Chacun sa PAC
L’application des décisions de la PAC reste soumise à la volonté des États membres. Ainsi, on peut considérer que les négociations se font en deux étapes : la première au sein de l’UE, la seconde, au niveau national.
Quant aux évolutions à venir de la PAC européenne, elles pourraient bien se calquer sur le modèle US.
Entretien avec Vincent, conseiller à la FNSEA :
« Les États-Unis ont laissé tombé les aides directes, pour privilégier les assurances et la gestion du risque. Le budget européen est serré, et l’idée de calquer le modèle sur celui des Etats Unis n’est pas nouvelle…
La tendance défendue est que plus de verdissement rend les agriculteurs moins dépendants des aides. Si tout le monde touche moins qu’avant, on atteint l’objectif de convergence. Certains exploitants ne touchent pas d’aides mais reçoivent des soutiens industriels. En 2020 on risque d’abandonner le système actuel pour se diriger vers un modèle inspiré des États-Unis. »
Il semble que les faits confirment ces dires, car a l’issue des dernières délibérations, une partie du budget du pilier 2 pourra être utilisée pour la gestion des risques par des assurances privées. Cette PAC est « une PAC de transition dans un contexte de restriction budgétaire due à la crise.«
Dans un contexte de crise prolongée de l’agriculture, la PAC proposée par l’Europe semble bien peu convaincante au regard des objectifs et promesses initiaux, et des attentes des consommateurs européens.
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illustration : © CC, Jesper Dyhre Nielsen
Bien mauvaises nouvelles, mais pas surprenantes ; le capitalisme est totalement incompatible avec l’écologie
Quand on pense qu’il y a des agriculteurs de la Beauce qui touchent 320.000€ alors qu’ils n’en ont pas besoin, c’est le scandale de la FNSEA, qui privilégie les gros au détriement des petits et surtout des bios…..
On marche sur la tête en France…..
Bonjour Maxime
Il n’y a pas qu’en France c’est toute l’Europe agricole qui continue à aller dans le mur. En Allemagne on méthanise du lisier mais ensuite pour composter les digestats il faut leur incorporer du maïs cultivé à grand renfort d’engrais, de pesticides, voire d’OGM et évidemment de subventions…Ces subventions sont de plus en plus découplées c’est à dire indépendantes des plantes cultivées mais elle ont été calculées il y a plusieurs années selon un barème qui était d’environ 400-450€ / ha pour les céréales en France, Allemagne, Benelux , contre 80€ pour l’herbe, donc favorisant outrageusement les grandes exploitations céréales / élevage industriel par rapport aux élevages plus petits moins intensifs. Ceux qui avaient fait quelques efforts pour verdir ou qui ne pouvaient pas s’intensifier sont pénalisés par rapport à ceux qui n’ont pas levé le petit doigt. Sur 100€ par foyer fiscal et par an que coute la PAC 80% vont à 20% des exploitations. La FNSEA est certes responsable d’un fort lobbying, mais la Coordination rurale, qui est à égalité aux élections des Chambres d’Agriculture avec 40-45% des voix, est très frileuse sur le verdissement. Seule la Confédération Paysanne (15% des voix) a pris résolument le parti d’une transition vers le bio.
http://www.confederationpaysanne.fr/actu.php?id=1420&PHPSESSID=lhktgt9ucmha34jbnv1cf0ife7
Aller vers le bio implique de réorganiser les filières mais il n’y a aucun budget pour cela, car le lobby agroalimentaire s’y oppose. Je crois que l’évolution ne viendra pas de la profession agricole ni des politiques, mais de la pression du secteur touristique et des opinions publiques, lassées du saccage environnemental et de la qualité dégradée de l’alimentation.
Je n’ai pas d’amitié spéciale pour Nicolas Hulot mais j’observe que sa fondation relaie une pétition pour une réforme verte
https://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/r%C3%A9formons-la-politique-agricole-commune-pour-une-agriculture-et-une-alimentation-d-avenir-pac-ifieldgood?utm_source=action_alert&utm_medium=email&utm_campaign=22164&alert_id=kypBAnmgib_BlUIoXtkle
Bonjour
Merci pour ce très bon article
Je confirme le constat de Eric, je vais de temps en temps dans le Gers où je ne vois que maïs, tournesol, un peu de soja et de vignes bien « saucés » dans des champs de 10 à 30-50 hectares, des parquets de poulets et quasiment aucun élevage animal dehors.
Dans les Landes, il y a certaines grandes exploitations de carottes, irriguées à 1000mm d’eau par an, où les fanes (coupées avant arrachage) étaient restituées au sol après compostage, ceci n’est même plus possible tellement les fanes contiennent de résidus de pesticides.
Les grandes exloitations vont continuer à truster les subventions, voire acheter des terres en Roumanie ou en Bulgarie (certains consortiums en sont à 50 000 hectares), pas de financements pour la formation technique de ceux qui voudraient passer au bio, ni pour réorganiser les filières.
Le jour où les moyens et petits agriculteurs, en particulier les éleveurs non industriels, verront clairement que leur avenir est dans le bio et voteront pour d’autres syndicats que la FNSEA (présidée par..le président de Sofiprotéol, plus gros groupe européen de protéagineux huiles et tourteaux pour l’élevage industriel) les choses changeront un peu plus vite.
Pour le moment, il y a du souci à se faire avec un ministre de l’agriculture qui récupère à son propre compte le mot agroécologie, laquelle se résume pour lui à un peu moins de pesticides (et encore les années où il ne pleut pas trop) et à la méthanisation du lisier de 1000 fermes (continuons à faire du porc industriel, ça fera du gaz). Ici en Normandie je vois des blés irrigués grâce à des subventions ! Que faire, sinon acheter le plus possible de produits bio, et tenter de parler avec les consommateurs et les agriculteurs pour comprendre et faire comprendre.
Je vis à la campagne dans le sud-ouest. Ici c’est l’agriculture intensive du maïs qui domine. Ces quarante dernières années j’ai assisté à la disparition totale de la plus part des espèces de poissons dans les rivières, et des libellules, hannetons, papillons, abeilles et d’un tas d’autres insectes qui étaient encore abondants dans les années 60. Les oiseaux n’ont pas été épargnés. Et que dire des fleurs et plantes sauvages.
La campagne a été javélisée par les pesticides et engrais.
la nombre de cancers chez les jeunes dans les villages est totalement anormal.
Et encore je n’ai pas connu la disparition des haies bocagères dans les années 50. Et l’abondance de la faune et de la flore sauvage qu’a connu mon père.
Quand est-ce que s’arrêtera le massacre ?
Il est urgentissime de renverser la vapeur si il n’est pas trop tard.
Je suis tout à fait d’accord avec vous. Plus d’insectes, plus d’oiseaux dans nos campagnes qui se transforment de plus en plus en désert. C’est en effet très inquiétant et je n’ai pas l’impression que les pouvoirs publics se préoccupent vraiment de la destruction des écosystèmes, enfermés qu’ils sont dans leurs bureaux. Je pense que nos enfants connaîtront hélas un monde totalement stérile si l’on ne change pas d’optique en favorisant une agriculture plus respectueuse de l’environnement et des consommateurs.