Optique, dentaire, audition : 3 professionnels sur 4 sont hors des clous sur le ‘100 % santé’
On pensait que l’offre « 100 % santé » allait faire disparaître les lunettes trop chères et les appareils auditifs hors de prix.

Les professionnels de santé continuent de recourir à différentes stratégies malhonnêtes afin de détourner leurs patients du dispositif « 100 % santé » au profit d’une offre à prix libre.
Une avalanche d’irrégularités autour du « 100 % santé »
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) vient de publier le bilan de son vaste contrôle sur les professionnels de santé concernés par le dispositif « 100 % santé ». Plus de 1.300 établissements (opticiens, audioprothésistes et dentistes) ont été passés au crible. L’objectif ? Évaluer leur respect des obligations d’information envers les consommateurs, en particulier sur l’accès aux équipements sans reste à charge. Le résultat est sans équivoque : les manquements sont légion, parfois graves, souvent systématiques. Et ce, malgré les ambitions affichées du gouvernement.
Le principe du « 100 % santé » repose sur un engagement simple : permettre à tout assuré bénéficiant d’une complémentaire santé solidaire d’accéder à des soins optiques, dentaires ou auditifs sans avancer le moindre centime. Pourtant, selon la DGCCRF, cette promesse se heurte à des pratiques bien moins vertueuses. Les enquêteurs ont ainsi constaté des devis incomplets, erronés ou volontairement obscurs. Chez certains audioprothésistes, il manquait des données essentielles comme le nom du professionnel ou la date de la prescription. Du côté des opticiens, c’est parfois le matériau des verres ou le taux de remboursement qui disparaissait du document. Et chez les chirurgiens-dentistes, le flou était tel que certaines alternatives thérapeutiques moins coûteuses n’étaient même pas mentionnées. Pire encore : dans plusieurs cas, les patients recevaient un devis affichant un reste à charge… pour une offre censée être gratuite.
Une stratégie de discrédit délibérée
Le contrôle de la DGCCRF ne s’est pas limité à la conformité des devis. Il s’est aussi penché sur la manière dont l’offre est présentée au public. Et là encore, les résultats sont édifiants. Dans de nombreuses enseignes, les produits relevant du « 100 % santé » étaient relégués en fond de magasin, avec un étiquetage minimal ou carrément inexistant. Dans d’autres cas, ils étaient affublés de qualificatifs méprisants comme « entrée de gamme » ou « basique ».
Un chirurgien-dentiste a même été pris la main dans le sac, décrivant l’offre comme temporaire et les matériaux comme susceptibles de casser rapidement. Ces stratégies de dévalorisation, sournoises mais efficaces, contribuent à détourner les patients vers des options plus lucratives, bien que moins accessibles.
Le « 100 % santé », nouvelle cible des réseaux frauduleux
Le tableau serait incomplet sans évoquer l’élément le plus troublant du rapport : l’émergence de réseaux criminels exploitant le dispositif pour monter des arnaques en série. L’administration a mis en lumière des pratiques illégales de démarchage à domicile dans le secteur des audioprothèses, interdit par la loi. Des personnes vulnérables étaient manipulées pour acheter des équipements qu’elles n’avaient ni demandés, ni compris.
Les conséquences allaient au-delà du simple abus financier. Certains patients se retrouvaient mal équipés, ce qui posait de véritables risques sanitaires. La DGCCRF a transmis plusieurs signalements aux parquets, en vertu de l’article 40 du Code de procédure pénale, notamment pour escroquerie et abus de faiblesse. La Sécurité sociale, de son côté, a été sollicitée pour lancer des contrôles.
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