Nourrir les villes, l’exemple de Paris

Le constat est là : il faudra bientôt nourrir neuf milliards d’habitants. Parallèlement à cet accroissement de la démographie, la population mondiale s’urbanise de plus en plus, il faut donc se poser la question de comment nourrir durablement les villes en se penchant sur le cas de Paris.

Rédigé par Thaïs Tourneboeuf, le 21 Jun 2016, à 16 h 33 min
Nourrir les villes, l’exemple de Paris
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Durant la plus longue partie de notre histoire, les populations se concentraient principalement dans les campagnes, participant ainsi à la production de leur propre alimentation. Mais à présent cette tendance s’est inversée à l’échelle mondiale.  En France plus particulièrement, la part de la population urbaine, définie comme habitant des villes et villages d’au moins 1.000 habitants, a franchi le cap des 50 % au début des années trente, et d’après la Banque Mondiale, dépassait les 79 % en 2014.

Dans ce monde toujours plus urbain, comment va-t-on nourrir les villes ?

Nourrir les villes devient donc un véritable enjeu, surtout quand on sait que la population urbaine va certainement encore doubler d’ici 2050, et que les deux-tiers de la population mondiale vivra en ville. Il est donc grand temps de d’interroger les modes de production, de transport, de stockage, de vente, etc., comme le souligne Carolyn Steel, auteure du livre Villes affamées.

« Pour cela, nous avons besoin de la nature, c’est une chose avec laquelle nous devons faire » rappelle-t-elle lors d’une Up conférence, avant de souligner que les paysages sont entièrement conçus autour de productions destinées à l’homme, principalement pour sa nourriture. L’alimentation est un poste central de la consommation, sur lequel plusieurs acteurs ont la main.

L’importance de la sensibilisation des citadins très éloignés de la production de leur nourriture

Pour Carolyn Steel, l’alimentation durable passe d’abord  par l’éducation au goût, l’accès à des produits frais et la culture de la cuisine. De nombreux experts s’entendent à présent à dire qu’une alimentation moins carnée et plus variée favorise la durabilité des repas. Les marchés à ciel ouvert, particulièrement répandus en France, permettent d’avoir accès à des fruits et légumes frais, au coeur des villes.

La question des quantités doit aussi être interrogée. La vente en vrac, encouragée par la Mairie de Paris, permet par exemple de limiter le gaspillage. Des actions sont également menées dans les écoles, puisqu’à la maison, « le choix des aliments est souvent encouragé par les enfants donc il faut aller les toucher ! » souligne Carolyn Steel. En éduquant nos enfants au goût et aux repas à table, on les encourage à se nourrir correctement et plus tard à faire le choix d’une alimentation saine et durable.

Les politiques, des acteurs majeurs pour le bien manger

Si l’on parle souvent du rôle du consommateur, il ne faut pas oublier celui des politiques qui, s’ils ne peuvent décider de ce que l’on mange, devraient contribuer à encourager les bons comportements. Les acteurs politiques, par leurs programmes et par les lois qu’ils votent, ont des moyens d’action considérables et doivent donc se saisir des enjeux de l’alimentation notamment en ce qui concerne les marchés publics, les cantines scolaires et la facilitation d’installation de commerces d’alimentation durable.

Notre alimentation révèle nos comportements sociaux, économiques et notre rapport au vivant
a déclaré Antoinette Guhl, adjointe Économie Sociale et Solidaire à la mairie de Paris lors de la 83e Up Conférence

Dans la capitale française, plusieurs projets favorisant une alimentation durable, voient le jour : du bio dans les cantines, un projet de traitement des déchets organiques ou la réduction du gaspillage alimentaire. Celui-ci représente actuellement à Paris 25 kg de denrées consommables par personne et par an, soit trois fois plus que la moyenne nationale.

Faites vous une idée de l’étendue du gaspillage alimentaire en France grâce au Planetoscope

Mais le mode de production ne peut être seul vecteur d’une nourriture durable, le stockage et la provenance sont aussi visés.

Renouer avec l’agriculture et la production d’aliments

En effet, ces efforts ne suffisent pas si les denrées ne sont pas locales. Or, le système actuel et la taille des villes rendent difficile l’acheminement des récoltes de petits producteurs qui n’ont pas les moyens de transporter leurs productions régulièrement jusque dans les centres-villes. Ainsi, la plupart des marchés parisiens proposent en réalité des produits venus de loin, sourcés à Rungis, et seulement 3 % des aliments consommés à Paris sont produits en Île-de-France.

Pour encourager les productions locales, les agriculteurs et les consommateurs s’organisent aussi : AMAP,  réseaux solidaires, milieux associatifs, tous ces mouvements permettent de limiter les distances et les intermédiaires. Au coeur des villes se déroulent de nombreuses recherches pour développer des fermes urbaines et l’agriculture verticale. Mais actuellement, tous les aliments ne peuvent pas être produits directement au sein même des coeurs urbains, c’est pourquoi il est nécessaire de conserver des terres à proximité des villes afin, entre autres, de réduire les émissions dues aux transports.

Encourager l’implantation de fermes respectueuses de l’environnement et développer l’agriculture francilienne

Mais, compte tenu des fortes demandes d’achat de terrains à proximité de Paris, il est nécessaire que des actions politiques et des documents d’urbanisme soient mis en place pour limiter la transformation des champs en terrains constructibles.  Le droit de préemption est en cela un outil de pointe pour préserver des terres à des fins agricoles puisqu’il donne aux autorités locales la priorité d’achat pour se saisir de terres à un moindre coût. Le droit commun prime alors et le prix du terrain est bloqué outre les lois du marché.

Lire page suivante : au-delà des denrées, approvisionner Paris durablement

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Diplômée en aménagement durable des territoires, je m’intéresse depuis longtemps au rapport entre production alimentaire et écologie. Mon goût pour le...

3 commentaires Donnez votre avis
  1. il faut pas s’ inquiéter alors que les moteurs à très base consommation existent 1 litre aux 100 kms . Ainsi que le moteur à eau celui ci existe depuis les années 65 .On fait croire autre chose . La nourriture a base de plante et un fait réel; seulement voilà ceci mit sur le marché ne rapporterais plus suffisamment à ces industriels un partie de leur potentiel leur échapperaient.

    Une petite note en vers le mot BIO, qui celui m’ horripile ce mot est un cheval de Troie…. par le mot bio en veux aussi faire et croire beaucoup de choses aux consommateur des pesticide qui seraient sans danger mais toujours sortie de l’industrie mais soi-disant pas dangereux , naturellement il yà toujours des pesticide mais a faible dose on connait déjà ce que cela fait .

    Par contre dire une agriculture comme autre fois ou les fumiers et les purins de la ferme étaient utilisés , aujourd’hui on dit pas ça car avec le BIO par rapport a une agriculture comme autre fois dans le bio il y à des pesticides autorisés mais encore une fois dangereux dans le temps , encore une fois les industriels sont complices avec l’état car ça rapporte pour ce maintenir aux élections assez politiques cela fait une rentrée d’argent pour maintenir les comptes du citoyen empoisonnés

  2. on concentre tout dans les grandes villes avec les problèmes de logement, de transport, de pollution,etc… pendant ce temps les petit villages crèvent, cherchez l’erreur!!!!!……..

    • Tout à fait d’accord avec vous:quand on parcourt la France on voit en effet des villages dépeuplés à part quelquefois au moment des vacances et on entasse les populations dans les grands ensembles des villes avec tous les problèmes que ça génère.Je ne voyais pas les plans de développement comme cela, mais évidemment on a regroupé le travail tout aux mêmes endroits.

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