En Chine, des Ouïghours, une population minoritaire, sont exploités pour récolter du coton. Quatre géants du textile sont accusés d’avoir profité de leur travail. Fin juin 2021, le parquet national antiterroriste a ouvert une enquête pour « recel de crimes contre l’humanité », après une plainte des associations Sherpa et Éthique sur l’Étiquette, ainsi que d’une femme chinoise rescapée d’un camp d’internement.
« Recel de travail forcé et de crimes contre l’humanité »
Que cache le vêtement que vous portez ? Dans certains cas, il a été fabriqué dans des conditions qui relèvent de l’esclavage.
Alors que plusieurs marques comme H&M, Nike ou Adidas y sont sensibles et boycottent certains cotons, d’autres n’en ont cure. C’est le cas des multinationales Inditex (Zara, Pull&Bear, Massimo Dutti, Bershka, Stradivarius, Oysho et Uterqüe), Uniqlo, SMCP (Sandro, Maje et de Fursac) et de Skechers. Elles ont d’ailleurs été visées en avril 2021 par une plainte.
Cette plainte a été déposée par l’association anti-corruption Sherpa, le collectif Ethique sur l’étiquette, l’Institut ouïghour d’Europe (IODE) ainsi qu’une femme ouïghour ayant été internée dans la province du Xinjiang (nord-ouest de la Chine).
Elles accusent les quatre multinationales de « recel de travail forcé et de crimes contre l’humanité ». Car en effet, la communauté Ouïghour est visée depuis de très nombreuses années. Dans la région du Xinjiang, cette minorité musulmane sunnite est contrainte au travail forcé notamment pour la récolte du coton.
Pékin est accusé d’avoir interné depuis 2017 plus d’un million de Ouïghours dans des centres de rééducation politique. Des ONG évoquent même un génocide.
Une enquête « historique »
Quelques mois plus tard, l’affaire continue et le parquet national antiterroriste a ouvert une enquête pour « recel de crimes contre l’humanité » fin juin 2021. Une enquête « historique » selon le député européen Raphaël Glucksmann qui a réagi sur Twitter. Il estime que les quatre géants du textile « risquent des amendes record et des poursuites pénales ».
Les multinationales ont longtemps été au-dessus des lois. Nous allons leur montrer que le droit s’applique à tous, même aux plus puissants et aux plus riches. Cette enquête est un moment clé d’un combat plus vaste. Une autre étape cet automne : le devoir de vigilance européen.
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) July 1, 2021
Selon les associations qui ont déposé plainte, ces multinationales ne font pas assez d’efforts pour lutter contre l’esclavage des Ouïghours. Riches et puissantes, il est probable qu’elles se sentent inattaquables.
Reste à savoir si les clients, en apprenant que les vêtements qu’ils achètent cautionnent peut-être un recel de crime contre l’humanité, boycotteront ces marques…
Illustration bannière : Femmes ouïghoures dans une usine de fabrication de vêtements – © Azamat Imanaliev / Shutterstock
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