa situation actuelle.

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