Les syndicats d’apiculteurs et les associations de défense de l’environnement ont fustigé un vote « irresponsable » et espèrent que le Sénat ne votera pas dans le même sens.
Néonicotinoïdes : une Assemblée nationale assez divisée sur la question
Un pas en avant, un de plus, pour les néonicotinoïdes. Ces pesticides, interdits en 2016, seront, sauf miracle, réautorisés à la demande de la Confédération générale des planteurs de betteraves, qui voit en eux une solution pour en venir à bout de la jaunisse, une maladie véhiculée par les pucerons et qui est fatale pour les récoltes de betteraves. Une majorité de députés ont voté en ce sens, le 6 octobre 2020.
Abeilles domestiques et abeilles sauvages : la compétition des ressources
Il faut dire que même parmi les députés LREM, la réautorisation des néonicotinoïdes ne fait pas l’unanimité. Un nombre record de députés de la majorité ont voté contre ou se sont abstenus. Seuls 175 des 271 députés LREM ont approuvé l’amendement, 32 ayant voté contre et 36 s’étant abstenus. L’ensemble de la gauche a également voté contre, tandis qu’une majorité des LR et MoDem ont voté pour.
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En amont du vote, les associations de défense de l’environnement avaient intensifié leur lobbying
Peu après le vote, les associations d’apiculteurs et de défenseurs de l’environnement n’ont pas tardé à exprimer leur colère. L’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF) a dénoncé « une insulte à l’apiculture, à la science et à la protection du vivant ». « À rebours de toutes les connaissances scientifiques, ce vote est irresponsable et indigne des enjeux posés à nos décideurs, » a déclaré un porte-parole de l’association. Pour sa part, l’association Pollinis a tweeté : « La sécurité alimentaire de la France dépend de la survie des abeilles et des pollinisateurs, pas du retour des néonicotinoïdes ».
31 organisations fédérées https://t.co/qVYZfblJIO
— SNA Apiculture (@SNApiculture) September 8, 2020
Et même avant le vote, des voix s’étaient élevées afin de tenter de dissuader les députés de voter pour. Dans une tribune conjointe publiée à la veille du vote, le Syndicat National d’Apiculture, Justice Pesticides, Nous voulons des coquelicots, Pollinis, WWF France, Les Amis de la Terre, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Foodwatch France, France Nature Environnement, Générations Futures, Greenpeace France et Agir pour l’Environnement, attiraient l’attention des députés sur le volume de pesticides qui devrait être épandu : « En autorisant les néonicotinoïdes sur les seules betteraves, soit 450.000 hectares de cultures, on mettrait dans le sol près de 27 tonnes de néonicotinoïdes sur une surface équivalente au département des Alpes-Maritimes ».
Nicolas Hulot avait lui aussi choisi de se prononcer : « J’appelle les députés à ne pas voter cette loi. Alors que l’interdiction des #néonicotinoïdes a été votée en 2016, prolonger leur usage pour la filière betterave n’est pas la solution. Abeilles et agriculteurs seront perdants ».