Pour la première fois en France, une campagne nationale de dépistage a enfin permis de mesurer les pesticides dans l’air.
Les mêmes méthodes partout
Une seule et même méthode, 50 lieux de prélèvement, 1.800 échantillons, 75 molécules recherchées, 100.000 résultats d’analyses… Enfin, une opération nationale de dépistage, la Campagne Nationale Exploratoire de mesure des résidus de Pesticides dans l’air ambiant (ou CNEP), menée avec les mêmes méthodes sur tout le territoire a permis de cartographier la présence de pesticides dans l’air partout dans l’Hexagone(1).
C’est entre juin 2018 et juin 2019 que les Aasqua (Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air) ont mesuré la présence de résidus de pesticides dans l’air, en collaboration avec le Laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air et l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
À l’avenir, ce dispositif pourrait être pérennisé afin de disposer d’une surveillance nationale des pesticides dans l’air, sous l’égide du ministère de la Transition écologique(2).
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Une nouvelle étude en 2021
L’harmonisation des méthodes d’analyse et la recherche des mêmes substances a permis de dresser une véritable photographie annuelle nationale des niveaux de concentration en résidus de pesticides dans l’air.
Premier bilan : les concentrations de pesticides dans l’air se révèlent très nettement inférieures au seuil toxicologique de référence.
Des investigations « approfondies et complémentaires » devraient permettre d’affiner l’évaluation du risque, afin notamment de tenir compte de tous les modes d’exposition aux pesticides : inhalation mais aussi voies cutanée et alimentaire. Néanmoins, 32 substances, dont le glyphosate, devront faire l’objet d’une « évaluation approfondie », a annoncé l’Anses le 2 juillet.
Parmi lui figure par exemple le lindane, substance classée cancérogène et reprotoxique (toxique pour la fertilité et le développement de l’embryon). Interdit en agriculture depuis 1998 en France, ce produit a été retrouvé dans près de 80 % des échantillons. Il a sans doute été revaporisé dans l’air depuis le sol.
Le glyphosate a quant à lui été retrouvé dans près de la moitié des échantillons analysés. Un résultat peut-être sous-estimé, la substance n’ayant été recherchée que sur huit sites, via un appareil de mesure dédié.
Le chlordécone, pesticide utilisé pendant des décennies jusqu’en 1993 dans les bananeraies de Guadeloupe et de Martinique, n’a en revanche été détecté dans aucun prélèvement, y compris aux Antilles.
Une autre étude devra être menée en 2021 sur l’exposition des populations riveraines des cultures traitées, en commençant par les zones viticoles.
Illustration bannière : Le traitement phytosanitaire des pommes – © luca pbl
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