En plus de la production d’énergie et d’armes, le nucléaire peut avoir des finalités inattendues, dont le projet Rhisotope, actuellement mené en Afrique du Sud, est un exemple parfait.
Rendre les cornes de rhinocéros moins désirables et difficiles à transporter
Et si pour prévenir le braconnage de rhinocéros, il fallait recourir au… nucléaire ? C’est précisément l’idée qu’ont eue des équipes de l’Université de Witwatersrand, à Johannesbourg, et celles de l’Agence fédérale de l’énergie atomique russe (Rosatom). En effet, les rhinocéros sont très recherchés par le milieu du crime organisé pour leurs cornes. Vendues en poudre, elles sont très appréciées en Asie pour leurs supposées vertus médicinales. Vendues entières, elles font office de marqueurs de statut social pour leurs propriétaires.
Alors, pour empêcher que les rhinocéros d’Afrique du Sud ne soient tués (il faut savoir que ce pays abrite 90 % des rhinocéros qui restent encore dans le monde), un petit trou sera percé dans leurs cornes, et des isotopes stables de carbone et d’hydrogène y seront injectés. Les porteurs du projet espèrent que, ainsi contaminés, ces cornes n’intéresseront plus les consommateurs potentiels et donc les braconniers.
The Rhisotope Project’s mission is to keep these big grays from extinction due to poaching. Please follow us to stay up to date on our progress. #rhino #EndangeredSpeciesDay2021 #EndangeredSpecies #antipoaching #EndangeredSpeciesDay #TheRhisotopeProject pic.twitter.com/4R3v2fmjZO
— Rhisotope (@rhisotope) May 21, 2021
Ce procédé est également censé permettre aux douanes d’identifier plus facilement ces cornes dans les bagages des voyageurs internationaux. En plus, le transport de matériaux irradiés dans les bagages est interdit, les personnes qui risqueraient d’en transporter s’exposeraient à des poursuites sur ce point-là également.
Le trafic de cornes de rhinocéros, un business qui rapporte gros
Une diminution du trafic de cornes de rhinocéros devrait également permettre de combattre d’autres types de crimes. Comme l’expliquent les porteurs du projet, le trafic de cette denrée va toujours de pair avec l’un des quatre autres trafics : celui d’armes, de drogue, d’autres animaux (et de leurs produits) et d’êtres humains. Rien qu’en 2020, les recettes tirées du trafic d’animaux sauvages étaient estimées à 40 milliards d’euros. « Les cornes de rhinocéros valent plus que l’or ou la platine. Sur le marché noir, une corne peut être échangée contre des fusils », peut-on lire sur le site du projet Rhisotope.
Le projet Rhisotope intègre aussi un volet social. Il s’agira de créer une clinique mobile qui circulera autour des zones où vivent les rhinocéros, afin d’offrir des soins de base et distribuer gratuitement des médicaments. Les bénéficiaires recevront aussi des produits dérivés sur le thème des rhinocéros, pour leur rappeler qu’ils vivent côte à côte avec ces animaux, qu’ils font partie d’un même environnement. L’idée est de montrer aux gens qu’ils bénéficient plus de ces rhinocéros en vie que s’ils les tuaient.
Illustration bannière : Sauvegarde du rhinocéros blanc africain, Parc National du Kenya, Afrique – © Volodymyr Burdiak
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