Les stratégies employées par les ours pour chercher des oeufs ne sont pas optimales, témoignage de leur impréparation naturelle à ce type de recherche de nourriture. Un autre mauvais présage pour la capacité des ours à survivre à ce monde en mutation…
En conditions de fonte de la banquise, les ours polaires exhibent une stratégie de recherche de nourriture dangereuse pour eux
Réchauffement climatique oblige, les ours polaires passent davantage de temps à terre. Si, par le passé, s’aventurer sur la terre ferme était un comportement marginal pour eux – l’ours polaire, ou ours blanc, est excellent nageur et trouvent surtout sa nourriture en nageant sous la banquise – aujourd’hui, affamés, ils passent beaucoup plus de temps à arpenter la terre ferme à la recherche de nourriture.
Mais, à en croire une étude publiée dans la revue Royal Society Open Science, ils parviennent assez médiocrement à trouver de la nourriture sur ce « terrain nouveau » pour leur espèce.
L’équipe de Patrick Jagielski, de l’Université de Windsor, s’est intéressée aux stratégies de recherche de nourriture employées par les ours polaires dans ce nouvel environnement. La théorie scientifique, basée sur l’observation de centaines d’espèces dans leur milieu naturel, nous apprend que les animaux ont tendance à économiser leurs efforts.
Dès qu’ils trouvent une proie, ils finiront de la manger plutôt que de se déplacer pour en chercher d’autres. On aurait pu croire que les ours polaires emploieraient la même stratégie. Mais en réalité, ce n’est pas le cas.
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Les ours polaires ne seraient pas adaptés à la recherche de nourriture à terre
Pour observer les ours polaires, les chercheurs les ont filmés pendant 11 jours à l’aide de drones sur l’île de Mitivik (Canada). Ces enregistrements, d’une durée totale de 995 minutes, montrent que, se nourrissant d’oeufs d’eiders, les ours se déplacent de nid en nid, sans forcément finir l’ensemble des oeufs qu’ils trouvent.
Vers la fin de la saison, ils se montrent néanmoins plus scrupuleux. Ils n’hésitent même pas à manger les oeufs souillés par des excréments, une défense naturelle que les eiders mettent en oeuvre contre les prédateurs.
Les scientifiques ont également vu les animaux errer de nid vide en nid vide ne pouvant prédire de loin s’ils contenaient des oeufs -ils ne semblent pas faire le lien entre la présence de canards et la possibilité de trouver des oeufs – gaspillant ainsi une énergie précieuse !
Ainsi, privés de phoques et autres animaux marins, les ours polaires consacrent des efforts importants à ces déplacements. Selon les chercheurs, il se pourrait que cette espèce ne soit tout simplement pas adaptée à la recherche de nourriture sur terre, les ours pourraient ne pas se rendre compte qu’ils utilisent une stratégie qui est loin d’être optimale car elle les épuise.
Quel impact sur les oiseaux sauvages ?
L’impact sur les oiseaux de mer n’est pas encore très clair. Les ours polaires ne sont visiblement pas de grands chasseurs d’oeufs, mais si toute les populations d’ours blancs adoptaient ce style d’alimentation et attaquaient davantage les colonies d’oiseaux, cela pourrait éventuellement mettre en danger les eiders et autres volatiles…
Il est pourtant fort probable qu’au fur et à mesure que la pression va augmenter, les oiseaux vont simplement déplacer leurs lieux de nidifications vers d’autres zones éloignées des ours polaires affamés ! Ce régime ne devrait donc pas pouvoir fournir une source de nourriture durable pour Ursus maritimus, espèce classée « vulnérable » sur la liste rouge UICN.
Illustration bannière : Le rétrécissement toujours plus accentué de la banquise a une conséquence directe sur l’alimentation des ours blancs, en limitant leurs possibilités de chasser le phoque qui est leur proie de prédilection – © critterbiz
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