Fait rare : le géant de la sneaker est accusé par des Indiens Kuna du Panama d’atteinte à la propriété intellectuelle.
Un motif traditionnel repris sur des chaussures
« Selon que vous serez puissant ou misérable », écrivait déjà La Fontaine. Mais parfois, certains osent tout de même s’en prendre aux puissants. Des Indiens Kuna du Panama accusent ainsi Nike d’avoir copié un motif tribal traditionnel sur une édition limitée du modèle « Air Force 1». Devant le scandale, l’équipementier vient d’annuler la vente(1).
These Air Force 1 Lows feature a Puerto Rico-themed print on their quarter panel and heel https://t.co/5z9e0UgMKG pic.twitter.com/GLYGs78VIf
— Sneaker News (@SneakerNews) 16 mai 2019
Une casserole supplémentaire pour la marque qui symbolise à elle seule tous les excès de l’industrie de la mode. Et ce malgré des efforts déployés pour améliorer son image, notamment sur le travail des enfants et l’utilisation de produits toxiques dans la fabrication de ces articles.
Pour les représentants du peuple Kuna, le modèle à l’origine du litige s’inspirerait du motif nommé « molas », coloré sur fond noir. La marque l’avait présenté comme étant un hommage à Porto Rico, représentant la grenouille Coqui, emblématique de l’île caribéenne. « Ils doivent reconnaître que le ‘mola’ qui apparaît sur les baskets vient du peuple Kuna », a déclaré Belisario Lopez, cacique de cette tribu, lors d’une conférence de presse à Panama City, le 20 mai 2019.
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Le pillage culturel des grands noms de la mode
Ces baskets devaient être mises en vente le 6 juin prochain. Selon le représentant de la tribu, il ne s’agit pas d’un cas isolé. Des milliers de dessins et de savoir-faire traditionnels des peuples autochtones sont piratés par les multinationales.
Or pour la tribu des Kuna, le « mola » est l’équivalent d’un drapeau, il symbolise fortement leur identité culturelle.
Finalement, Nike a présenté ses excuses par le biais d’un porte-parole, « pour la représentation inexacte de l’origine de la conception du Nike Air Force 1 ‘Puerto Rico’ 2019 ». Cette paire de baskets ne sera donc finalement pas mise en vente.
Mais cela ne règle pas la question du pillage culturel par les grands noms de la mode. Les peuples autochtones souhaiteraient que l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) intervienne pour les défendre.
Illustration bannière : Magasin Nike – © Rugged Studio / Shutterstock
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