On a vu que la pêche électrique, technique réservée aux scientifiques, est en passe d’être banalisée par les pêcheurs néerlandais. Ce qui effraie fortement leurs homologues belges et français. Pour eux la technique de la pêche électrique est un vrai danger pour les ressources marines. Pourquoi ont-ils si peur ?
Pêche électrique danger : tous les poissons y passent !
Le cri d’alarme des pêcheurs est relayé et confirmé par le Président du Comité des pêches du Nord-Pas de Calais/Picardie, Olivier Leprêtre, lui-même pêcheur à Boulogne-sur-Mer. « Cette pêche tue tous les juvéniles. Les témoignages des bateaux français qui pêchent dans les mêmes eaux que les bateaux hollandais entre 3 milles et 20 milles nautiques nous disent tous la même chose : il n’y a plus de petits poissons dans les eaux de la mer de Nord ».
Olivier Leprêtre et Jean-Michel Lalau ne parlent pas seulement des poissons plats, mais de… tous les poissons ! La situation serait donc encore pire que l’on pense. « L’électricité fait exploser la colonne vertébrale des cabillauds », affirme-t-il, en disant qu’il tient cette information des Hollandais eux-mêmes qui l’auraient écrit dans un compte-rendu de réunion interne qui serait arrivé jusqu’aux Français.
Témoignage intéressant et totalement objectif qui va aussi dans ce sens : celui de Karim Zmantar, d’Aquabio, spécialiste de la pêche électrique à des fins scientifiques, cité plus haut dans l’article. Spontanément, lorsqu’on lui explique le principe de cette pêche en eaux de mer, voilà ce qu’il dit :
« C’est délirant de vouloir appliquer la pêche électrique au milieu marin ! Cette pêche est tellement radicale dans son efficacité… On casse du poisson si on pousse trop les appareils. Surtout si on est en courant discontinu qui entraîne un taux de mortalité énorme. De toutes façons, c’est interdit en France ».
Des preuves scientifiques toujours pas établies
Mais comment justifier cette crainte, cette peur ? Le problème est le manque de preuves. Pas facile de trouver des études sur le sujet. « Il y en a en cours en Belgique actuellement, à l’université de Gand sur le sujet des ressources en plancton et nourriture pour les poissons », affirme Emiel Brouckaert, le Directeur de la Rederscentrale à Zeebrugge qui attend avec impatience les résultats, mais déplore le manque de moyens financiers qui retarde la fin des études.
En Belgique, la position officielle est d’attendre les conclusions de ces études. Mais le Président de la Rederscentrale, pourtant consensuel, ne cache pas que les pêcheurs belges (75 navires) sont divisés sur la question.
Des pêcheurs belges divisés
Comme en France, les pêcheurs côtiers belges (entre 12 à 15 navires) s’opposent à la pêche électrique, car ils constatent aussi les effets très négatifs sur les stocks de poissons devant leurs côtes. Un accord historique entre les Pays-Bas et la Belgique donne aux pêcheurs hollandais le droit de s’approcher jusqu’au 3 milles nautiques (6 milles en France). « Au-delà de ces 3 milles, nos pêcheurs disent qu’il n’y a plus rien », raconte Emiel Brouckaert.
Au contraire, les pêcheurs belges qui vont plus loin en mer (les bateaux industriels) ne parlent pas de tout ça. Ils relèvent surtout les mêmes arguments que les Néerlandais : l’impact moindre sur les fonds marins, la consommation plus basse de carburant, et les moindres rejets en poissons. Mais ils demandent quand même des preuves scientifiques ! Et ils revendiquent une pratique de cette pêche moins agressive sur les ressources marines.
De l’électricité pour pêcher les crevettes en Belgique
Un projet pilote en pêche électrique est néanmoins en cours en Belgique. Pas pour les poissons plats, mais pour les crevettes.
Deux chalutiers en sont équipés et sont suivis par à l’université de Gand et l’Institut des Recherches de l’Agriculture et de la Pêche (ILVO), aux dires d’Emiel Brouckaert. « Il s’agit seulement d’effrayer les crevettes pour les faire sauter du sol, pas de les paralyser. L’intensité des implusions est beaucoup moins forte que pour les poissons et n’a aucune incidence sur les sols ».
Deux autres bateaux font la même chose aux Pays-Bas dans les îles de la Friese, suivis eux-aussi par les scientifiques belges.
Quelles sont les vraies priorités environnementales ?
Le coeur du débat est là : quels avantages environnementaux mettre en avant ? Est-ce que la préservation des fonds marins, la moindre utilisation des carburants qui comptent ou bien est-ce la préservation des ressources ?
Les ONG tirent la sonnette d’alarme depuis longtemps
Les grandes organisations environnementales ne sont pas en reste sur le sujet et dénoncent les ravages de cette pêche depuis… de nombreuses années déjà !
C’est bien sur la ressource halieutique qu’ils insistent. Tout comme les pêcheurs français du Nord-Pas de Calais et leurs collègues côtiers en Belgique.
- En juin 2000, le National Marine Fisheries Service américain (NMFS) confirmait déjà qu’« il y a amplement assez de preuves que l’électropêche puisse causer des dommages graves pour les poissons et la position générale de l’Agence est d’encourager les chercheurs à rechercher d’autres moyens moins invasifs ».
- Le WWF avait déjà émis un avis en 2006 sur la pêche électrique en parlant d’« une méthode de pêche destructrice », avec des effets « très néfastes sur les requins et les raies, sensibles à l’électricité ». Sans oublier les « impacts encore inconnus sur l’écosystème marin ».
- La plus ancienne association française de protection de l’environnement, Robin des Bois, suit et dénonce depuis 1985 les conséquences de la pêche électrique qu’elle fait remonter à plus… d’un siècle ! En 2006, elle s’offusque de l’autorisation du projet pilote néerlandais autorisé par la Commission européenne. Dans un communiqué en 2012, puis en mars 2014 à la suite du doublement des bateaux hollandais autorisés à pêcher en électrique, elle qualifie cette pêche de « taser pour les soles ». Elle évoque « des dommages non connus sur sur les coquillages, les crustacés, le plancton et les espèces de poissons non ciblées ». Elle parle elle aussi « des poissons remontés dans les chaluts (qui) montrent des brûlures, des ecchymoses et des déformations du squelette consécutives à l’électrocution ».
- Elle rappelle aussi, tous comme les autres professionnels français de la pêche, que les rapports d’études intermédiaires depuis 2006 ne sont toujours pas connus.
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et l’ifremer qui se dit pas concerné ::!!!!! on croit rever !!! a quoi servent ces fonctionnaires surement trop payes????
Une union a .la préservation de la pêche dans le monde est très demandée
c’est une monstruosite que deviens la vie sous marine nous détruisons toute sorte de nature terre mer etc….