Ce n’est qu’une étape, mais elle est fondamentale : un patient aveugle a retrouvé une partie de sa vue à la suite d’une thérapie expérimentale sur laquelle les chercheurs fondent de plus en plus d’espoirs. Un succès réalisé par une équipe internationale dont des chercheurs français. Mais on est encore loin d’avoir soigné la cécité…
L’optogénétique et le traitement de la cécité
Pour réussir cet exploit, dont les résultats ont été publiés dans la revue Nature Medicine le 24 mai 2021, les professeurs José-Alain Sahel et Botond Roska, accompagnés d’une équipe multidisciplinaire de l’Institut de la Vision (Sorbonne Université/Inserm/CNRS), de l’hôpital d’ophtalmologie des Quinze-Vingts, de l’université de Pittsburgh, de l’Institut d’ophtalmologie moléculaire et clinique de Bâle et des sociétés Streetlab et GenSight Biologics, se sont basés sur l’optogénétique(1).
Cette technique, explique l’Inserm dans un communiqué de presse, « consiste à modifier génétiquement les cellules afin qu’elles produisent des protéines sensibles à la lumière dites ‘channelrhodopsines’ (rhodopsine canal) ». Pour résumer, il s’agit d’injecter un virus génétiquement modifié dans la rétine du patient et de se servir de lumières pour contrôler les neurones. Ainsi, des lunettes spéciales, équipées d’une caméra qui filme la scène et la projette les images dans la rétine du patient non-voyant, sont indispensables.
Une thérapie expérimentale développée depuis le début des années 2000 et qui semble porter ses fruits puisque la recherche a prouvé qu’elle peut « partiellement restaurer la vision chez un patient aveugle », c’est-à-dire qu’il a pu voir les contours d’objets contrastés.
🔴Un patient aveugle retrouve partiellement la vue grâce à une thérapie optogénétique.#Communiqué sur cette #découverte disponible sur la Salle de Presse https://t.co/5ztzcoUYZi pic.twitter.com/HAVkk4CShN
— Inserm (@Inserm) May 25, 2021
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Soigner les maladies héréditaires des photorécepteurs
Si les chercheurs se félicitent de cette réussite, c’est qu’il s’agit de la première fois que l’optogénétique « est utilisée sur l’humain et que ses bénéfices cliniques sont démontrés ».
Mais la recherche n’en est qu’à ses débuts : si le patient a pu recouvrer une partie de sa vue, sa vision est restée floue. De plus, c’est une maladie dégénérative très précise, la rétinopathie pigmentaire, qui a été ciblée.
Il aura fallu cinq mois au patient, avec l’aide des chercheurs et des lunettes spécialement conçues, pour que les cellules ciblées par la thérapie se stabilisent. Et ce n’est que sept mois après l’injection que « le patient a commencé à rapporter des signes d’amélioration visuelle. Les résultats des tests montrent qu’avec l’aide des lunettes, il peut désormais localiser, compter et toucher des objets », précise le communiqué de l’Inserm.
Illustration bannière : Optogénétique, un espoir pour les personnes non-voyantes – © Prazis Images
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