Il flotte un parfum de scandale dans l’industrie de la parfumerie. Le temps où les parfumeurs jonglaient avec les essences de fleurs et les muscs animaux pour réaliser leurs créations est révolu. Tant mieux pour les castors, dont on utilisait le musc, mais tant pis pour les essences naturelles. En effet, les parfumeurs utilisent aujourd’hui quasiment exclusivement des essences de synthèse pour réaliser leurs parfums. Les parfums d’aujourd’hui peuvent contenir des substances toxiques pour la santé : alors on passe au parfum bio ?
Les parfums traditionnels dangereux pour la santé ?
Plusieurs études ont montré que les parfums traditionnels contenaient des substances dangereuses pour la santé. Pour éviter cela, on peut arrêter de se parfumer… ou passer au parfum bio, qui contient une liste d’ingrédients très contrôlée. Voici quelques bonnes raisons de se mettre au parfum bio.
Des substances dangereuses dans les parfums traditionnels
Le parfum, bio ou pas, est composé en grande majorité d’alcool pour fixer les essences. L’alcool utilisé en parfumerie classique est dénaturé au diéthylphtalate, une substance qui contient des phtalates, réputés affecter le développement et la fertilité. Les concentrations utilisées dans les parfums ne seraient pas dangereuses, mais gare à l’accumulation sur la peau de produits contenant du parfum !
D’autre part, les parfums contiennent souvent des muscs synthétiques, pour remplacer le musc naturel (et sauver le castor). Cependant, ces muscs synthétiques sont aussi décriés : d’après une étude de l’ONG Greenpeace(1), ces muscs synthétiques sont des substances chimiques persistantes, que l’on retrouve dans le sang humain et le lait maternel, puis dans nos cours d’eau. D’après Greenpeace, ils « sont capables d’interférer avec le système hormonal des amphibiens, des poissons et des mammifères ».
La réglementation sur les parfums bio, et sur les cosmétiques bio en général, interdit tout composant chimique de synthèse : pas de risque donc d’y retrouver phtalates et muscs de synthèse.
Prix du parfum : on paie le marketing ?
Même les plus grands parfumeurs utilisent en majorité des parfums de synthèse, essentiellement pour des raisons de coût. Ce qui coûte le plus cher dans un parfum classique, ce n’est pas la matière première ni son élaboration, mais c’est essentiellement l’ « image » du parfum : un produit de luxe, très bien marketé, avec des campagnes de publicité mondiales pour les parfumeurs français.
L’emballage y est également pour beaucoup : on y trouve souvent une accumulation de dorures et décorations kitsch, la plupart du temps non recyclables.
Pour les parfums bio, l’emballage est généralement plus sobre, et on sait pourquoi on paie plus cher : les substances parfumantes y sont 100 % naturelles. Celles-ci sont environ dix fois plus chères que les matières de synthèse.
Des matières nobles
Raison de plus pour choisir un parfum bio : les matières premières y sont, d’une part 100 % naturelles, mais aussi mieux respectées. L’alcool est généralement issu de blé bio, les substances parfumantes sont issues de procédés d’extraction qui respectent l’« essence » du végétal : première pression à froid, distillation à la vapeur d’eau pour la lavande…
Un parfum bio, c’est aussi une élaboration plus difficile pour le parfumeur : « Dans la parfumerie traditionnelle, les nez ont un orgue de près de 5.000 notes réduit à seulement 500 pour la parfumerie naturelle », explique Christian David, fondateur de la marque Honoré des Prés à la revue Marie-Claire.
La question des allergènes
Des allergènes dans les parfums bio ? De par sa constitution, qu’il soit bio ou pas, le parfum contient des substances susceptibles d’être allergènes. Le parfum fait partie des cosmétiques dont la composition peut rester secrète, question de « secret de parfumeur ».
En revanche, la liste des allergènes potentiels doit être indiqué : on y retrouvera du linalol, du limonene ou du geraniol par exemple en fin de liste.
Ces substances allergènes sont contenues dans les huiles essentielles bio, on les retrouve donc dans les parfums bio. Pas grand-chose à faire donc, si ce n’est scruter les étiquettes. Toutefois, plusieurs études ont montré que les molécules de synthèse isolées étaient beaucoup plus allergisantes que les molécules naturelles : un bon point encore pour les parfums naturels et bio.
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