Protéger notre planète et le vivant qui la peuple… Le crédo d’une vie pour Pierre Rabhi, écrivain et philosophe, écologiste et altermondialiste, pionnier de l’agroécologie en France et cofondateur du mouvement Colibris, décédé samedi 4 décembre 2021 à l’âge de 83 ans.
La jeunesse et l’éducation de Pierre Rabhi
Né en 1938 dans une famille musulmane de Kenadsa, Pierre Rabhi devient orphelin de mère, lorsque celle-ci meurt de la tuberculose alors qu’il n’a que 4 ans. Il est confié à l’âge de cinq à un couple de français travaillant pour l’exploitation de la houille découverte dans cette région d’Algérie.
L’exploitation de cette ressource par l’État français dans la région de Kenadsa bouleverse la société dans laquelle vivait Pierre Rabhi enfant. Son père (forgeron, musicien et poète), n’arrive plus à vivre des métiers qu’ils exerçait autrefois, et comme d’autres, se trouve obligé à regret de travailler dans les mines.
Il décide donc de confier Pierre à un couple de Français pour que le jeune garçon s’imprègne des codes de la société occidentale.
Un engagement un faveur de l’agroécologie et de la biodynamie
Après quelques années à Paris, Pierre Rabhi décide au début des années 60, de faire son « retour à la terre » : il reprend avec sa femme une exploitation agricole, dans un coin rude et peu hospitalier des Cévennes ardéchoises.
Ils parviennent cependant à monter un élevage caprin et commencent à expérimenter la biodynamie. En 1968, il est rejoint par d’autres enthousiastes qui souhaitent s’associer à son projet.
En 1981, il participe à la création d’un centre de formation en agroécologie, à Gorom-Gorm au nord du Burkina-Faso, pour y former les paysans à ces techniques.
En 1994, il fonde l’association Terre et Humanisme qui oeuvre pour la transmission et la promotion de l’agroécologie pour l’autonomie alimentaire, et propose des formations au Nord comme au Sud.
La légende du colibri
La légende du colibri, une histoire racontée et chantée par Zaz
Il y eut un immense incendie dans la forêt. Les animaux terrifiés assistaient impuissants au désastre. Tous, sauf le petit Colibri qui s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Édité avec le Mouvement pour la Terre, un album qui invite chacun à prendre sa part dans la défense de la planète.
En 2006, pour répondre à la mobilisation de soutien à sa candidature aux Présidentielles de 2002, il initie, aux côtés de Cyril Dion, Isabelle Desplats, Josette Amor et Claire Eggermont, le mouvement citoyen Les Colibris.
Son but ? « soutenir, inspirer et relier les citoyens et les citoyennes engagés dans des alternatives concrètes pour dessiner une société capable de répondre aux urgences écologiques et humaines de notre époque ».
Le travail, doit-il aliéner ?
Ainsi très jeune Pierre Rabhi se trouve confronté à la dualité de deux cultures et rapidement s’interroge : sommes-nous condamnés à vivre dans un monde dominé par la confrontation et dualisme avec le repli et l’entre soi ou sommes-nous capable de trouver un modèle universalisme pour notre monde ?
Confronté au souvenir de la souffrance que le départ à la mine a engendré pour les hommes de sa région, il réfléchit également à la question du travail et à la possibilité que le travail anéantisse la conscience de l’humain avec comme seul but que la machine économique tourne.
Ainsi comme Gaël Giraud, ou Dominique Méda, autres grandes figures de la transition écologique, Pierre Rabhi s’oppose à l’idée d’une croissance infinie et dénonce notre insaisissabilité qui aboutit à l’accaparement de la richesse par quelques-uns : 1/5e du genre humain consomme les 4/5e des richesses… le reste de la population survit.
De ce fait, il s’insurge également contre les discours pointant du doigt la surpopulation. Il dénonce avant tout le gaspillage et le hold-up du vivant de cette partie la plus riche de la planète.
Un accaparement qui ne créé pas le bonheur
Le célèbre essayiste, romancier, agriculteur, conférencier et écologiste, dénonce d’autant plus cette surabondance de biens que le bonheur n’est pas au rendez-vous. Pour preuve la consommation d’anxiolytiques des pays développés.
Certes elle crée le plaisir immédiat mais n’apporte pas la joie et la plénitude.
Vivre la simplicité selon Pierre Rabhi – Vidéo On passe à l’acte
La réflexion qu’il a mené autour de la sobriété heureuse n’est donc pas une invitation à la précarité, mais la possibilité de se détacher de cette idée que le bonheur est corrélé à la possession et la surabondance de biens matériels.
L’héritage de la pensée de Pierre Rabhi nous invite à décaler notre regard et à savoir être heureux de ce que nous possédons avant de voir ce qu’il nous manque : simplement être heureux d’exister.
Un enjeu pour répondre au réchauffement climatique
Au-delà de ce regard introspectif sur nous-même, pour Pierre Rabhi, arriver à la sobriété c’est aussi une nécessité pour faire évoluer la vision actuelle de notre monde où l’être humain se considère comme hors nature.
La technologie est certes prépondérante, mais elle nous rend également totalement dépendant, si celle-ci faillit des pans importants de notre société peuvent se retrouver totalement bloqués et hors service.
Pierre Rabhi était avant tout un penseur, un conférencier et un écrivain qui par ses paroles et ses questions interrogeait sur notre rapport à la consommation en tant qu’individu et en tant que citoyen d’une société et d’un pays.
Changeons notre vision du monde – Vidéo On passe à l’acte
Il appelait à « l’insurrection des consciences » pour « fédérer ce que l’humanité a de meilleur et cesser de faire de notre planète-paradis un enfer de souffrances et de destructions ». Il nous invitait tous à cultiver notre jardin intérieur et extérieur, premier acte pour lui de résistance citoyenne.
Même si nous ne partagions pas tous ses points de vue, nous rendons hommage à Pierre Rabhi pour son combat pour l’environnement et contre le réchauffement climatique !
Vers la sobriété heureuse, de Pierre Rabhi
Nouvelle édition réactualisée (dans sa partie « guide pratique ») et préfacée par Matthieu Ricard de ce texte fondateur à bien des égards de la nouvelle pensée écologique, sobre et respectueuse de la planète tout en étant accueillante et conviviale avec l’ensemble du vivant, humain et non-humain.
Article mis à jour et republié
C’est la seule et véritable philosophie de vie !
un homme incontournable . son parcours sert d ‘exemple .