Les Norvégiens récoltent les richesses venant de la mer depuis des siècles, et c’est sans doute leur ressource la plus importante, et en quelques mois, ils ont vu se monter au large, une grande structure jaune : la première ferme offshore aquacole au monde, capable d’accueillir plus d’un million de poissons.
Un projet pharaonesque de ferme aquacole offshore
En effet, l’entreprise Salmar, présentée comme le 4e producteur mondial de saumons d’élevage, la ferme de 250.000 mètres cubes pour un coût de 75 millions d’euros, pourra accueillir à terme 1,1 million de saumons.
Si l’aquaculture est traditionnellement déjà bien développée dans les innombrables fjords du pays, le PDG de Salmar, Trond Williksen, a confié à l’AFP qu’actuellement l’essentiel de “la production se trouve à 95 % entre le rivage et l’océan” et que, de fait, la “possibilité de développer l’industrie dans cette zone est devenue limitée”. Pour lui, aucun doute, il faut “absolument développer l’élevage offshore” !
Installée à environ 10 km des côtes, la structure de design norvégien et fabriquée en Chine, est entièrement automatisée, mais 12 personnes y assurent une présence humaine 24h/24.
Les ONG sont inquiètes et dénoncent l’ampleur du projet
Pour le WWF Norvège, les autorités doivent de prendre conscience de deux problèmes majeurs liés à l’aquaculture intensive :
- La prolifération des poux de mer, un parasite qui peut entraîner une forte mortalité des saumons d’élevage mais aussi du saumon sauvage qui passe à proximité lorsqu’il quitte les rivières pour l’océan. Trond Williksen se veut d’ailleurs rassurant mais prudent : “À ce jour, nous avons zéro pou de mer, mais nous n’en sommes qu’au début”.
- Les évasions des saumons d’élevage dans la nature, puisque les installations en pleine mer sont plus exposées aux intempéries et aux vagues. Les saumons de pleine mer (sauvages) risquent d’être fragilisés génétiquement par leurs cousins d’élevage si ceux-ci venaient à s’échapper de leurs cages et se reproduisent avec eux.
L’ambition presque sans limite de la Norvège en matière d’élevage de saumon
Alors que la demande mondiale de saumon d’élevage ne cesse de croître, la Norvège, qui avec 1,3 million de tonnes par an, assure déjà plus de la moitié de la production de la planète, comme on le voit ne compte pas s’arrêter là.
Pourtant, l’élevage de saumon rejette déjà chaque année des déchets équivalents aux égouts produits par 11,9 millions de personnes, soit la population de Tokyo. Le tout non traité, et se déversant directement dans les fjords et tout le long de la côte norvégienne. Mais bien que le pays ait déjà été épinglé pour cette production peu durable, l’industrie salmonicole continue de faire pression pour augmenter la production, aux dépens de la santé publique et de l’environnement. Et, le gouvernement semble se soumettre à la volonté des multinationales.
Qui va profiter de cette manne ?
Non seulement, cette ferme (et celles qui risquent de suivre) pose un problème environnemental, mais elle évoque un problème démocratique, quand une industrie tient les rênes.
Surtout que, comme on peut s’y attendre, Salmar va engranger tous les bénéfices sans rien laisser aux communautés locales en contrepartie de l’utilisation du territoire marin et des risques pour les souches de poissons sauvages.
Illustration bannière : Saumon sauvage – © Gertjan Hooijer
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Beurk !!!