Sur les 453 molécules pesticides autorisées sur le sol européen, la France en autorise 291. Seules la Grèce et l’Espagne en autorisent davantage.
La Pologne n’autorise pas plus de molécules pesticides que la France
Ces derniers temps, des voix se sont élevées en France pour dire que la réglementation française en termes de pesticides est très restrictive, ce qui nuit à la productivité et à la compétitivité de notre agriculture. « Un agriculteur polonais dispose de 450 molécules dans son catalogue, pour lutter contre les maladies ou les ravageurs. Un Français n’en dispose plus que de 300 », affirmait en octobre 2022 le député LR Laurent Duplomb. « 30 % de produits phytos en moins, c’est comme faire jouer le PSG avec 30 % de joueurs en moins, on est disqualifié d’emblée », renchérissait Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, lors de la conférence de presse d’ouverture du Salon de l’Agriculture.
Mais que valent ces déclarations ? Pas grand-chose, rétorque l’ONG Générations Futures. En réalité, les agriculteurs polonais ont le choix entre 271 molécules, alors que les agriculteurs français en ont 291 à leur disposition. Non seulement la France a un avantage sur la Pologne en la matière, mais notre pays est aussi celui qui autorise le plus grand nombre de molécules de pesticides. Seule la Grèce et l’Espagne en autorisent plus, respectivement 298 et 296. Par ailleurs, le nombre de substances autorisées en France est supérieur de 32 % à la moyenne européenne.
La fiction : Selon la FNSEA l’Agriculture française n’aurait pas accès à autant de pesticides que les autres pays de l’UE
La réalité : La France dispose de 32 % de plus de substances actives #pesticides autorisées que la moyenne des pays européens ! pic.twitter.com/w1lDJHlPsm— Générations Futures (@genefutures) February 27, 2023
Le législateur a tout pouvoir pour limiter la diversité des pesticides utilisés en France
Or, autoriser ou non telle ou telle molécule sur le territoire national relève de la décision de chaque État. Chaque État de l’Union européenne est libre d’avoir la liste aussi longue ou aussi courte qu’il le souhaite. En d’autres mots, si l’État français voulait véritablement réduire la dépendance aux pesticides, il aurait pu le faire sans demander quoi que ce soit à l’Union européenne.
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« Il faut rappeler que le règlement 1107/2009 (7) prévoit que l’Europe approuve les substances actives pesticides et que ce sont les états membres qui ont la responsabilité d’autoriser, ou non, des produits pesticides sur leurs territoires. Ce règlement prévoit également, dans son article 44, que « les États membres peuvent réexaminer une autorisation à tout moment si certains éléments portent à croire que l’une des exigences visées à l’article 29 (listant les conditions d’autorisation de mise sur le marché) n’est plus respectée ». On peut donc interdire des usages de produits pesticides dans un État membre même si l’Europe n’a pas interdit les substances actives concernées », fait valoir Générations Futures.
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