La palourde est un genre de mollusques bivalves qui filtre inlassablement les eaux dans lesquelles elle évolue… afin de se nourrir. Bien plus qu’un simple coquillage que l’on ramasse sur la plage pour ramener chez soi un souvenir, c’est un animal étonnant dont la présence indique si le milieu est de qualité ou non. Découvrons ensemble une espèce de notre biodiversité ordinaire, ignorée de beaucoup alors même qu’elle a bien toute sa place chez nous.
La palourde commune, un petit coquillage bivalve fouisseur
La palourde commune (Venerupis decussata) est un coquillage généralement de forme ronde ou ovale pouvant atteindre 7,5 cm pour une moyenne de 5 cm. De couleur blanche à blanc crème, certaines bandes radiales peuvent des fois être légèrement violacées.
La plupart des palourdes, car il en existe plusieurs espèces en eau de mer comme en eau douce, ont une période de reproduction qui court de juin parfois mai, à septembre, tout comme notre palourde commune.
Présente historiquement sur toute la façade Atlantique, la palourde commune possède une aire de répartition qui va de la mer du Nord et des îles britanniques jusqu’à l’Afrique en passant par la Manche et la Mer du Nord.
Elle affectionne les substrats mous tels que les sables, les graviers boueux et autres vases qu’elle fréquente sur toute la côte, les estuaires et même les étangs d’eau saumâtre dans lesquels elle ne se déplacera pas de plus de 6 m par an.
Particularités de la palourde
La palourde est un mollusque filtreur qui s’enfonce jusqu’à 15 cm dans le sol. Équipé, si l’on peut dire, d’un siphon entrant qui filtre grossièrement l’eau, elle est également munie d’un siphon sortant qui recrache les excréments.
L’eau acheminée par le siphon entrant passe alors dans les branchies de la palourde qui vont filtrer plus précisément plancton et autres matières organiques en suspension dont elle va se nourrir. Filtrée par les branchies, la nourriture est alors acheminée vers la bouche par des muscles spécifiques.
Statut actuel de l’espèce
La palourde commune n’est tout simplement pas réglementée, ses effectifs semblants stables jusqu’alors.
Les menaces pas légères qui planent sur la palourde
Les polluants
Les polluants sont très certainement la première source d’inquiétude concernant la palourde commune mais aussi pour tous les animaux filtreurs.
Hydrocarbures, métaux lourds, plastiques… Les palourdes sont aux premières loges de ce type de pollution car elles les intègrent directement et rapidement dans leurs organismes. C’est aussi pour cela qu’elles sont considérées comme des bio-indicateurs (espèces sentinelles) de la qualité des milieux dans lesquels elles évoluent.
La pêche de loisir
La majeure partie des palourdes proposées dans le commerce et en restauration sont des palourdes d’élevage (attention tout de même au bilan carbone, 98 % de la production mondiale se situe en Chine) mais de nombreuses personnes ramassent également les palourdes à marée basse.
Si la chose n’a pas d’incidence quand seule la population locale se prête à l’exercice, on peut aisément imaginer qu’un trop grand nombre de touristes ramassant des coquillages puisse avoir un impact sur les populations d’une espèce qui met tout de même 3 à 4 ans à arriver à maturité.
Le réchauffement des eaux
Il n’existe pas d’étude sur la palourde commune, mais sur une autre palourde : la palourde japonaise (Ruditapes philippinarum) bien présente dans le bassin d’Arcachon (environ 450 t ramassées et commercialisées chaque année).
Or, les tendances de l’état des stocks basées sur des modélisations des effectifs en fonction des différents facteurs de températures, prédisent une diminution significative de la population de cette palourde.
La prise en compte du développement des pathologies ou de l’apparition de nouvelles dues au réchauffement des eaux est cependant trop complexe pour modélisée, même si cette donnée est de facto à intégrer à court et moyen terme.
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Comment aider la palourde commune ?
Comme pour toute la biodiversité, ordinaire ou non, il est essentiel de participer à l’observation, de transmettre vos connaissances notamment aux jeunes publics et de soutenir les associations de protection de la faune sauvage et tous les organismes qui oeuvrent à la préservation des écosystèmes.
Pour le cas de la palourde il y a un double enjeu de protéger son milieu à savoir tout le littoral, mais aussi de lutter sans concession contre toutes formes de pollutions, diffuses, permanentes ou temporaires, des océans et des côtes.
Fort heureusement il existe désormais un grand nombre d’associations françaises qui peuvent à la fois renseigner et sensibiliser à leurs actions en la matière.
N’hésitez pas à apporter votre pierre à la protection des côtes françaises et à la lutte contre tous les polluants qui la détruisent, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues !