Des chercheurs de l’Inra et de l’Inserm ont démontré qu’il existerait un lien inquiétant entre l’ingestion de pesticides par le biais de l’alimentation et des perturbations métaboliques.
Un lien entre l’exposition aux pesticides et l’obésité et par conséquent le diabète
Les pesticides perturberaient le métabolisme. Des chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique ont exposé des souris à un cocktail de pesticides faiblement dosé, sur une longue durée.
Ils ont noté, à la suite de cette expérience, un surpoids chez les mâles. Cette étude, publiée dans la revue Environmental Health Perspectives, ce jeudi 28 juin par l’Inra, apporte des arguments solides pour considérer comme plausible « un lien entre l’exposition aux pesticides et le développement de maladies métaboliques telles que l’obésité et ses complications » lit-on dans un communiqué(3).
Pour mener à bien leurs travaux, les scientifiques ont nourri les rongeurs soit avec des aliments contenant ces pesticides soit avec des aliments bio, pendant un an, ce qui représente l’équivalent d’une trentaine d’années pour un humain. Ils en concluent aujourd’hui que « ces résultats renforcent la plausibilité du lien entre exposition aux pesticides et santé, et confortent les résultats obtenus dans les études épidémiologiques suggérant un lien entre l’exposition aux pesticides et l’incidence des maladies métaboliques telles que le diabète de type 2 ou la stéatose hépatique ».
Des traces de pesticides dans la bière mais aussi les fruits et légumes
Ce constat est d’autant plus inquiétant que de nombreuses études montrent la présence de pesticides dans des produits de consommation. La dernière en date vient du magazine 60 millions de consommateurs dans son numéro de juillet-août et révèle que des traces de pesticides sont contenues dans la bière(2). Au total, 248 résidus différents ont été recherchés. Et sur les 45 références testées (39 blondes et six blanches), 34 présentent des traces de pesticides ou de glyphosate, l’herbicide controversé.
En outre, une étude menée par l’ONG Générations Futures sur la période 2012-2016 prouve, elle, que près de 75 % des fruits et 41 % des légumes non bio analysés présentaient des résidus de pesticides quantifiables. 2,7 % des fruits et 3,5 % des légumes étudiés dépassaient quant à eux la limite maximale autorisée par l’Union européenne. Dans cette enquête, 19 fruits et 33 légumes ont été passés au crible. En tête du classement des fruits les plus contaminés, on trouve le raisin (89 % des échantillons testés étaient porteurs de résidus de pesticides), les mandarines (88,4 %) et les cerises (87,7 %).
Illustration bannière : Passer nos aliments au crible à la recherche de pesticides – © conejota
A lire absolument
Les résultats de l’étude sur l’obésité a donc été conduite en administrant aux rats 30 la dose normale! Le fait que seuls les mâles soient affectés montrent bien que les doses auxquelles nous sommes exposés sont sans risque.
C’est un peu comme si on concluait que boire un verre de vin par repas était nocif en en faisant boire 30 verres par repas à des cobayes…
Les limites de concentration de résidus en pesticides sont établies avec un coefficient de sécurité de 100 par rapport aux doses qui provoquent les premiers effets dans les tests en laboratoire, justement pour couvrir les (très rares, comme il est souligné) dépassements et l’effet cocktail multi-résidus. Même si on dépasse cette limite d’un facteur 2 ou 3 on est encore très loin des seuils de toxicité.
Mais les obèses qui se gavent de sucre et de boisson sucrées liront sans doute cet article avec plaisir.