Nutriscore : Danone l’a-t-il supprimé pour cacher la vérité ?

Les critiques les plus acerbes faites à certains produits de Danone portent sur la teneur en sucres des yaourts à boire.

Rédigé par Paolo Garoscio, le 15 Jan 2025, à 10 h 00 min
Nutriscore : Danone l’a-t-il supprimé pour cacher la vérité ?
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Le 14 janvier 2025, une tribune signée par 36 nutritionnistes et experts en santé publique, dont Serge Hercberg, créateur du Nutri-Score, secoue l’industrie agroalimentaire. L’objet du débat : des produits phares de Danone, tels qu’Actimel, Danonino ou HiPro, dénoncés pour des teneurs en sucre jugées excessives, malgré des allégations santé attractives. En toile de fond, la suppression controversée du Nutri-Score sur ces produits.

Les accusations formulées contre Danone : pourquoi avoir retiré le Nutriscore ?

En septembre 2024, Danone prend une décision majeure : retirer le Nutri-Score de ses produits phares comme Actimel et Danonino. Ce choix intervient après que l’algorithme de calcul du Nutri-Score a été modifié pour reclasser certaines catégories de produits.

  • Pourquoi ce changement ?
    L’algorithme revoit la classification des produits sucrés en tant que boissons plutôt que desserts lactés. Résultat : les Actimel aux fruits, initialement notés B, tombent à D, voire E pour certaines gammes. Les versions nature sans sucres ajoutés, plus favorisées, conservent une note B.
  • Les implications pour les consommateurs
    En supprimant le Nutri-Score, Danone prive les consommateurs d’un outil essentiel pour évaluer rapidement la qualité nutritionnelle de ses produits. Selon Serge Hercberg, ce retrait est une tentative de masquer des teneurs élevées en sucres ajoutés, particulièrement mal notées.
Produit Note initiale Note révisée Teneur en sucres (g/100 ml)
Actimel nature A B 4,0
Actimel fruits B D 10,8 à 11,9
HiPro B D 9,5

Étiquette nutriscore © wwwebmeister

Des produits trop sucrés, comparables à des sodas

Les critiques les plus acerbes faites à certains produits de Danone portent sur la teneur en sucres des yaourts à boire. Les nutritionnistes, dans la tribune, pointent du doigt une concentration en sucres souvent supérieure à celle des sodas. Avec jusqu’à 11,9 g de sucre pour 100 ml, certains Actimel aux fruits dépassent les 10 g/100 ml du Coca-Cola. En comparaison, d’autres boissons comme Capri-Sun et Oasis contiennent entre 7 et 10 g/100 ml.

Ces quantités de sucres ajoutés contribuent directement à des risques accrus de diabète, d’obésité, et de maladies cardiovasculaires, particulièrement chez les jeunes consommateurs ciblés par ces produits. Pourtant, Danone continue de les promouvoir comme des alliés pour la santé, en mettant en avant leurs probiotiques, vitamines D, et calcium. Cette communication est qualifiée de trompeuse par l’UFC-Que Choisir, qui rappelle que les bénéfices revendiqués ne compensent pas les effets délétères des sucres ajoutés.

La défense de Danone : contester le Nutriscore

Danone se défend en affirmant que ses produits sont des desserts lactés et non des boissons. Selon l’entreprise, leurs yaourts à boire doivent être consommés dans le cadre des repas et non comme substituts hydratants, comme c’est le cas pour les sodas.

« La grande majorité de nos consommateurs se servent du yaourt à boire comme un dessert. Le premier substitut d’un Actimel, c’est donc un yaourt à la cuillère et non un verre de coca, comme le sous-entend le Professeur Hercberg. C’est cette interprétation qui nous pose problème, pas l’affichage nutritionnel en lui-même », explique Danone interrogée par RMC Conso.

  • Les arguments avancés par Danone
    • Les produits contiennent des protéines et du calcium, essentiels pour une alimentation équilibrée.
    • Le lactose présent, un sucre naturel du lait, représenterait une part significative des sucres totaux.
    • Les produits sont recommandés à raison de deux portions par jour par les autorités nutritionnelles.

Les nutritionnistes rejettent cette classification. Serge Hercberg considère ces produits comme des en-cas ou snacks, souvent consommés en dehors des repas, ce qui augmente l’apport calorique quotidien de manière insidieuse.

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Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.

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