Pierre Rigaux est un de ces naturalistes de terrain qui ne ménage pas sa peine pour faire bouger les lignes et interroger sur les grands sujets de société actuels, notamment la chasse. Spécialisé dans les mammifères et les oiseaux, biologiste de formation, Pierre Rigaux étudie tout particulièrement les mammifères semi-aquatiques, les micromammifères et les carnivores européens.
Rencontre avec Pierre Rigaux, un naturaliste engagé
Auteur de plusieurs ouvrages et rapports scientifiques, Pierre Rigaux a répondu à nos questions sur son métier et nous livre ici son état d’esprit de naturaliste.
consoGlobe – En 2019 qu’est ce qu’un naturaliste/écologue pour vous ?
Pierre Rigaux : C’est d’abord un spécialiste de ce qu’on appelle la faune, la flore ou les écosystèmes, et qui met son expertise au service de leur protection. Autrefois, les naturalistes découvraient et décrivaient des espèces. C’est encore le cas dans certaines régions du monde les plus riches en diversité, par exemple dans les forêts tropicales. Là-bas, la biodiversité disparaît avec la déforestation, avant même d’avoir été identifiée.
En Europe où la biodiversité est globalement bien connue, les naturalistes ne découvrent presque jamais de nouvelle espèce. En revanche, lors des projets de construction de routes ou autres projet d’ « aménagement du territoire » comme on dit, la réglementation oblige les constructeurs à essayer limiter des dégâts en faisant des « études d’incidence ».
Pour ça, les constructeurs font appel à des naturalistes qui vont inventorier la biodiversité sur le site et proposer des mesures pour limiter l’impact. Voilà pour la théorie. Dans la pratique, les destructions sont gigantesques malgré ces petites lois. Je pense donc qu’un naturaliste doit aller beaucoup plus loin que ça et tenter de faire bouger la société.
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consoGlobe – Quels sont les combats actuels à mener pour la protection de la biodiversité d’après vous ?
Pierre Rigaux : La perte de biodiversité est essentiellement une conséquence de nos modes de vie dans les pays riches et les pays qui le deviennent. En France comme ailleurs, les oiseaux, les mammifères, les plantes, les insectes disparaissent à cause de l’agriculture intensive, l’urbanisation étalée, la densification du réseau routier, la destruction des zones humides…
Plus généralement, il faut arrêter ce développement effréné qui détruit les terres et vide les océans. Concrètement, ça devrait se traduire individuel par un changement de nos modes de vie : par exemple consommer bio et local, éviter au maximum l’avion, le plastique… et ça devrait surtout se traduire au niveau politique par des lois beaucoup plus fortes qu’actuellement, par exemple pour empêcher toute bétonisation inutile.
Il est devenu indispensable de faire pression sur les politiques pour qu’on change d’orientation, car les comportements individuels ne vont pas suffire.
consoGlobe – Sur les dix dernières années qu’y a-t-il à tirer de positif des politiques publics ?
Pierre Rigaux : Je ne trouve pas d’exemple ! Il y a bien sûr de minuscules améliorations ponctuelles mais l’orientation ne change pas : produire à fond, consommer à fond, bétonner à fond, polluer à fond…
consoGlobe – Quel est le principal enjeu alimentaire de notre temps ?
Pierre Rigaux : Sur un plan strictement écologique et dans l’espoir de conserver une planète vivable pour les humains, il est absolument nécessaire de réduire considérablement notre consommation de viande et de produits laitiers. La production de viande et de lait est une des causes majeures de destruction de la biodiversité à l’échelle mondiale. La raison est simple : pour nourrir le « bétail », il faut cultiver beaucoup plus de plantes, utiliser beaucoup plus d’eau, d’engrais et de surface agricole que pour nourrir directement les humains avec des plantes. On sait que la destruction de l’Amazonie par les incendies est directement liée à la culture de soja destinée à nourrir le bétail en Europe notamment, y compris pour les petits élevages français soi-disant traditionnels et extensifs.
En plus des enjeux écologiques, il y a un enjeu éthique essentiel à mon avis, qui est celui du respect que nous devons avoir pour les animaux en tant qu’individus doués de sensibilité. Toutes les formes d’élevages et d’abattage font souffrir les cochons, vaches et autres poulets à des degrés divers.
Étant donné aussi que la viande et les produits laitiers ne sont pas indispensables à notre bonne santé, pourquoi continuer ? Je sais que pour beaucoup d’entre nous, il est difficile d’envisager de s’en passer. Mais c’est en fait assez facile, avec un peu de bonne volonté.
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consoGlobe – Pratique séculaire, la chasse a-t-elle encore une place dans la société à venir ?
Pierre Rigaux : Je pense que non. Les chasseurs défendent leur activité en parlant de « régulation », comme si l’être humain devait absolument « gérer » les populations d’autres espèces. Pourtant l’immense majorité des espèces chassables en France n’entraînent aucun problème de « pullulation ». Bien au contraire, beaucoup déclinent.
Et quand il y a des problèmes de cohabitation, par exemple quand les sangliers font des dégâts dans des cultures, la chasse de loisir ne résout rien. Je pense qu’il faut arrêter de vouloir « gérer » les animaux sauvages. Par contre, il faut gérer les interactions entre eux et nous. C’est toute une culture que nous devons revoir.
Comme les chasseurs sentent bien qu’ils sont de moins en moins nombreux et de moins aimés, ils tentent de justifier leurs pratiques en parlant d’écologie, en se faisant passer pour des gestionnaires respectueux. En réalité, tout ce qu’ils mettent en avant de positif dans leur activité n’a rien à voir avec la chasse elle-même.
Par exemple certains chasseurs organisent des ramassages de déchets. Très bien, mais en quoi ceci justifie-t-il la chasse ? Surtout quand on sait qu’ils déversent des milliers de tonnes de plomb dans la nature. C’est ce système aberrant que j’essaie de décortiquer dans mon livre : Pas de fusils dans la nature : les réponses aux chasseurs. Je ne vais pas me faire que des amis…
consoGlobe – En qualité de naturaliste, quel est l’animal qui vous fascine le plus ?
Pierre Rigaux : Tous ! Je peux passer des heures à observer une mésange, à chercher des traces de loups en montagne sans les voir presque jamais, ou à écouter chanter un hibou le soir en forêt. Mais s’il faut en choisir un, je dirais peut-être l’ours. Rencontrer un ours en sous-bois fait partie des émotions très fortes que j’ai eu la chance d’avoir à plusieurs reprises en Europe centrale, là où ils sont presque communs.
En France, à l’exception d’une poignée d’ours dans les Pyrénées qui provoquent l’hystérie de certains éleveurs, les forêts sont vides. Dans l’immense majorité des forêts de notre pays, il n’y a ni ours, ni lynx ni loup. Elles sont comme des océans sans orque, sans requin, sans dauphin. Le fait que tout le monde ou presque ait l’air de trouver ça normal est à mon avis le signe que nous n’avons pas encore tout à fait pris conscience de l’ampleur du problème.
Pour Msieur Pierre RIGAUD,
Y a t-il, dans la langue française, un mot assez fort et juste, qui permettrait de nommer précisément ce comportement humain capable de se « dénaturer » à ce point pour que les chasseurs de tous poils et tous pays, aient leurs lots de canards à abattre!!!!!!
Je suis bouleversée, choquée, outrée. Dans quelle société vivons-nous?
Je vous remercie infiniment, Monsieur pour votre travail et votre intérêt pour notre planète.
Respectueusement. Monique Juste
A propos de votre livre entichasse :
1 Votre publication, sur l’emploi du goudron déposé sur les arbres pour « attirer » les sangliers
Pourquoi ne pas dire toute la vérité et la réduire à la seule partie qui serve votre cause?
Je comprends que les chasseurs soient remontés contre vous. Vous masquez volontairement le côté positif de leurs actes pour
ne garder que ce qui peut inciter votre auditoire à les condamner
. Vous savez très bien que l’usage du goudron de pin (Dit goudron de Norvège) a cours toute l’année et pas uniquement en
période de chasse pour attirer les sangliers.
Pourquoi ne pas expliquer aussi que ce produit est un antiseptique sur lequel les animaux viennent se frotter pour désinfecter
leurs plaies ?
Pourquoi taire qu’il a aussi des propriétés antiparasitaire ? (puces tiques et poux).
2) Je m’étais fait la même réflexion, sans toutefois réagir, à propos de vos publications sur les pierres à sel que vous trouviez
dans les bois.
Vous avez habilement tourné vos propos pour qu’un profane croie qu’elles n’étaient là que pour attirer les animaux afin de les
tuer.
Pourquoi ne pas dire aussi qu’elle apporte un complément en sels minéraux indispensables, surtout les années de grande
sécheresse comme celle qu’on vient de vivre ?
Ça permet aux animaux, principalement les ruminants, de mieux fixer l’eau et ça les incite à en boire d’avantage.
Il est vrai que les chasseurs en ont déposé des milliers dans la nature cette année et ont aménagé des points d’eau artificiels en
complément. C’est probablement par intérêt, me direz-vous. Mais sans eux, combien d’animaux seraient mort de soif cet été?
Car, les anti-chasse, animalistes protecteurs des animaux de tous bords etc…. A part vous déchainer derrière vos PC, qu’avez-
vous fait? On ne vous rencontre jamais sur le terrains dans ces moments-là.
3 Dernièrement (vos paroles)
« Le délit d’intrusion dans un marais, une prairie, un champ ou une forêt… n’existe pas »
Désolé mais c’est encore quelque chose que vous arrangez à votre sauce et que vos groupies vont gober sans même en vérifier
la véracité. Et qu’ils utiliseront pour revendiquer des droits qu’ils n’ont pas
En France, le droit de propriété existe et violer ce droit est illégal, même si la justice ne condamne jamais ou presque les
auteurs de ces incivilités, c’est un mensonge de laisser croire que de pénétrer sur le terrain d’autrui sans son accord est légal.
Certains ne manqueront pas de vous prendre pour référence afin de s’octroyer le droit de pénétrer partout comme bon leur
semble et peut-être même de s’y sentir chez eux au point de contester les droits des propriétaires des lieux (celui de chasser par
exemple)
4 Il y a quelque temps, vous avez relayé un beau conte de fée. « Les loups de Yellow Stone »……On a lâché des loups à
Yellow Stone et tout a radicalement changé. Même le cours des rivières.
Mais vous savez très bien (j’espère) que tout ceci n’est qu’un tissu de mensonges impulsées par le livre de Farley Mowat. «
Never Cry Wolf »
Car l’ensemble du livre est une œuvre de fiction. Non seulement Mowat n’a aucune compétence dans le domaine de la biologie
du loup, mais en plus, selon lui il ne s’est jamais même donné la peine de se rendre à Yellowstone
J’espère que vous-même, êtes en personne, allé a Yellow Stone vérifier vos dires ; Que vous y avez discuté avec les rangers du
parc pour savoir comment sont « gérés » les loups qui s’approchent trop près des limites du parc. Cela dit, j’en doute ! Pour
avoir, moi-même, fait deux fois le déplacement, il m’a été donné de constater une réalité bien différente de ce que vous
cherchez à faire gober à votre auditoire.
Un éminent biologiste le DR Charlie KAY a très bien résumé le contexte «Bien que le livre soit une fraude scientifique, il est
étonnant de voir combien les gens croient encore son message »
Lors d’une émission télévisée, aux questionnements du Dr Kay sur la façon dont il justifiait son récit , après s’être excusé
publiquement, Mowat affirme que la fin ( La protection des loups) justifie les moyens,( le mensonge)
Et voilà comment nait une légende que quelques gourous comme vous exploitent pour manipuler leur auditoire de bisounours
naïfs
Dans un milieu déshumanisé très particulier et exempt d’élevage, laisser les loups jouer son rôle de régulateur est acceptable,
mais vouloir en faire un modèle général de société, dans n’importe quelles conditions, relève de la plus grande stupidité. C’est
pourtant ce que vous faites sciemment croire à tous vos fans.
A côté de cela, les loups sont en train de coloniser L’ensemble du territoire. dans quelques années ils seront aux portes de Paris.
Et là vous ferez quoi ? Peut-être envisagez-vous de demander à tous les franciliens d’aller habiter ailleurs pour faire place aux
loups…Un peu comme vous êtes en train de le faire avec les bergers
5) Votre publication sur les droits que vous prétendez avoir dans les forêts domaniales, outrés que vous étiez qu’un garde
puisse vous demander d’en sortir, Ce faisant, vous avez induit la confusion entre les notions « domaniale et public » Encore
une fois foutaise….
Les forêts domaniales font partie du domaine privé de l’état. C’est-à-dire que l’état y jouit des mêmes droits que n’importe quel
propriétaire privé, Y compris celui de vous interdire d’y pénétrer. Quand les droits (chasse ou bucheronnage) sont attribués par
des baux, les ayants droits peuvent s’en réserver l’accès. Et dans ces conditions, vous pouvez y être toléré mais vous n’avez
aucun droit à y revendiquer. Surtout pas celui de vous opposer à la décision d’un garde qui vous enjoindrait de quitter les lieux.
Vous avez pourtant par vos propos suggéré le contraire à votre auditoire.
6) Votre dernière intervention sur les brebis en stabulation pour fabriquer le roquefort.
On peut effectivement -être choqué pas ces conditions de vie et préférer voir des moutons vivre dans les estives…..Encore faut-
il à côté de cela, ne pas tout faire pour pourrir la vie des éleveurs en leur imposant le loup sans contrepartie. Vous êtes en train
de dénigrer des méthodes d’élevages que d’un autre côté vous faite tout pour favoriser.
7) Une dernière chose que j’aimerais éclaircir : Vous vous dites naturaliste soit ! Il existe une liste officielle des naturalistes
français. Le nom de Pierre Rigaux n’y figure pas. Est-ce une erreur, un regrettable oubli ou est-ce tout simplement que vous
usurpez un titre que vous ne possédez pas ?
J’arrête là, je pourrais moi aussi écrire un livre sur vos élucubrations. D’emblée je veux bien revenir sur le mot « mensonge »
mais dans ce cas tant d’inepties seraient imputables à de l’incompétence et d’ans un cas comme dans l’autre, mieux vaudrait
pour vous, d’éviter de jouer les maîtres à penser.
Votre seule elucu(cu)bration relative à la colonisation des loups, en votre point 4, annonçant leur proche (et angoissante ?) arrivée « aux portes de Paris » discrédite tout votre propos et leur rende ridiculo-comique.
Merci pour ce moment d’amusement 🙂