Dans un article publié dans la revue Frontiers in Marine Science, Benjamin Jones, fondateur et directeur de l’ONG Project Seagrass, et ses collègues affirment que la pêche artisanale est tout aussi destructrice que la pêche industrielle.
Au Sri Lanka, le nombre de pêcheurs a triplé mais pas le nombre de poissons
Dans le monde, la moitié des poissons pêchés sont pris dans les filets de petites coopératives de pêcheurs artisanaux. Parmi les 51 millions de pêcheurs qui existent à travers le monde, 99 % travaillent au sein de coopératives de ce type. Au Sri Lanka, 2 % de la population (soit 500.000 personnes) travaillent comme pêcheurs artisanaux, essentiellement dans la centaine de lagons qui bordent les 1.340 km de côtes de ce pays insulaire. Entre 1986 et 2011, le nombre de pêcheurs y a triplé, et la proportion de pêcheurs faisant ce métier pour en tirer un bénéfice commercial a littéralement explosé.
C’est dans ce pays qu’ont séjourné Benjamin Jones, Leanne Cullen-Unsworth et Richard Unsworth de l’ONG Project Seagrass. Ils y ont suivi des pêcheurs artisanaux, et les résultats de leurs observations font froid dans le dos : 44 à 67 % des poissons pêchés sont aussitôt jetés car ils sont considérés trop petits pour être vendus aux consommateurs.
Les pêcheurs ne remettent pas dans le lagon le poisson pêché en trop
Dans le lagon de Puttalam, 80 % des pêcheurs se spécialisent dans la crevette. Mais en réalité, lors d’une sortie de pêche, jusqu’à 62 espèces différentes peuvent être pêchées. La moitié des 200 pêcheurs interviewés ont avoué jeter les espèces dont ils ne voulaient pas. 22 % ont déclaré remettre les poissons non désirés au lagon sans préciser s’ils étaient vivants ou morts, 17 % ont déclaré y remettre des poissons morts, et seuls 2 % ont déclaré conserver l’ensemble des poissons pêchés.
Découvrez en temps réel le nombre de tonnes de poissons pêchés dans le monde sur le Planetoscope
Mais les observations faites par les trois militants montrent qu’en réalité, les pêcheurs font le tri au sol et ne remettent aucun poisson au lagon. Au cours de ces 7 jours passés aux côtés des pêcheurs, Benjamin Jones, Leanne Cullen-Unsworth et Richard Unsworth ont effectué 63 sorties lors desquelles 2.757 spécimens ont été jetés.
Selon les militants, une prise de conscience de la valeur nutritionnelle et de la rareté des stocks de poissons pourrait prévenir ces comportements, de même que de meilleurs liens sociaux. L’absence de ces derniers empêche les pêcheurs de vendre leur excès de poisson aux consommateurs qui seraient pourtant prêts à leur acheter.
Illustration bannière : Calin Stan © Shutterstock
A lire absolument