Les ours polaires, une espèce normalement sédentaire, ont dû adapter leur comportement à l’évolution de leur habitat sous l’effet du changement climatique.
Les ours polaires ont dû changer radicalement leurs habitudes
C’est bien connu : la banquise ne cesse de fondre. Sa surface a diminué de 3,4 % en moyenne chaque année depuis 2000. En d’ici 2050, l’Arctique pourrait être totalement privé de glace pendant l’été. La fonte de la banquise est préjudiciable à l’écosystème arctique à plus d’un titre. Parmi les espèces qui souffrent de ce phénomène, il y a les ours polaires. Avant, pour vivre et chasser, ces mammifères choisissaient surtout des zones épicontinentales, où la profondeur de la mer ne dépasse pas les 300 mètres : ils pouvaient facilement y trouver des phoques. Il leur suffisait alors de se poster sur la banquise, près d’un trou de respiration où les phoques ont l’habitude d’apparaître pour les capturer facilement.
Mais avec la fonte de la banquise, les ours polaires ont dû abandonner les habitudes qu’ils avaient depuis des siècles. Aujourd’hui ils sont obligés de parcourir des centaines de kilomètres sur la banquise et nager des jours durant pour trouver à se nourrir. Un ours polaire mange aujourd’hui une fois tous les 3,4 jours en moyenne (cette durée pouvant varier de 0,7 jour à 9,7 jours), tant il leur est difficile de trouver des proies, ont calculé les chercheurs Anthony M. Pagano et Terrie M. Williams, dont l’article est paru le 24 février 2021 dans la revue Journal of Experimental Biology (1).
L’ours polaire, un géant vulnérable face au changement climatique
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« Se nourrir pour avoir les forces de chasser », le cercle vicieux pour les ours polaires
Et il ne s’agit pas non plus de chasser de la même manière. Les chercheurs ont calculé que cette chasse « active » comparée à la simple attente d’un phoque devant un trou de respiration oblige les ours à dépenser 4,3 fois plus de calories. Logiquement, cela veut dire qu’ils ont aussi besoin de se nourrir davantage rien que pour être en mesure de chasser.
Dans le cadre d’une autre étude menée précédemment, les chercheurs avaient calculé que 16 % des ours polaires vivant dans la baie d’Hudson, au Canada, mourraient s’ils n’avaient pas accès à la nourriture pendant 162 jours ou plus. Ces ours, dont l’habitat naturel est la glace, passent aujourd’hui 130 jours au sol. C’est 3 semaines de plus que dans les années 1980.
Illustration bannière : Les ours polaires ont de plus en plus de mal à trouver de la nourriture sur la banquise © Jan Martin Will
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