Traiter les semences aux néonicotinoïdes et penser que ces substances nocives ne se propageront pas dans l’environnement est une grave erreur. On le sait depuis longtemps maintenant avec le déclin avéré des abeilles… Mais ils touchent également les lapins et les cerfs, ainsi que les oiseaux.
Si en septembre 2018, la France interdisait l’utilisation de cinq molécules de néonicotinoïdes en agriculture, le gouvernement a fait marche arrière en septembre 2020, en ré-autorisant jusqu’en 2023 leur usage pour les cultures de la betterave sucrière, menacées par le virus de la jaunisse. D’ailleurs à l’heure où nous écrivons ces lignes, un article publié dans Le Monde révèle que ces dérogations ont été fondées sur des données erronées !
Les néonicotinoïdes provoquent malformations et troubles de comportement chez certains mammifères
Pour protéger les plants de différentes cultures agricoles contre les ravageurs, quoi de mieux que de faire grandir la plante avec un insecticide approprié, dès l’étape de la graine ? Cette idée, véhiculée par les producteurs de pesticides, et que les agriculteurs avaient bien intériorisée, se heurte aux travaux scientifiques qui indiquent que rien ne pourrait être plus éloigné de la réalité.
En effet, l’innocuité pour l’environnement de ce qu’on appelle « l’enrobage des semences » est un mythe. Le plant n’aspire qu’une petite partie du pesticide, le reste se propage dans la terre et les cours d’eau. Ainsi, insectes volants et autres animaux tels que les lapins, les cerfs, mais aussi les oiseaux sont susceptibles d’inhaler et d’ingérer des résidus empoisonnés.
Différentes études nous montrent les effets néfastes d’un contact de la faune avec des néonicotinoïdes.
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Les néonicotinoïdes également nocifs pour les mammifères et les humains
Chez les cerfs, cela se manifeste par exemple par des malformations au niveau de la mâchoire, une masse corporelle réduite, des organes plus petits et un comportement sexuel diminué : un animal qui ne peut ni s’alimenter correctement ni se reproduire est voué à la mort(1).
Chez les souris, il est prouvé qu’une exposition même de courte durée et à faible dose à un néonicotinoïde induit des changements de comportement et de fonction cérébrale(2).
D’autres études pointent une défaillance du système immunitaire chez les rats et les souris, après contact avec un néonicotinoïde. La fonction reproductrice est également diminuée (du fait d’une morphologie du sperme déformée), de même que la propension à stocker du gras. Les souris exposées ont une masse corporelle réduite.
Quant aux oiseaux exposés aux néonicotinoïdes, ils subissent une perturbation de l’orientation migratoire. Et lorsqu’il sont exposés à forte dose, leur progéniture se retrouve avec des troubles sensoriels et moteurs(3).
En règle générale, les insecticides sont également nocifs pour les humains
L’ingestion d’insecticide – dont la famille néonicotinoïde fait partie – peut provoquer la nausée, les vomissements, les maux de tête et la diarrhée(4)mais aussi des troubles de la respiration voire une pneumonie(5).
Une étude menée par le CHU de Tours a montré que les agriculteurs exposés de manière importante aux produits phytosanitaires développent des risques de contracter une leucémie aiguë myéloïde – maladie qui frappe majoritairement cette profession mais toujours pas reconnue comme maladie professionnelle !
Illustration bannière : Les insecticides néonicotinoïdes de nouveau autorisés pour la filière betterave sucrière – © Oleg Sub
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