‘Passoires thermiques’ : quand l’été transforme nos logements en pièges mortels

Alors que les épisodes de canicule deviennent de plus en plus fréquents et intenses, une part croissante des Français souffre de la chaleur dans leurs logements, mal adaptés pour affronter ces conditions. Ces logements « bouilloires », mal isolés et souvent situés en milieu urbain, posent un grave problème de santé publique et de précarité énergétique d’été, dénonce la Fondation Abbé Pierre dans un nouveau rapport.

Rédigé par Anton Kunin, le 23 Aug 2024, à 11 h 05 min
‘Passoires thermiques’ : quand l’été transforme nos logements en pièges mortels
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Malgré l’urgence, la législation française reste insuffisante pour traiter la question de la précarité énergétique estivale. Les politiques publiques actuelles ne prennent pas suffisamment en compte le besoin d’adapter les logements existants à ces nouvelles réalités climatiques, laissant les plus vulnérables face à des risques accrus pour leur santé et leur bien-être.

Mauvaise isolation, absence de protections solaires… : les « îlots de chaleur » se multiplient

La précarité énergétique estivale, bien que souvent moins médiatisée que celle hivernale, est un phénomène en pleine expansion. En 2023, 55 % des Français déclaraient avoir souffert de la chaleur pendant au moins 24 heures dans leur logement. Les appartements, particulièrement en zones urbaines denses, sont les plus touchés, transformant les passoires thermiques en véritables « bouilloires ». Cette situation, aggravée par la mauvaise isolation des bâtiments et l’absence de protections solaires, expose les habitants à des conditions de vie extrêmement difficiles, notamment lors des vagues de chaleur, dénonce la Fondation Abbé Pierre dans un nouveau rapport.

La situation est encore plus préoccupante dans les grandes villes, où le phénomène des îlots de chaleur urbains amplifie les températures déjà élevées. En été, Paris et sa banlieue peuvent enregistrer jusqu’à 10°C de plus que les zones rurales environnantes. Les conséquences sont lourdes : surmortalité, augmentation des risques sanitaires et détérioration de la qualité de vie pour des millions de personnes, notamment les plus vulnérables comme les jeunes, les locataires et les ménages modestes.

La Fondation Abbé Pierre demande l’intégration de l’adaptation aux chaleurs estivales dans MaPrimeRenov’

Face à ce défi croissant, les réponses publiques restent largement insuffisantes. La législation actuelle ne considère pas encore la difficulté de maintenir une température acceptable en été comme un critère de précarité énergétique. Bien que des avancées aient été réalisées, comme l’intégration des travaux de « confort d’été » dans les rénovations financées par MaPrimeRénov’, ces mesures demeurent limitées. Elles ne permettent pas de traiter en profondeur le problème des logements inadaptés aux vagues de chaleur.

De plus, les dispositifs existants pour la rénovation énergétique ne prennent pas en compte l’urgence d’adapter les logements aux futures canicules. Les logements collectifs, en particulier, font face à des obstacles réglementaires et financiers qui freinent les adaptations nécessaires, comme l’installation de protections solaires. Quant aux quartiers populaires, où se concentrent les ménages les plus modestes, ils continuent de subir les effets combinés de la précarité énergétique et des îlots de chaleur urbains, exacerbant les inégalités.

Face à cette triste réalité, la Fondation Abbé Pierre demande au législateur d’intégrer l’adaptation à la chaleur à MaPrimeRenov’, notamment en subventionnant l’installation de revêtements réfléchissants et de végétalisation des toits et des cours, ainsi que les projets de transformation du logement en logement traversant. Mais aussi inclure l’installation de protections solaires fixes, d’occultants, de brasseurs d’air fixe et de revêtement réfléchissant dans le cadre de « MaPrimeRenov’ parcours par geste ». La Fondation demande par ailleurs d’intégrer les critères de confort d’été à la définition d’une rénovation performante, par l’ajout de l’occultation dans la liste des postes de travaux. Enfin, concernant les copropriétés, l’ONG demande de rendre obligatoire la rédaction d’instructions concernant l’installation de protections solaires et de volets dans chaque règlement de copropriété et d’inclure systématiquement l’installation de protections solaires dans la liste des travaux embarqués dans le cadre de projets de rénovation d’envergure en copropriété (ravalement de façade notamment).

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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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