On le sait, certains médicaments présentent des risques importants pour le foetus pendant la grossesse. Pour limiter au maximum les risques, la DGS (Direction générale de la santé) vient d’annoncer que deux pictogrammes faisaient leur apparition sur les médicaments les plus dangereux.
Quels médicaments sont concernés ?
Selon la DGS, cette nouvelle disposition permettra de « rendre visible, directement sur la boite, l’information qui figure déjà, notamment dans les notices des médicaments« . Sont principalement concernés les médicaments tératogènes, c’est-à-dire ceux qui entraînent des altérations irréversibles pour les organes et qui sont à l’origine de malformations congénitales. Mais également les médicaments foetotoxiques qui, comme cet adjectif l’indique, peuvent être toxiques pour le foetus en cas de surdosage.
Les femmes qui suivent des traitements contre la dépression, l’hypertension ou le cholestérol devront donc se tourner vers leur médecin pour savoir quelles alternatives médicamenteuses elles peuvent prendre pendant leur grossesse. Mais ce ne sont pas uniquement les médicaments délivrés sur ordonnance qui sont concernés par ces pictogrammes, les médicaments en vente libre aussi peuvent être dangereux. Au total, 60 % des médicaments sont concernés par ce dispositif.
Deux pictogrammes différents
Les deux pictogrammes enverront deux messages différents. Le premier fera apparaître le message « danger ». Il représentera une silhouette de femme enceinte dans un triangle rouge. Ce pictogramme voudra dire que « le médicament doit être utilisé uniquement s’il n’y a pas d’autre médicament disponible« . Le second est un pictogramme « interdit ». Il signalera « aux patientes que le médicament ne doit pas être utilisé« . Selon le ministère de la Santé, un tiers des médicaments concernés par ce dispositif ont le pictogramme interdit et deux tiers le pictogramme danger.
D’autres informations pourront apparaître à côté de ces pictogrammes. Ils concerneront notamment les adolescentes ou les femmes en âge de procréer et sans contraception efficace. Mais la DGS a tenu à rappeler que l’apparition de ces pictogrammes ne doit en aucun cas pousser les femmes à arrêter un traitement ou à modifier les doses prescrites sans l’avis de leur médecin traitant.
Une conséquence du scandale de la Dépakine
Les autorités sanitaires ont pensé que ces pictogrammes seraient nécessaires pour ne plus avoir de nouveaux « bébés Dépakine« , des enfants nés avec de lourdes séquelles parce que leur mère avait pris un antiépileptique contenant du valproate ou un dérivé pendant la grossesse (Dépakine, Micropakine, Dépamide, Dépakote, génériques). L’Association d’Aide aux Parents d’Enfants souffrant du Syndrome de l’Anti-convulsivant (APESAC), les enfants victimes de ces médicaments, se battait pour obtenir ces pictogrammes.
La mise en place de ce dispositif intervient alors que se tient actuellement au Tribunal de Grande Instance de Paris la première audience de l’action de groupe initiée par l’APESAC. Ce procès a été souhaité par l’association pour faire reconnaître la responsabilité du laboratoire Sanofi dans les troubles neuro-comportementaux observés chez des enfants nés de mères traitées avec des médicaments contenant du valproate pendant leur grossesse. Au total, depuis les années 1960, des dizaines de milliers de femmes ont été exposées à cette molécule alors qu’elles étaient enceintes.