A-t-on vraiment besoin d’un super-ordinateur pour repérer les tempêtes, quand on possède une grive fauve ? C’est ce qu’a découvert un chercheur du Delaware.
Des milliers d’années d’évolution
Au fond, aucun algorithme ou analyse statistique ne saurait rivaliser avec des milliers d’années d’évolution… Un chercheur du Delaware a découvert qu’un simple oiseau pouvait prédire les saisons des ouragans. Plus exactement la grive fauve (Catharus fuscescens), qui appartient à la famille des Turdidés et à l’ordre des Passériformes. Comment ? En observant leur comportement, tout simplement. Christopher Heckscher, de l’université de l’État du Delaware a passé de nombreuses années à étudier ces espèces.
Cet oiseau coloré migre chaque printemps, depuis des millénaires, du sud de l’Amazonie vers le nord, entre Delaware et Canada. Le chercheur les étudiait au sein des forêts du White Clay Creek State Park. C’est ainsi qu’il a pu se rendre compte que ces oiseaux avaient aussi évolué au gré des intempéries et des tempêtes.
Un lien avec la durée de la saison des amours
Ainsi, ce simple oiseau permet de savoir que la saison des ouragans serait plus forte qu’à l’habitude en 2019, juste en observant les modifications de son comportement. En effet, certaines années, ces oiseaux interrompent plus tôt leur saison des amours. Pourquoi donc ? Manque de nourriture ? Météo trop chaude ou trop froide ? C’est en fait parce que, ces années là, il y aurait plus de tempêtes tropicales sur la route de leur migration !
Une fois repérée cette concordance entre comportement et tempête, le chercheur a regardé comment transformer cette idée en données, même s’il ne croyait pas trouver de lien entre les deux. Avec vingt ans de recherches sur lesquelles se fonder, Christopher Heckscher s’est rendu compte non seulement que le lien entre durée de la saison des amours et la future activité des tempêtes tropicales était une réalité, mais aussi que le nombre d’oeufs dans chaque nid indique si la saison des tempêtes sera normale, faible ou très active. En effet, les femelles pondent moins d’oeufs les années les plus actives.
Mieux prévoir les tempêtes tropicales
Le fruit de ces recherches fera l’objet d’un documentaire diffusé sur Netflix. Le plus incroyable ? L’écart de temps existant entre la période des amours de ces oiseaux, entre mai et juin, et la saison des tempêtes, de septembre à novembre. Ainsi, bien au-delà des modèles prédictifs informatiques, ces oiseaux sont liés à leur environnement au point de pouvoir synchroniser leur saison des amours avec l’activité météorologique… Un lien qui reste encore un mystère.
Il se peut, mais cela demeure une hypothèse, que ces oiseaux, durant leur voyage vers le Nord, captent les écarts de température entre mer et surface, facteur clé dans le développement et la force des tempêtes. Pourrait-on trouver comment font ces oiseaux pour réduire le degré d’imprécision demeurant encore dans les prévisions météo des tempêtes tropicales diffusées chaque année en juillet et août ? Qui sait ?