L’Outarde canepetière (Tetrax tetrax) est un oiseau qui vit au sol et dont la population migratrice a vu ses effectifs passer de 6.800 à 313 mâles chanteurs – seuls les mâles sont comptés grâce à leurs chants – entre 1978 et 2016. Ceci correspond à une diminution de 95 % de la population. Aujourd’hui, une réelle mobilisation s’est lancée pour sauver l’espèce.
Protéger et restaurer les milieux de l’Outarde canepetière
Nombre d’espèces sont sensibles à leur environnement et ont besoin de bonnes conditions pour pouvoir se maintenir et prospérer. L’Outarde canepetière ne déroge pas à cette règle.
Elle fréquente les plaines agricoles dans lesquelles elle trouve sa subsistance et notamment des orthoptères (criquets, etc.). Et pas qu’un peu… Les jeunes, à eux seuls, ont besoin d’environ 150 de ces insectes par jour pour grandir correctement, sans compter les brins d’herbe fraîche !
Avec les changements de méthodes agricoles, l’agrandissement des parcellaires notamment avec le remembrement, mais aussi l’utilisation de produits phytosanitaires, c’est tout ce dont à besoin l’Outarde canepetière pour son épanouissement qui a été bousculé.
Si l’agriculture moderne a joué un grand rôle dans la diminution catastrophique des effectifs de l’Outarde canepetière, il y a cependant d’autres causes l’artificialisation des sols.
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Comment cohabiter intelligemment avec l’Outarde canepetière
Stopper l’artificialisation des sols
Comme dans malheureusement bien des endroits, l’artificialisation des sols est un réel problème pour l’Outarde canepetière : elle perd des zones où se nourrir et se reproduire. Routes, logements et autres activités professionnelles ont trop grignoté sur l’habitat de l’espèce qu’il s’agit désormais de préserver.
Réfléchir les projets d’énergie verte
L’éolien et le photovoltaïque, s’ils partent d’une nécessité à produire des énergies renouvelables, doivent cependant être réfléchis en perspective à la présence d’espèces en difficulté telles que l’Outarde canepetière.
L’impact de la couverture des sols, de la forme même de ces centrales de production d’énergie mais également le bruit des éoliennes ont un impact que l’on mesure encore mal sur la conservation de l’espèce.
Il s’agit donc de prendre en considération tous ces aspects pour éviter que cela ne soit dramatique pour notre Outarde.
Changer les pratiques agricoles
Certaines pratiques agricoles, telles que la fauche trop rapide ou même la fauche de nuit, sont particulièrement catastrophiques pour cette espèce qui niche au sol.
Mais outre le travail sur la mécanisation raisonnée en fonction des contraintes de conservation de l’espèce, il s’agit également de réfléchir les rotations de culture et la polyculture/élevage afin que les pratiques agricoles ne nuisent plus à ce magnifique volatile.
Un programme d’élevage et de réintroduction
La réintroduction consiste à reconstituer des populations d’une espèce dans des secteurs où elle a disparu ou dans lesquels elle est en forte difficulté, on appelle alors cela des renforcements de populations.
Pour que la chose soit envisageable il faut être en mesure de reproduire ces animaux en captivité, ce qui est déjà un sacré exploit en soi, et pouvoir les réintroduire dans des zones favorables à l’espèce.
Or c’est, actuellement, déjà 10.000 hectares de plaines agricoles qui sont conventionnées en faveur de l’outarde canepetière. C’est-à-dire que les agriculteurs reçoivent une compensation financière de 510 euros par hectare pour planter et travailler de manière favorable à l’espèce.
Il ne reste donc plus qu’à ce que l’élevage conservatoire en vue de réintroduction tourne à plein régime. Le parc animalier Zoodyssée et ses 40 spécimens sont donc de la partie et ont intégré le Plan National d’Action (PNA) qui oeuvre à la sauvegarde de l’espèce sur la période 2019-2028 !