Les pêcheurs artisanaux vent debout contre un nouveau chalutier géant français

Le baptême, le 25 septembre 2020 dans le port de Concarneau (Finistère), d’un navire de pêche de 80 mètres, semble avoir été un point de non-retour dans le conflit qui oppose les pêcheurs artisanaux et les acteurs de la pêche industrielle.

Rédigé par Anton Kunin, le 28 Sep 2020, à 11 h 50 min
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Alors que le groupe néerlandais Cornelis Vrolijk baptisait dans le port de Concarneau son nouveau navire de pêche industrielle, le Scombrus, les pêcheurs artisanaux ont créé un « Collectif pour la fin de la pêche industrielle ».

Pour les pêcheurs artisanaux, le baptême du Scombrus signe la fin de leur métier

Au fil des ans, le conflit entre les pêcheurs artisanaux et les acteurs de la pêche industrielle ne fait que s’intensifier. Dernier épisode en date : le baptême, le 25 septembre 2020 dans le port de Concarneau, d’un navire de pêche de 80 mètres baptisé Scombrus. Ce dernier, propriété de France Pélagique, filiale du groupe néerlandais Cornelis Vrolijk, a été inauguré dans une ambiance solennelle puis festive, dans un périmètre bien gardé par les forces de l’ordre. Pendant ce temps, malgré l’arrêté préfectoral interdisant leur rassemblement, les pêcheurs artisanaux ont organisé une manifestation baptisée « Funérailles de la pêche artisanale et des ressources marines ».


Les pêcheurs artisanaux, qui travaillent sur des navires de moins de 12 mètres (qui représentent 80 % de la flotte de pêche française et la moitié des emplois de la pêche), estiment ne pas pouvoir travailler à armes égales avec les pêcheurs industriels. Selon eux, le Scombrus est capable de pêcher 200 tonnes de poisson par jour (un chiffre démenti par France Pélagique, et qui se situe selon elle plutôt à 120 tonnes). Les pêcheurs artisanaux affirment aussi que le Scombrus pêchera les mêmes espèces qu’eux, une affirmation évidemment démentie par France Pélagique.

Les pêcheurs artisanaux demandent à être reçus au ministère

Selon France Pélagique, le Scombrus est un navire technologique, capable de pêcher uniquement les espèces ciblées. Une fois pêchés, les poissons sont triés par taille, surgelés et conditionnés. De nombreuses tâches sont d’ailleurs automatisées à bord.
Les pêcheurs artisanaux tiennent néanmoins à leur façon de pêcher… même s’ils dépensent bien plus de carburant pour leurs sorties en mer, plus nombreuses et plus longues, pour pêcher la même quantité de poissons, sans parler des espèces pêchées en plus de celles visées, et qui doivent ensuite être jetées (car les quotas européens ne permettent pas de ramener à bord les espèces pour lesquelles les pêcheurs n’ont pas d’autorisation de prélèvement).

Le saccage des mers par les « chalutiers usines » qui délestent l’océan de toutes ses ressources. © Chaykovsky Igor

Autre sujet de mécontentement des pêcheurs artisanaux : bien que le Scombrus circule sous pavillon français, tout ce qui sera pêché sera débarqué dans le port de Ljmuiden, aux Pays-Bas, afin d’être vendu à des pays hors Union européenne. Afin de faire entendre leurs griefs, les pêcheurs artisanaux ont écrit à Annick Girardin, la ministre de la Mer, afin de lui demander un rendez-vous. Parviendront-ils à se faire entendre ? Affaire à suivre…

Interpellez la ministre de la Mer Mme Annick Girardin et demandez-lui de soutenir la pêche artisanale –  ici.

Les chalutiers géants vident les mers de leurs poissons © NarisaFotoSS
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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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