Y-a-t-il une pénurie d’oeufs en France ?

Si l’engouement des consommateurs pour les oeufs ne faiblit pas, la production, elle, n’augmente pas au même rythme.

Rédigé par Paolo Garoscio, le 17 Mar 2025, à 10 h 30 min
Y-a-t-il une pénurie d’oeufs en France ?
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Les rayons clairsemés dans certains supermarchés font craindre une pénurie d’oeufs. Entre la hausse de la consommation, l’évolution des modes d’élevage et les chaînes d’approvisionnement sous tension, la filière fait face à de nombreux défis. Mais s’agit-il vraiment d’une pénurie ?

Un appétit grandissant pour les oeufs, victime de son succès

La consommation d’oeufs explose en France. En 2024, pas moins de 7 milliards d’oeufs ont été vendus en supermarché, soit 3 % de plus que l’année précédente, selon Nielsen IQ. En moyenne, un Français consomme aujourd’hui 224 oeufs par an, contre 200 il y a vingt ans.

Pourquoi cet engouement ? L’oeuf est un produit anti-crise. En période d’inflation, les consommateurs se tournent vers les protéines les plus abordables. « C’est un produit star des dernières années, car quand la viande devient trop chère, les Français se reportent sur les oeufs », explique Thomas Bartlett, secrétaire général du SNIPO, le syndicat des producteurs d’oeufs, dans une interview à Franceinfo.

Et ce n’est pas tout. L’oeuf cumule les avantages : nutritif, bon marché, facile à cuisiner et apprécié sous de multiples formes. Résultat, les Français en achètent de plus en plus, et la filière peine à répondre à cette demande croissante.

Une offre qui stagne, une production sous pression

Si l’engouement des consommateurs pour les oeufs ne faiblit pas, la production, elle, n’augmente pas au même rythme. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agit pas d’une baisse massive de la production, mais d’une stagnation. « On ne parle pas de pénurie puisque la production reste stable », précise Thomas Bartlett. Mais alors, pourquoi les rayons semblent-ils vides dans certaines grandes surfaces ?

Selon Emmanuel Fournet, directeur commercial chez Nielsen IQ, le taux de rupture des stocks en magasin atteint 12 %, soit 4 à 5 points de plus que l’année dernière. Il y a donc des difficultés ponctuelles d’approvisionnement, mais pas une disparition totale des oeufs des circuits de distribution.

De plus, la législation et la pression des consommateurs poussent à abandonner l’élevage en cage au profit du plein air et du bio. Cette transition, bien que bénéfique pour le bien-être animal, nécessite du temps et des investissements. Et, enfin, les poules pondent moins d’oeufs en hiver, ce qui entraîne une baisse temporaire de l’offre entre octobre et février, d’environ 20 à 30 %, selon les éleveurs. Avec l’arrivée du printemps, la production devrait reprendre un rythme plus soutenu.

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Pénurie d’oeufs ou pas pénurie d’oeufs ?

Alors, faut-il s’inquiéter d’une véritable pénurie d’oeufs en France ? Pas vraiment, selon les experts.

Si certaines enseignes affichent des rayons clairsemés, cela tient plus à un déséquilibre entre offre et demande qu’à une réelle disparition du produit. Contrairement aux États-Unis, où la grippe aviaire a décimé les élevages, la production française n’a pas été impactée par une crise sanitaire majeure.

« Il n’y a aucun signe de pénurie en France », affirme Loïc Coulombel, du Centre national pour la promotion de l’oeuf, sur France Inter. Le secrétaire général du SNIPO, Thomas Bartlett, confirme aussi que les tensions vont durer quelques mois, mais sans flambée des prix.

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Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.

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